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Sport - Dopage

La Russie mise au ban du monde sportif pour quatre ans

Le pays a 21 jours pour faire appel devant le Tribunal arbitral du sport. Appel qui serait alors suspensif de la décision prise hier par l’Agence mondiale antidopage.

Dans l’entrée du quartier général du Comité olympique russe, où est représentée la mascotte des JO de 1980, organisés à Moscou. Alexander Nemenov/AFP

Des sanctions historiques : l’Agence mondiale antidopage (AMA) a exclu hier la Russie des Jeux olympiques pour quatre ans et de la Coupe du monde 2022 de football au Qatar pour punir Moscou d’avoir récidivé dans la triche en falsifiant des données de contrôles antidopage.

Des sportifs admis, mais sous « drapeau neutre », pas de drapeau russe ou d’hymne aux JO et à tout championnat du monde, interdiction d’accueillir ce type de compétitions sur son sol : à l’issue d’une réunion expédiée en une heure dans un grand hôtel de Lausanne, en Suisse, le comité exécutif de l’AMA a confirmé la suspension de l’Agence russe antidopage (Rusada) et les sanctions que lui recommandait son Comité de révision de la conformité (CRC). Il ne pourrait s’agir que d’une étape car Moscou, via Rusada ou son Comité national olympique, ainsi que les fédérations internationales peuvent faire appel pendant 21 jours devant le Tribunal arbitral du sport (TAS), qui aurait le dernier mot. L’appel serait alors suspensif.

Cette exclusion relève d’une « hystérie antirusse », a aussitôt jugé le Premier ministre russe, Dmitri Medvedev, tout en reconnaissant des « problèmes sérieux » de dopage dans le sport russe. « Toutes ces décisions se répètent contre des sportifs qui ont déjà été punis (...), ce qui fait penser à la poursuite d’une hystérie antirusse devenue chronique », a-t-il ainsi déclaré, cité par les agences de presse russes. M. Medvedev a dit souhaiter que les « instances sportives compétentes » russes fassent appel de la décision de l’AMA, même s’il est « clair qu’il y a de sérieux problèmes de dopage au sein de notre monde sportif ». « C’est un moyen d’écarter la concurrence russe du sport mondial (...). Il est essentiel que nous rétablissions nos droits » en faisant annuler la décision de l’AMA, a réagi le vice-président de la Douma, la Chambre basse du Parlement russe, Petr Tolstoï. Mais le directeur général de Rusada, Iouri Ganous, très sévère contre ses propres autorités, qu’il soupçonne d’être derrière la manipulation des données, s’est montré pessimiste. « Il n’y a aucune chance de gagner devant un tribunal », a-t-il déclaré.

Cinq ans de tromperie

« La Russie a eu toutes les occasions de mettre de l’ordre dans ses affaires et de se joindre de nouveau à la communauté antidopage mondiale pour le bien de ses sportifs et de l’intégrité du sport, mais elle a choisi de continuer dans sa position de tromperie et de déni », a déclaré de son côté le président de l’AMA, Craig Reedie, dans un communiqué de l’agence.

« Les sportifs russes, s’ils veulent participer aux Jeux olympiques ou paralympiques ou tout autre événement majeur figurant dans les recommandations, devront démontrer qu’ils ne sont pas impliqués dans les programmes de dopage décrits par les rapports McLaren ou que leurs échantillons n’ont pas été falsifiés », a expliqué un porte-parole de l’AMA, James Fizgerald. Dans ce cas, ces sportifs ne pourraient pas représenter la Russie, dont ni le drapeau ni l’hymne n’auront droit de cité durant ces compétitions. Peu après la confirmation des sanctions, les patrons de plusieurs fédérations sportives russes, cités par les agences de presse de leur pays, se sont dit prêts à envoyer des délégations sous drapeau neutre aux Jeux olympiques.

