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Idées - Appel

Accusations calomnieuses et violences en bandes organisées : que les autorités prennent leurs responsabilités !

l’écrivain et éditeur Lokman Slim.

Depuis plusieurs jours, l’écrivain et éditeur Lokman Slim fait l’objet d’une violente campagne calomnieuse mêlant menaces physiques et accusation de trahison. Le 12 décembre, « The hub », l’une des tentes actives au sein du soulèvement du 17 octobre aux réunions desquelles assiste régulièrement M. Slim, organisait une rencontre autour du thème : « La neutralité stratégique pour un renouveau au Liban ». Une telle rencontre s’inscrivait pleinement dans la vocation du hub, tel que promu par ses organisateurs – dont principalement l’universitaire Makram Rabah –, à savoir susciter des débats libres et ouverts afin d’opérer un rapprochement des points de vue, dans un pays où la revendication pour un changement du mode de gouvernance fait l’unanimité. Ces rencontres ont d’ailleurs connu un franc succès.

Or ce soir-là, des individus sont venus sur les lieux, dans le but déclaré de détourner le thème original du débat – la « neutralité stratégique », au profit d’un autre celui de la « normalisation stratégique » (avec Israël, NDLR) un terme utilisé à la fois comme une arme et comme une insulte. Bien que les organisateurs aient mis fin à la rencontre, ces individus ont entrepris de saccager le barnum puis d’y mettre le feu. Plus tard, ils s’en sont pris à la résidence familiale de Lokman Slim, où logent également sa mère et sa sœur, dans le quartier de Harat Hreik, à l’entrée de la banlieue sud de Beyrouth, et qui abrite les locaux de la maison d’édition Dar Al-Jadid et du centre de recherche et de documentation Umam. Dans le patio de la résidence, à une heure tardive, des individus se sont attroupés, proférant insultes et menaces. Au matin du 13 décembre, les habitants de la résidence, connue sous le nom de « Darat Slim », ont trouvé des autocollants placardés sur les murs extérieurs, accusant de collaboration le maître des lieux (« sioniste, sioniste ») et faisant l’apologie du meurtre (« gloire au silencieux »).


(Pour mémoire : Menaces de mort contre l’activiste Lokman Slim)

Ce n’est pas la première fois que l’éditeur libanais, connu pour son opposition à la caste politique au pouvoir, et notamment à ceux qui, en son sein, arriment le sort Liban et des Libanais à des projets régionaux, fait l’objet de propos diffamatoires. Il n’est pas non plus le seul, depuis le 17 octobre, à subir des accusations de traitrise et des menaces de mort. En outre, la campagne de terreur ne vise pas seulement des personnalités publiques, elle s’en prend, partout dans le pays, aux activistes engagés dans les contestations et qui vivent sous le contrôle de forces disposant de milices illégales. La situation est particulièrement tendue dans la banlieue sud de la capitale et dans le sud du pays, où les milices du Hezbollah et d’Amal exercent un contrôle étroit de la population. Les activistes et les membres de leurs familles subissent ainsi régulièrement des menaces pesant sur leurs moyens de subsistance. Leur loyauté au pays et celle de leurs sympathisants sont ouvertement mises en doute, ce qui donne lieu à des drames quotidiens, comme de voir leurs enfants insultés, voire tabassés dans les écoles. Parmi ces activistes, figure le résistant Ahmad Ismaïl, qui après avoir passé de nombreuses années dans les prisons israéliennes, a récemment été accusé de haute trahison pour avoir rejoint le mouvement de contestation contre un pouvoir politique placé sous la férule du Hezbollah.

Nous, journalistes, chercheurs, universitaires, professionnels du droit, de la création artistique et activistes dans la société civile, venant d’horizons intellectuels, géographiques et politiques divers, nous nous insurgeons vigoureusement contre ces pratiques couvertes par des forces influentes dans le pays, notamment celles du Courant Patriotique Libre, du Hezbollah et du mouvement Amal. Elles visent à faire taire le débat public, à étouffer les voix libres, à empêcher les activistes et les manifestants d’exprimer leur position, et ce en laissant libre cours à des bandes violentes qui saccagent les biens publics et privés, et profèrent des menaces, et dont tout indique qu’elles sont prêtes à passer au meurtre si des instructions leur sont données en ce sens. Nous condamnons sans ambiguïté ces agissements qui font fi des principes d’un Etat de droit que les Libanais revendiquent et que nous défendons.

