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Liban - Drame

La mort de deux adolescents dans l’effondrement du plafond d’un vieil immeuble enflamme Mina

Les habitants de la ville se soulèvent contre le président du conseil municipal.

Une partie de l’immeuble est devenue en quelques secondes un amas de pierres.

Tripoli, la capitale du Liban-Nord et star de la révolution, est endeuillée. La ville côtière de Mina, dans le caza de Tripoli, a été hier le théâtre d’une véritable tragédie. Dans la nuit de lundi à mardi, deux jeunes ont trouvé la mort dans l’effondrement d’un pan du plafond de leur vieille demeure dans le quartier al-Andalous. Il s’agit de Rama Kakhiya, 19 ans, et de son frère Abdel Rahmane, âgé d’une vingtaine d’années. Leurs dépouilles mortelles ont été retirées de sous les décombres après plusieurs heures d’efforts de déblayage, pendant lesquelles des habitants de la ville ont aidé la défense civile, l’armée et les Forces de sécurité intérieure déployées sur les lieux. Leurs parents, qui dormaient dans la chambre à côté, n’ont rien eu.

Cet incident a provoqué la colère des habitants de Mina et de Tripoli. Après l’enterrement des deux victimes, de nombreuses personnes ont organisé un rassemblement de protestation devant le siège de la police municipale de Mina et se sont ensuite rendues devant la municipalité, où elles ont renversé des conteneurs de déchets et tenté de forcer l’accès au bâtiment. Les manifestants, qui accusent les responsables municipaux de négligence, ont lancé des pierres, saccagé plusieurs bureaux dont un a été incendié.

Plus tard dans la journée, les protestataires ont fermé plusieurs routes de la localité. Ainsi, le rond-point Mina, ainsi que les routes menant au rond-point al-Marj ont été bloqués à l’aide de pneus en feu. Des échauffourées ont eu lieu entre les manifestants et l’armée qui tentait de rouvrir les routes et qui a dû faire usage de gaz lacrymogènes faisant des asphyxiés dans les rangs des protestataires. Selon un communiqué des unités de secours et d’urgence de l’Association médicale islamique, les échauffourées entre l’armée et les manifestants ont fait quinze blessés, dont trois qui ont été transportés dans les hôpitaux de la ville.

Les deux victimes, de mère libanaise et de père syrien, vivaient dans cette maison familiale avec leurs parents et leur fratrie. La famille, qui avait perdu il y a environ trois ans un fils alors âgé de 16 ans dans un accident de la route, occupait en location le rez-de-chaussée de ce bâtiment vétuste et délabré, composé de deux étages. Le premier étage n’est doté ni de fenêtres ni de plafond. Il était dans un état désastreux. Selon un responsable de la municipalité de Mina ayant requis l’anonymat, les propriétaires de cet immeuble de caractère auraient retiré depuis quelques mois les fenêtres de l’étage supérieur, ainsi que des arcades, pour le déclasser.

« Cette mesure a affaibli davantage les piliers de soutènement de l’immeuble », a-t-il ajouté. Selon cette même source, c’est surtout l’étage supérieur qui se trouvait dans un état désastreux et qui nécessitait des travaux de restauration. Et le responsable de clarifier : « Nous n’avions pas reçu de requête officielle de restauration de la part de la famille Kakhiya, il est vrai, mais cela ne dédouane en rien la municipalité qui ne recense pas les immeubles qui risquent de s’effondrer en vue de trouver une solution à ce dossier. »

Vers l’aube, une partie de cet immeuble était devenue un amas de pierres. Parmi les débris, il y avait un fauteuil, un jouet et une poussette recouverts de poussière. Seule la photo de Mahmoud, le fils que les Kakhiya ont perdu il y a quelques années, a gardé ses couleurs. Dorénavant, celles de Rama et de Abdel Rahmane viendront s’ajouter à elle, là où leurs parents devront s’installer.

Une municipalité rongée par la corruption

Pour Samer Annous, activiste originaire de Mina, « la municipalité devrait recenser les anciens immeubles qui risquent de s’effondrer, les restaurer ou du moins prévenir les habitants du risque qu’ils encourent ». M. Annous déplore la négligence constatée à cet égard et critique plus particulièrement le président du conseil municipal, Abdel Kader Alameddine, « qui occupe son poste depuis 42 ans et qui est en même temps le chef de la police de Mina ».

Il dénonce un conflit d’intérêts, également décrié par les manifestants qui ont exigé la démission de Alameddine lui lançant des injures lors de leur marche dans la ville. L’affaire a secoué le conseil municipal, et jusqu’à présent, seul Abdel Rahmane Labdé, un de ses membres, a officiellement présenté sa démission, alors que six autres ont appelé Alameddine à démissionner. Selon M. Annous, « les membres du conseil municipal s’abstiennent de démissionner pour empêcher que le mohafez du Liban-Nord, Ramzi Nohra, qu’ils critiquent également, ne préside la municipalité conformément à la loi ». « Ils sont en train de faire pression sur Alameddine pour qu’il démissionne seul et pour que son vice-président prenne la relève », dit-il.



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commentaires (2)

IL Y A ENCORE DES DIZAINES DE TRES VIEUX IMMEUBLES PAREILS A EL MINA. FAUT S,EN OCCUPER.

LA LIBRE EXPRESSION

09 h 13, le 11 décembre 2019

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Commentaires (2)

  • IL Y A ENCORE DES DIZAINES DE TRES VIEUX IMMEUBLES PAREILS A EL MINA. FAUT S,EN OCCUPER.

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 13, le 11 décembre 2019

  • Parions que le propriétaire de ce taudis touchait un loyer...? Personne pour demander des comptes à ce criminel, principal responsable de la mort de deux personnes ? Irène Saïd

    Irene Said

    08 h 36, le 11 décembre 2019

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