L’affaire empoisonne le sport international depuis cinq ans et les premières révélations sur un dopage institutionnalisé en Russie entre 2011 et 2015, impliquant plusieurs rouages de l’État, dont le ministère des Sports et le service secret FSB, selon plusieurs enquêtes internationales, dont les rapports du juriste canadien Richard McLaren commandés par l’AMA. Depuis fin 2015, les compétitions internationales en athlétisme n’acceptent déjà plus que des sélections de sportifs russes « neutres », sans les couleurs du pays. Le drapeau blanc, bleu et rouge n’a pas non plus été hissé aux Jeux olympiques d’hiver 2018 de Pyeongchang.

Début 2019, la remise de milliers de données brutes de contrôles antidopage, stockées dans les serveurs de l’ancien laboratoire de Moscou, aurait dû clore l’affaire. Ce geste de transparence, exigé par l’AMA, devait lui permettre de lever le voile sur des contrôles positifs camouflés au sein du laboratoire et monter des dossiers disciplinaires contre des sportifs russes. Mais les experts informatiques missionnés par l’AMA ont découvert que « des centaines » de résultats suspects avaient été effacés de ces données, pour certains entre décembre 2018 et janvier 2019, juste avant leur remise par les autorités russes au gendarme mondial antidopage. Cette faute de plus, qui s’ajoute à un passif déjà lourd, a suffi à convaincre à l’unanimité le comité exécutif de l’AMA, composé à parts égales de représentants des États et du mouvement olympique. D’autres voix, notamment celles du patron de l’antidopage américain, Travis Tygart, ou des membres du comité des sportifs de l’AMA, s’étaient élevées pour réclamer des sanctions plus sévères, comme une interdiction totale de participation des athlètes russes aux JO.

Clarifications pour le football

De son côté, la Fédération internationale de football association (FIFA) a émis hier la volonté de « clarifier les conséquences » sur les compétitions de football de la suspension de la Russie, notamment le Mondial 2022. « La FIFA a pris note de la décision du comité exécutif de l’Agence mondiale antidopage, a indiqué un porte-parole de l’institution. Elle est en contact avec l’AMA et l’Asoif – l’association des fédérations olympiques – afin de clarifier les conséquences de cette décision sur les compétitions de football. » En effet, si dans les sports individuels la question ne se pose pas, les sportifs russes « propres » pouvant participer sous drapeau « neutre », elle est épineuse pour les sports collectifs, et notamment la prochaine Coupe du monde de football en 2022 au Qatar. La Russie pourrait-elle en être exclue ou y participer sous drapeau et maillot neutres ?

L’AMA a aussitôt répondu aux interrogations de la FIFA, précisant que la Russie pourra participer aux qualifications à la Coupe du monde, mais pas en tant que telle à la phase finale de la compétition. « Pour les qualifications au Mondial 2022, il n’y aura pas de conséquences, les recommandations ne s’appliquent pas », a expliqué le directeur général de l’AMA, Olivier Niggli. « La décision s’applique à la phase finale de la Coupe du monde parce qu’elle décide du titre de champion du monde », a ajouté Jonathan Taylor, président du CRC de l’AMA. « Si les Russes se qualifient, une équipe représentant la Russie ne peut pas participer au Mondial au Qatar. Mais ils peuvent faire une demande pour participer comme équipe neutre », a ajouté M. Taylor. « Les questions d’uniforme ou autres seront définies soit par nous, soit par le TAS », a complété M. Niggli.

Quant à l’Euro 2020 de football, dont quatre matches se dérouleront à Saint-Pétersbourg, il n’est pas concerné par les sanctions envers la Russie puisqu’il n’a pas le statut d’« événement majeur » aux yeux de l’AMA.

Source : AFP

Des sanctions historiques : l’Agence mondiale antidopage (AMA) a exclu hier la Russie des Jeux olympiques pour quatre ans et de la Coupe du monde 2022 de football au Qatar pour punir Moscou d’avoir récidivé dans la triche en falsifiant des données de contrôles antidopage.Des sportifs admis, mais sous « drapeau neutre », pas de drapeau russe ou d’hymne aux JO et à tout...

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