Nous mettons les forces de l’ordre, dans leurs diverses composantes, devant leurs responsabilités, qui consistent avant tout à protéger les personnes et leurs biens, à préserver leur droit à la liberté d’expression conformément à la loi, et à faire barrage aux agressions verbales et physiques passibles de sanctions pénales.


(Lire aussi : L’uléma chiite anti-Hezbollah Ali al-Amine se défend de toute normalisation avec Israël)

Nous invitions les leaders des partis incriminés, et en particulier ceux du Courant Patriotique Libre, du Hezbollah et d’Amal, à s’engager explicitement, dans les discours publics comme dans les cercles privés, pour la non-violence à l’égard des manifestants pacifiques. Car la révolution du Liban est celle de tous, et elle ne peut le rester que dès lors que la violence utilisée pour faire taire l’autre est écartée.

Devant l’accélération des événements depuis la nuit des « Chemises noires » du 14 décembre, qui a fait des dizaines de blessés, du fait des actes de violence commis par les bandes organisées et certains éléments des forces de l’ordre contre les manifestants pacifiques, nous insistions sur la nécessité et l’urgence d’une intervention efficace de la justice. Nous demandons aux forces de l’ordre d’assurer la protection de la résidence familiale de Lokman Slim, et de faire le nécessaire pour identifier les auteurs des agressions, de même que nous leur demandons tout aussi expressément de mettre les auteurs des actes de violences contre les manifestants pacifiques face à leurs responsabilités et de les traduire devant la justice.

Liste des signataires :

