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À La Une - Crise

Négociations et passe d'armes en Irak avant la date butoir pour désigner le Premier ministre

Pour le futur gouvernement, il faudra départager les tendances divergentes au Parlement en faisant basculer d'un côté ou de l'autre les minorités kurde et sunnite, qui rallient généralement à la dernière minute le front le plus fort.

Des manifestants irakiens rassemblés sur la place Tahrir à Bagdad, le 16 décembre 2019. Photo AFP / SABAH ARAR

Les partis politiques irakiens négocient encore lundi le nom du futur Premier ministre, que le président Barham Saleh s'est engagé à proposer au vote du Parlement au plus tard jeudi, face à des manifestants intransigeants sur la refonte complète du système.

Lundi, M. Saleh et le numéro deux de l'Assemblée se sont livrés à une passe d'armes. Le premier a demandé au Parlement de désigner clairement sa majorité, afin de faire émerger un nouveau chef de gouvernement de la "plus grande coalition" comme le réclame la Constitution, au plus tard jeudi.

Par retour de courrier, le numéro deux du Parlement, un proche du turbulent leader chiite Moqtada Sadr, arrivé premier aux législatives de 2018 et qui dit désormais ne plus vouloir participer aux négociations politiques, l'a sèchement tancé. "La plus grande coalition a déjà été annoncée en octobre 2018 et c'est sur cette base que vous aviez désigné le Premier ministre démissionnaire Adel Abdel Mahdi", a-t-il écrit dans une lettre officielle consultée par l'AFP.

Problème : l'année dernière, face au Parlement le plus éclaté de l'histoire récente de l'Irak, la classe politique avait évité l'épineuse question de la "plus grande coalition" au Parlement. M. Saleh avait désigné quelques minutes après son élection M. Abdel Mahdi, un indépendant sans base partisane ni populaire, assez consensuel pour satisfaire toutes les tendances et former un gouvernement avec un tandem baroque.

D'un côté, Moqtada Sadr, de l'autre, les paramilitaires pro-Iran du Hachd al-Chaabi, arrivés en seconde position aux législatives. Déjà branlant, l'attelage a cédé en octobre alors que débutaient les manifestations : le premier a pris le parti des protestataires alors que les seconds voient dans les défilés un "complot" de l'étranger. Pour le futur gouvernement, il faudra départager ces tendances divergentes au Parlement en faisant basculer d'un côté ou de l'autre les minorités kurde et sunnite, qui rallient généralement à la dernière minute le front le plus fort.


(Lire aussi : Algérie, Irak, Liban : la question du compromis)



Satisfaire la rue et l'Iran

Il faudra aussi trouver un Premier ministre acceptable aux yeux des milliers de manifestants qui, depuis deux mois et demi, sont mobilisés contre le pouvoir et son parrain iranien et rejettent par avance tout politicien issu du "système corrompu" en place depuis la chute de Saddam Hussein en 2003.

Le nouveau chef du gouvernement devra en outre avoir l'aval du puissant voisin iranien, de plus en plus influent en Irak, à un point tel que c'est le général Qassem Soleimani des Gardiens de la révolution --l'armée idéologique d'Iran-- qui supervise les négociations.

Le mouvement de contestation, durement réprimé, a déjà donné lieu à quelque 460 morts et 25.000 blessés. Il a tout de même réussi à obtenir le 1er décembre la démission d'Adel Abdel Mahdi, qui continue à gérer les affaires courantes jusqu'à la désignation de son successeur.

Plusieurs noms circulent déjà, dont celui de Mohammed al-Soudani, 49 ans, ancien ministre et ex-gouverneur d'une province du Sud aujourd'hui en proie aux manifestations et aux violences. Tous sont d'ores et déjà rejetés par les manifestants qui exigent un candidat "indépendant", "non corrompu" et n'ayant pas été mêlé aux affaires depuis 2003. "Il y a un grand risque que la candidature de M. Soudani soit rejetée" par les députés, abondent plusieurs sources politiques auprès de l'AFP.

"Le président Barham Saleh parie sur ce rejet, alors il pourra présenter le candidat de son choix", sans avoir besoin de l'aval du Parlement cette fois, selon la Constitution, ajoutent-elles.

Outre le poids du mouvement de protestation et de l'Iran, les négociations sont d'autant plus ardues que le grand ayatollah Ali Sistani, 89 ans, figure tutélaire de la politique en Irak, s'est dissocié du processus de désignation du Premier ministre.

Celui qui passe pour avoir fait et défait tous les gouvernements d'Irak depuis 2003 a déclaré il y a dix jours qu'il entendait cette fois-ci ne jouer "aucun rôle", souhaitant simplement que la nomination du nouveau Premier ministre se fasse sans "ingérence étrangère".


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