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Moyen Orient et Monde - Cisjordanie

L’ONU rejette l’annonce de Washington : les colonies sont illégales

Victoire pour Israël, coup de massue pour les Palestiniens.

Une photo prise le 19 novembre montrant la colonie de Revava, en Cisjordanie. Jaafar Ashtiyeh/AFP

Le changement de position des États-Unis sur les colonies israéliennes en Cisjordanie occupée n’a aucun impact sur le statut de ces implantations, qui sont considérées par les Nations unies comme contraires au droit international, a déclaré l’ONU hier.

Après avoir reconnu Jérusalem comme capitale d’Israël et une partie du plateau du Golan syrien comme israélien, la Maison-Blanche estime désormais que les colonies israéliennes en Cisjordanie occupée « ne sont pas contraires au droit international ». L’administration de Donald Trump, par la voix du chef de la diplomatie Mike Pompeo, a déclaré considérer désormais que « l’établissement de colonies de civils israéliens en Cisjordanie n’est pas en soi contraire au droit international ». Par cette décision, Washington change non seulement sa politique mais nage aussi à contre-courant de résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU, comme la 2334, qui considèrent les colonies comme une « violation du droit international humanitaire » mettant « gravement en péril » la solution à deux États.

Mais « le changement de position d’un État ne modifie pas la législation internationale existante, pas plus que son interprétation par la Cour internationale de justice et le Conseil de sécurité », a déclaré Rupert Colville, un porte-parole du Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme. Le Haut-Commissariat va « continuer de suivre la position de longue date des Nations unies qui est que les colonies israéliennes enfreignent la législation internationale », a-t-il ajouté.

Le secrétaire d’État américain Mike Pompeo a déclaré que les États-Unis ne considéreraient pas forcément comme légales les colonies israéliennes, mais s’en remettraient aux décisions de tribunaux israéliens. La plupart des colons vivent dans des colonies considérées comme légales par la justice israélienne.

La position exposée par Mike Pompeo place les États-Unis en contradiction avec la majeure partie de la communauté internationale, et avec les résolutions par lesquelles le Conseil de sécurité de l’ONU a considéré les colonies comme illégales car établies en territoire occupé.

Le changement de politique de Washington sur le statut des colonies en Cisjordanie divise à nouveau les protagonistes d’un conflit sans issue à court terme.

Bibi « très ému »

La classe politique israélienne, une grande partie de la presse et les habitants des colonies israéliennes jubilaient encore hier. En visite hier dans une colonie israélienne du Gush Etzion, vers la ville palestinienne de Bethléem, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s’est dit « très ému ». « L’administration Trump a corrigé une injustice historique et s’est alignée avec la vérité et la justice », a-t-il ajouté. La veille, il avait déjà affirmé : « Les Juifs ne sont pas des colonisateurs étrangers » en Cisjordanie occupée.

Si la colonisation par Israël de la Cisjordanie occupée s’est poursuivie sous tous les gouvernements israéliens depuis 1967, elle s’est accélérée ces dernières années sous l’impulsion de M. Netanyahu et de son allié à Washington, le président Donald Trump. Aujourd’hui, plus de 400 000 Israéliens habitent en Cisjordanie occupée, territoire morcelé où vivent également 2,7 millions de Palestiniens.

« Malgré la joie que cette décision suscite en Israël, cette importante décision est avant tout symbolique et ne sera sans doute pas suivie par le reste de la communauté internationale », écrivait hier le grand quotidien israélien Yediot Aharonot. « Cela étant dit, cette décision pourrait être comprise par Israël comme un feu vert pour poursuivre l’expansion des colonies et aller de l’avant avec son projet d’annexion », poursuit le quotidien.

Le Premier ministre israélien avait promis en septembre d’annexer rapidement la vallée du Jourdain, territoire stratégique représentant un peu moins du tiers de la Cisjordanie occupée, s’il était reconduit au pouvoir.

L’annonce de Washington intervient alors que le rival de M. Netanyahu, l’ex-général Benny Gantz, lui aussi favorable à terme à l’annexion de la vallée du Jourdain, a jusqu’à aujourd’hui pour tenter de former un gouvernement.

Pour former un gouvernement sans l’appui de M. Netanyahu, M. Gantz doit au minimum compter sur le soutien de députés arabes. Si Gantz a salué le « soutien solide » de Washington, les partis arabes israéliens l’ont dénoncé.

Idem pour des responsables palestiniens qui ont condamné la décision de l’administration Trump. « Nous avons déjà entamé les pourparlers à l’ONU afin de présenter un projet de résolution au Conseil de sécurité. Nous nous attendons à un veto de Washington, mais nous allons néanmoins aller de l’avant », a déclaré hier le négociateur en chef des Palestiniens, Saëb Erekat. L’annonce de la Maison-Blanche « confirme l’évaluation que se fait la Palestine de l’administration Trump, qui est une menace pour la paix internationale car elle est complice des crimes d’Israël », a commenté Hanane Achraoui, cadre de l’Organisation de libération de la Palestine.

Au Caire, le secrétaire général de la Ligue arabe Ahmad Aboul Gheit a estimé que la décision de Washington « compromettait toute paix juste fondée sur la fin de l’occupation ».

Pour Ofer Zalzberg, analyste à l’International Crisis Group, les Palestiniens, les pays arabes et les Européens « perdent la foi » dans les États-Unis comme « médiateur » du conflit israélo-palestinien, tandis que les colons se sentent ragaillardis. « L’administration Trump tente de faire voler en éclats le consensus international » sur les colonies, dit-il. « Mais cela ne devrait pas changer la situation outre mesure sur le terrain. »

Le changement de position des États-Unis sur les colonies israéliennes en Cisjordanie occupée n’a aucun impact sur le statut de ces implantations, qui sont considérées par les Nations unies comme contraires au droit international, a déclaré l’ONU hier.Après avoir reconnu Jérusalem comme capitale d’Israël et une partie du plateau du Golan syrien comme israélien, la Maison-Blanche...

commentaires (2)

LES COLONIES BATIES SUR UN TERRITOIRE OCCUPE SONT ILLEGALES DE PAR TOUTES LES LOIS ET PRATIQUES INTERNATIONALES.

LA LIBRE EXPRESSION

13 h 33, le 20 novembre 2019

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Commentaires (2)

  • LES COLONIES BATIES SUR UN TERRITOIRE OCCUPE SONT ILLEGALES DE PAR TOUTES LES LOIS ET PRATIQUES INTERNATIONALES.

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 33, le 20 novembre 2019

  • Rupert Colville, un porte-parole du Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme , n'y peut rien ! Et le titre est un peu équivoque : En pareils cas c'est le Conseil de Sécurité tout entier et rien de moins qui devrait sursauter . Mais hélas !

    Chucri Abboud

    10 h 27, le 20 novembre 2019

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