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Liban - Manifestations

Devant le siège de l’UE, des partisans du CPL réclament le départ des réfugiés

À quelques mètres de là, un contre-rassemblement dénonçait des slogans « racistes et xénophobes ».

« Tout ce que je voudrais pour Noël est de vous voir rentrer chez vous », peut-on lire sur cette pancarte brandie par ce manifestant lors d’un rassemblement appelant au retour des réfugiés syriens hier devant le siège de l’UE. Photo ANI

Quelques dizaines de partisans du Courant patriotique libre, brandissant des drapeaux libanais, en majorité des femmes, se sont rassemblés hier devant le siège de la délégation de l’Union européenne à Beyrouth, dans le centre-ville, afin de réclamer le « retour rapide et en toute dignité des réfugiés et déplacés du pays ». Et ce alors qu’un contre-rassemblement, à quelques mètres de là, dénonçait des slogans « racistes et xénophobes ».

Si les manifestants revendiquaient leur indépendance vis-à-vis des partis politiques, l’appel à manifester du CPL-section Kahalé sur sa page Facebook était clair. « Cette manifestation sous le slogan Damj is Damage (l’intégration fait des dégâts) dit non à l’intégration de nos frères syriens dans la société libanaise de manière orchestrée (…) et oui à leur rapatriement », affirme l’appel qui précise que « l’événement est soutenu de manière indirecte par le CPL ». Selon l’Agence nationale d’information (ANI), l’appel à manifester a été initié par le mouvement Lebanon Uprise 2019, qui se présente comme «un groupe de Libanais indépendants qui croient que le Liban est un État de droit et une destination finale pour ses ressortissants ».

« Nous ne voulons pas de peuple au Liban autre que le peuple libanais », ont scandé les manifestants, affirmant que le pays ne peut plus supporter le poids des réfugiés. « Nous voulons manger, vivre et que les réfugiés rentrent chez eux. Nous ne voulons au Liban que le peuple libanais », ont-ils encore dit. « Les Libanais sont devenus des réfugiés dans leur propre pays », déplorait une autre manifestante.

« Qui a causé la dette publique ? Les réfugiés ou les dirigeants imbéciles ? » criaient de l’autre bord les contre-manifestants, qui affirment que la crise actuelle que connaît le pays n’est pas le résultat de la présence des réfugiés.

Contactée par L’Orient-Le Jour pour plus de précisions, la vice-présidente du CPL pour les affaires politiques, May Khoreiche, a confirmé la participation de partisans du CPL à la manifestation appelant au rapatriement des réfugiés du Liban. Elle a nié, en revanche, que le sit-in ait été organisé par le parti au pouvoir. « Cette manifestation a été organisée par un groupe de dames de la société civile et nous y avons participé parce que la question des réfugiés syriens figure parmi nos priorités, d’autant qu’elle a été oubliée par la révolte populaire », a-t-elle dit, tout en promettant « de prochains mouvements organisés par le CPL », liés au refus de l’intégration des réfugiés au Liban. « Nous avons été accusés de xénophobie. Or il ne s’agit ni de xénophobie ni de racisme, mais d’une priorité économique, vu la pression que représentent les réfugiés syriens sur l’économie libanaise », a-t-elle souligné, précisant que les réfugiés syriens peuvent se réinstaller dans des zones sûres en Syrie.

Le rapatriement des réfugiés syriens est un des thèmes de prédilection du courant aouniste et de son chef, Gebran Bassil, qui estime que la plus grande partie du territoire syrien est désormais sûre, ce qui justifierait un retour massif des réfugiés.Réagissant à ces rassemblements, l’UE a affirmé dans un communiqué qu’elle « n’a jamais préconisé l’implantation ou l’intégration des réfugiés syriens au Liban. Nous sommes d’accord avec nos homologues libanais pour dire que le séjour des réfugiés syriens au Liban est temporaire. Nous sommes également d’accord sur le fait que leur retour doit se faire tant qu’il est volontaire, digne, sécurisé et en accord avec le droit international », a ajouté le communiqué. Une délégation des manifestants antiréfugiés était censée transmettre une lettre à l’ambassadeur de l’UE au Liban, Ralph Tarraf, afin de lui faire part de leurs revendications.


(Lire aussi : Contes et légendes de famille, l'édito de Issa GORAIEB)


TVA, BDL, EDL : sit-in ciblés

Par ailleurs, des groupes de manifestants antipouvoir ont tenu plusieurs sit-in hier matin devant des administrations publiques à travers le pays, dans le cadre de la 44e journée de la révolte populaire. Quelques dizaines de protestataires ont ainsi bloqué tôt le matin et pour quelques heures, l’entrée au bâtiment de la direction de la TVA, située sur la corniche du Fleuve, à proximité du Palais de justice de Beyrouth. « Révolution ! », scandaient plusieurs d’entre eux qui voulaient empêcher les fonctionnaires de regagner leurs bureaux. Ces derniers ont toutefois réussi à y pénétrer depuis l’arrière du bâtiment.

À Zahlé, dans la Békaa, un groupe de manifestants se sont regroupés devant la branche de la Banque du Liban, pour exprimer leur mécontentement face à la chute du cours de la livre libanaise qui avait atteint jeudi le pic de 2 300 livres pour un dollar.

À Nabatiyé, au Liban-Sud, des protestataires de la localité et de celle, voisine, de Kfar Remmane ont également manifesté devant la branche locale de la BDL, protestant contre la hausse du taux de change du dollar. Les manifestants se sont ensuite rendus en procession jusqu’au sérail de Nabatiyé et devant les différentes banques, scandant des slogans contre « la politique de faillite » des établissements bancaires. Des protestataires ont également pénétré dans plusieurs banques privées dans la région, afin de crier leur colère. À Mazboud, dans l’Iqlim el-Kharroub, des protestataires se sont rassemblés devant le siège d’Électricité du Liban, forçant les employés à évacuer leurs bureaux.

À Saïda enfin, des centaines de manifestants ont défilé en soirée, au son des casseroles qu’ils tapaient avec des ustensiles, dans les rues de la ville, avant de se rassembler devant la branche de la Banque centrale.


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