Abbas Awadah, ONG, Liban

Abdel Ghani Alkabbaj, ancien prisonnier politique, Maroc

Abdel Kader Alchawi, critique et écrivain, Maroc

Abdel Muttaleb Albakri, activiste politique, Brésil

Abdel Rahman Alkora, dentiste, Liban

Abdel Rahman Altourani, journaliste, Maroc

Abdel Rahman Ayas, journaliste, Liban

Abdel Wahhab, Badrakhan, journaliste, Liban

Abel Kader Kheichi, journaliste, France

Adib Saab, activiste, Allemagne

Adlat Slim, retraitée, Liban

Akl Al-Awit, écrivain, Liban

Akram Arawi, ingénieur, Liban

Ali Al-Amine, journaliste, Liban

Altijaniyyah Fartat, activiste, Tunis

Amer Soubra, informaticien, Liban

Amer Tewfiq Slim, imprimeur, Liban

Ammar Abd Rabbo, photographe, Liban

Anis Abou Diab, universitaire, Liban

Anouar Hila, dentiste, Liban

Antoine Courban, universitaire, Liban

Asaad Haïdar, journaliste, Liban

Ayman Charrouf, journaliste, Liban,

Azza Charara Baydoun, universitaire et écrivain, Liban

Badreddine Arodaki, écrivain et traducteur, France

Bassam Tayyarah, universitaire

Bilal Khoubbeiz, journaliste, Liban

Chadi Alaeddine, journaliste, Liban

Charbel Dagher, universitaire, Liban

Charif Majdalani, écrivain, Liban

Charifa Khadra, ONG, Algérie

Chaza Charafeddine, artiste, Liban

Chibli Mallat, avocat, Liban

Diana Moukalled, journaliste, Liban

Edmond Rabbath, bloggueur, Liban

Elie Hajj, journaliste, Liban

Elisabeth Haddah, activiste

Fadhel Sulatni, journaliste, Irak

Fadi Tawfiq, écrivain, Liban

Fadi Walid Akoum, journaliste et écrivain, Égypte

Farès Sassine, universitaire, Liban

Farouk Mardam Bey, éditeur, Liban

Fatima Houhou, journaliste, Liban

Fayçal Sultan, critique et artiste, Liban

Fidaa Attar Alieh, activiste, Liban

Fidaa Itani, journaliste, Liban

Fouad Hamdan, activiste, Allemagne

Georges Nassar, ingénieur, Liban

Ghassan Al-Ayyash, économiste, Liban

Habib Srouri, écrivain, France

Hakima Sabaihi, universitaire, Algérie

Hana Jaber, chercheuse, France

Hani Hatab, journaliste, Liban

Hanin Ghaddar, journaliste, États-Unis

Hassan Merii, activiste, Liban

Hazem Al-Amin, journaliste, Liban

Hazem Saghieh, journaliste, Liban

Hind Darwich, éditrice, Liban

Hussam Eddine Darwich, écrivain, Allemagne

Hussam Itani, journaliste, Liban

Idriss El-Sghir, écrivain, Maroc

Iman Humaydan, écrivain, Liban

Inaam Kachachi, romancière, France

Indira Matar, journaliste, Liban

Issa Makhlouf, auteur et poète, France

Issam Khafaji, universitaire, Pays-Bas

Jabbour Douaihy, universitaire et romancier, Liban

Jacko Restikian, universitaire et artiste, Liban

Jamil Daher, journaliste, Liban

Jamil Mroueh, journaliste, Liban

Jean-Pierre Franjieh, avocat, Liban

Jean-Pierre Katrib, activiste, Liban

Joseph Badawi, journaliste, Liban

Joumana Haddad, écrivain, Liban

Kamal Tarabeih, Journaliste, France

Kazem Khanjar, poète, Irak

Khaled Ezzi, journaliste, Liban

Khamis Al Khayati, journaliste, Tunisie

Larbi Benjelloun, écrivain, Maroc

Lina Abyadh, metteur en scène, Liban

Louis Tannnoury, activiste, Liban

Maha Sultan, critique d’art, Liban

Mahmoud Abdelghani, universitaire, Maroc

Majid Humaydan, ingénieur, Australie

Makram Rabah, universitaire, Liban

Marina Elhajj, musicienne, Grande-Bretagne

Marwan Abi Samra, chercheur, Liban

May Abdallah, journaliste, Liban

Michel Hajji Georgiou, journaliste, Liban

Miloud Yabrir, médecin et écrivain, Liban

Mohamad Sweid, réalisateur, Liban

Mohammad Ahmad Shuman, chercheur et traducteur, Liban

Mohammad Al-Alami, journaliste, USA

Mohammad Bentalha, poète, Maroc

Mohammad Berro, activiste, Liban

Mohammad Saleh Abou Alhamayel, écrivain, Liban

Mohammd Boulaïsh, activiste, Maroc

Mona Ghandour, écrivain et réalisatrice, Liban

Mona Ghazal, enseignante, Brésil

Mona Jahamy, enseignante,Liban

Moustapha Arnaout, ingénieur, Liban

1Mustapha Fahs, journaliste, Liban

Nabil Abdel Fattah, journaliste, Égypte,

Nabil Al-Bakili, éditeur, Canada,

Nacer Djabi, chercheur, Algérie,

Nada Sattouf, universitaire, Liban

Naëla Karameh Majdalani, psychothérapeute, Liban

Najemeddine Khalaf, universitaire, Tunisie

Najwa Barakat, écrivain, Liban

Nashwan Atassi, ingénieur, France

Nasri Hajjaj, réalisateur et écrivain, Autriche

Nassim Alwan, conteuse, Liban

Nidal Abou Chahin, bloggueur, Liban

Omar Harqous, journaliste, Liban

Omar Kaddour, journaliste, France

Paul Tabar, universitaire, Liban

Rafif Fattouh, écrivain, France

Rayan Aoukar, ingénieur, USA

Raymond Haddad, universitaire, France

Richard Chamoun, avocat, Liban

Rouba Kabbara, journaliste, Liban

Roula Al-Hussein, écrivain, Liban

Roula Koraitem, médecin, Liban

Sahar Khatib, journaliste, Liban

Saïd Soussan, écrivain et artiste, Maroc

Salam Kawakibi, chercheur, France

Salim Mouzannar, styliste et activiste, Liban

Salma Harb, activiste, Liban

Sami Daoud, journaliste, Liban

Samir Douaihy, journaliste, Liban

Samir Ghosn, enseignant et activiste, Liban

Simon Nassar, journaliste, Paris,

Sobhi Hadidi, écrivain et journaliste, France

Souha Tarraf, chercheuse, France

Talal Jaber, activiste, Liban

Talal Tohme, journaliste, Liban

Toni Francis, journaliste, Liban

Walid Shmeit, journaliste, France

Wissam Saadeh, journaliste, Liban

Yacine Chibli, journaliste et écrivain, Liban

Yehia Jaber, poète et homme de théâtre, Liban

Yousra Mokaddem, écrivain, Liban

Youssef Bazzi, journaliste, Liban

Youssef Chams, activiste, Liban

Youssef Haïdar, architecte, Liban

Youssef Mouawwadh, avocat, Liban

Ziad Dandane, journaliste, Liban



Depuis plusieurs jours, l’écrivain et éditeur Lokman Slim fait l’objet d’une violente campagne calomnieuse mêlant menaces physiques et accusation de trahison. Le 12 décembre, « The hub », l’une des tentes actives au sein du soulèvement du 17 octobre aux réunions desquelles assiste régulièrement M. Slim, organisait une rencontre autour du thème : « La neutralité stratégique...

