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Liban - Manifestations

Le mouvement de contestation contre le pouvoir entre dans son deuxième mois

« Nous sommes venus au centre-ville de Beyrouth car il est important de rester dans la rue. »

Le « bus de la révolution » a dû interrompre son périple à Saïda où des contre-manifestants l’attendaient. Mahmoud Zayyat/AFP

Alors que le mouvement inédit de contestation populaire contre le pouvoir accusé de corruption entrait hier dans son deuxième mois, des manifestations massives se sont déroulées dans plusieurs villes au Liban et à l’étranger pour maintenir la pression, quelques heures après le désistement de Mohammad Safadi, qui avait été fortement pressenti ces dernières 48 heures pour former le prochain cabinet.

Les manifestants s’étaient donné rendez-vous à 15h sur toutes les places fortes de la contestation, de Tripoli à Saïda en passant par le centre-ville de Beyrouth, pour réclamer la formation d’un gouvernement de transition. Des appels similaires ont été lancés à Zouk, Jal el-Dib, Tyr et dans la Békaa, notamment à Taalabaya où un rassemblement gigantesque a été organisé.

« Nous sommes venus ce dimanche (hier) après-midi au centre-ville de la capitale car il est important de rester dans la rue. L’élection du candidat indépendant Melhem Khalaf bâtonnier de l’ordre des avocats de Beyrouth est une victoire pour la révolution. De même que le désistement de Mohammad Safadi. Mais la route est encore longue, il faut rester mobilisés », déclarait ainsi, en milieu d’après-midi, à notre journaliste sur place, Suzanne Baaklini, une jeune femme venue manifester avec son époux place Riad el-Solh. Ce dernier rappelle que le mouvement de protestation trouve sa source dans la crise des déchets, en 2015. « Mais en 2018, lors des législatives, nous avons raté l’occasion de porter des représentants de la société civile au Parlement. Cette fois-ci, nous ne pouvons pas rater cette nouvelle opportunité de changer les choses. »

« Je suis optimiste, je crois que cette révolution va aboutir à quelque chose et qu’il est impossible de revenir en arrière, dit May. Ce contre quoi nous luttons est très grand et très ancré dans la société, donc il est normal que cela prenne du temps. » Elle estime en outre que le retrait de M. Safadi et la victoire de M. Khalaf sont « des petites victoires ». « C’est comme cela que nous allons y arriver, victoire par victoire, ajoute-t-elle. Ce qui est le plus important dans cette révolution, c’est que nous nous sommes rendus compte que nous sommes dans une dictature et pas dans une démocratie parce que si nous étions dans une démocratie ils seraient partis. » « J’ai foi dans cette nouvelle génération parce qu’ils n’ont pas la même vision des choses ni les mêmes angoisses et ils vont y arriver », ajoute May.

Melissa et Sacha, deux jeunes universitaires, estiment aussi que la victoire de Melhem Khalaf est « un véritable exploit ». Elles expriment toutefois leur déception « face à un pouvoir qui continue à avoir les mêmes pratiques et à ne pas écouter » le peuple. « Peut-être qu’il faut passer à une étape supérieure et devenir plus agressifs, sans prendre les armes évidemment », ajoutent les deux jeunes femmes.

De nombreux débats de nature économique et écologique se tiennent en parallèle dans le parking de l’immeuble des lazaristes.

Dans le Akkar, sur la place de Halba, la route a été coupée par des manifestants dans l’après-midi. Sur la place al-Nour, à Tripoli, la capitale du Liban-Nord, une grande soirée a été organisée à partir de 20h.

À midi, plusieurs rassemblements ont aussi eu lieu en France, à Paris, Lyon, Strasbourg, Montpellier, Nice et Brest. À Copenhague, au Danemark, un rassemblement était prévu en signe de solidarité avec le Liban, le Chili et l’Irak, théâtres de mouvements populaires de contestation contre le pouvoir. La diaspora libanaise est particulièrement mobilisée depuis le début de la contestation.

La journée de samedi a été marquée par le périple symbolique du « bus de la révolution » visant à briser les barrières géographiques entre les régions qui se sont soulevées. Après s’être élancé du Akkar pour traverser toutes les places fortes de la contestation, son trajet s’est prématurément achevé à Saïda, les organisateurs craignant d’être pris pour cible sur leur chemin vers Nabatiyé.


Alors que le mouvement inédit de contestation populaire contre le pouvoir accusé de corruption entrait hier dans son deuxième mois, des manifestations massives se sont déroulées dans plusieurs villes au Liban et à l’étranger pour maintenir la pression, quelques heures après le désistement de Mohammad Safadi, qui avait été fortement pressenti ces dernières 48 heures pour former le...

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