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Dernières Infos - Liban

"Je suis allé en Israël en tant que Français et PDG de Renault", affirme Ghosn en réponse à un journaliste

Carlos Ghosn lors de sa conférence de presse, à Beyrouth, le 8 janvier 2020. AFP / JOSEPH EID

Carlos Ghosn qui s'exprime mercredi à Beyrouth pour la première fois de manière publique depuis sa fuite rocambolesque du Japon le 29 décembre dernier où il fait l'objet de plusieurs inculpations de la part de la justice nippone, a affirmé qu'en 2008, il s'était rendu en Israël en tant que citoyen français et PDG de Renault, et non en tant que ressortissant libanais, sachant que le Liban est Israël sont techniquement toujours en état de guerre.

"Je ne me suis pas rendu en Israël en tant que citoyen libanais, mais en tant que PDG de Renault et en tant que citoyen français", a affirmé l'ancien PDG de Renault-Nissan, en réponse à une question du journaliste Maroun Nassif de la chaîne LBCI, lors d'une conférence de presse très attendue au siège de l'Ordre des journalistes à Beyrouth. Alors qu'il était encore président de Renault-Nissan, M. Ghosn s'était rendu en Israël en 2008 dans le cadre d'un partenariat pour le lancement d'une voiture électrique.

Trois avocats libanais ont déposé une note d'information pour collaboration avec Israël contre Carlos Ghosn, après l'arrivée de ce dernier au Liban, le 30 décembre dernier. Le magnat déchu de l'automobile a été convoqué par la justice libanaise et devra se présenter jeudi devant le procureur général près la Cour de cassation, Ghassan Oueidate, au palais de Justice de Beyrouth. Devant le juge Oueidate, Carlos Ghosn sera appelé à témoigner dans le cadre de deux affaires distinctes. Il sera tout d'abord entendu dans le cadre de l'enquête sur la "notice rouge" envoyée à la justice libanaise par le bureau d'Interpol au Japon. Les notices rouges sont des avis de recherche internationaux lancés sur demande des pays membres d'Interpol. Il n'existe toutefois pas d'accord d'extradition entre le Liban et le Japon. L'ancien patron automobile sera ensuite interrogé dans le cadre de la plainte déposée contre lui la semaine dernière par les trois avocats au sujet de son voyage en Israël.

Interrogé en outre sur un supposé entretien qu'il aurait eu à son arrivée à Beyrouth avec le président de la République, Michel Aoun, au palais de Baabda, M. Ghosn a éludé la question. "Je ne vais évoquer aucun des entretiens que j'ai eus", s'est-il contenté de dire.

L'ancien PDG de Renault-Nissan Carlos Ghosn a dénoncé mercredi un "coup monté" contre lui et s'est dit décidé à "laver son honneur", lors de sa première apparition publique à Beyrouth depuis sa fuite rocambolesque du Japon, où il est accusé de malversations financières. Devant un parterre de quelque 150 journalistes méticuleusement choisis par son équipe de communication, le capitaine d'industrie déchu, théâtral et doigt accusateur, l'a proclamé: "présumé coupable" par le système judiciaire japonais, il n'avait "d'autre choix" que de fuir face à des accusations "sans fondements". "J'étais otage" au Japon, a-t-il ajouté, arguant de son "innocence".

Interpellé en novembre 2018 à la descente de son jet privé au Japon, M. Ghosn avait été libéré sous caution en avril 2019, au terme de 130 jours de prison. Assigné à domicile, il avait interdiction de quitter le Japon dans l'attente d'un procès dont la date n'a pas été fixée, et de contacter son épouse Carole, visée désormais par un mandat d'arrêt de la justice japonaise. Détenteur des nationalités française, libanaise et brésilienne, il fait l'objet de quatre inculpations au Japon : deux pour des revenus différés non déclarés aux autorités boursières par Nissan (qui est aussi poursuivi sur ce volet), et deux autres pour abus de confiance aggravé.

Il est soupçonné de s'être enfui le 29 décembre en prenant un jet privé à l'aéroport international du Kansai, près d'Osaka (ouest du Japon), en compagnie de deux complices présumés, de nationalité américaine selon la télévision japonaise. Il aurait échappé aux contrôles en se cachant dans un caisson de matériel audio pour des concerts, selon des sources concordantes. Après une courte escale à Istanbul, le temps de changer de jet, il a atterri à l'aube du lundi 30 décembre au Liban, où il est entré "légalement", muni d'un passeport français et de sa carte d'identité libanaise.

Le Japon a dénoncé une évasion "injustifiable", tandis que le groupe automobile Nissan l'a qualifiée d'"extrêmement regrettable". L'affaire a pris une ampleur internationale et des enquêtes sont en cours au Japon et en Turquie, où M. Ghosn a fait escale.

M. Ghosn, ses proches et sa défense clament depuis le début son innocence et soutiennent qu'il a été victime d'un "complot" ourdi par Nissan pour le faire tomber, avec la complicité des autorités japonaises, car il s'apprêtait à organiser une fusion entre Renault et Nissan.

Nissan a déclaré mardi dans un communiqué que son enquête interne "solide et approfondie" avait permis de découvrir un nombre important de fautes graves commises par Carlos Ghosn à la tête du constructeur automobile. "Les faits démontrent que cette enquête n'a jamais eu pour but de découvrir la vérité; elle a été lancée et conduite dans le but prémédité d'abattre Carlos Ghosn pour l'empêcher de pousser plus loin l'intégration de Nissan et Renault, qui menaçait l'indépendance de Nissan, l'une des sociétés emblématiques du Japon", ont rétorqué les avocats de M. Ghosn dans un communiqué diffusé dans la nuit de mardi à mercredi.

Le Liban, qui n'a pas d'accord d'extradition avec le Japon, a reçu une demande d'arrestation d'Interpol. M. Ghosn pourrait être entendu par le parquet général, comme l'impose la procédure.

Carlos Ghosn qui s'exprime mercredi à Beyrouth pour la première fois de manière publique depuis sa fuite rocambolesque du Japon le 29 décembre dernier où il fait l'objet de plusieurs inculpations de la part de la justice nippone, a affirmé qu'en 2008, il s'était rendu en Israël en tant que citoyen français et PDG de Renault, et non en tant que ressortissant libanais, sachant que le...