commentaires (8)

Bravo le Hezbollah ils intimident même .les chiites , ils prennent les ordres des Ayattollahs.

Eleni Caridopoulou

19 h 49, le 26 décembre 2019

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Commentaires (8)

  • Bravo le Hezbollah ils intimident même .les chiites , ils prennent les ordres des Ayattollahs.

    Eleni Caridopoulou

    19 h 49, le 26 décembre 2019

  • " Nous invitions les leaders des partis incriminés, et en particulier ceux du Courant Patriotique Libre, du Hezbollah et d’Amal, à s’engager explicitement, dans les discours publics comme dans les cercles privés, pour la non-violence à l’égard des manifestants pacifiques. Car la révolution du Liban est celle de tous, et elle ne peut le rester que dès lors que la violence utilisée pour faire taire l’autre est écartée." Il n'y a rien à ajouter. C'est la clé de l'unique solution au problème de l'opression. Demander une protection policière serait une illusion et une privation de liberté.

    Citoyen

    12 h 44, le 21 décembre 2019

  • une campagne pernicieuse de la part du Hezbollah contre tous ceux qui l'opposent surtout les intellectuels Chiites.Quand on manque d'arguments on a recours aux calomnies.Selon cette politique il est interdit aux Chiites de critiquer le hezbollah ou de s'engager dans des debats rationels qui peuvent mettre en cause le role de ce hezb au sein de la communaute Chiite en particulier et le Liban en general.

    EL KHALIL ABDALLAH

    12 h 28, le 21 décembre 2019

  • une campagne pernicieuse de la p

    EL KHALIL ABDALLAH

    12 h 20, le 21 décembre 2019

  • VOUS PENSEZ QUE HASSAN DIAB VA NETTOYER TOUS CES MILICES À BERRI ?

    Gebran Eid

    11 h 11, le 21 décembre 2019

  • Vive la république défendue par des intellectuels contre ces obscurantistes qui croient qu'en possédant des armes et des voyous arriveraient à faire taire un peuple qui a affronté bien pire et qui ne peut que triompher face à la barbarie et à la traîtrise. Ils accusent toute personne qui ose réclamer une pacification des relations avec Israël tout en conservant les droits du pays et de ses frontières car si cela arrive leur présence et leurs armes n'auront plus aucune utilité sur le sol libanais pour défendre les intérêts des ennemis du Liban. Persévérons jusqu'à aboutir à faire du Liban un pays pacifique et neutre comme l'ont fait les suisses et rebaptisons notre pays sur des bases solides de paix et de neutralité pour pouvoir enfin permettre à son peuple de vivre et de jouir d'une tranquillité intérieure et dormir sur ses deux oreilles. Les calmants et les somnifères ne faisant plus leur effet puisque nous avons tous développer une résistance à ces molécules depuis le temps qu'on les gobe sans parler des maladies poste traumatiques qui handicapent tous les libanais sans distinction y compris ceux qui ont fui ce pays depuis plus de 20 ans. Puisque les guerres n'ont produit aucun effet positif sur notre sol, pourquoi ne pas essayer la paix? La Jordanie et l'Egypte l'ont adopté et se portent a merveille. Pourquoi pas nous?

    Sissi zayyat

    11 h 07, le 21 décembre 2019

  • ILS NE SAVENT QU,INTIMIDER ET MENACER. LES DEUX ARMES DE CEUX QUI ONT TOUJOURS TORT.

    JE SUIS PARTOUT CENSURE POUR AVOIR BLAMER GEAGEA

    08 h 42, le 21 décembre 2019

  • BRAVO! car grande est la force de l'exemple et essentielle la prise de position de personnalités conscientes ,engagées et mues par le seul bien du pays;J.P

    Petmezakis Jacqueline

    06 h 38, le 21 décembre 2019

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