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À La Une - Commémoration

Attentats du 13 novembre 2015 en France : quatre ans après, la lente reconstruction des victimes

Chaque cas est différent, répètent les spécialistes. Mais "toute personne qui a une stabilité psychologique sans aucun antécédent traumatique, notamment dans son enfance, s'en sortira ou s'en est déjà sortie, soit 70% des victimes".

Une femme se tient devant une plaque commémorative des attentats du 13 novembre 2015 devant la salle de concert du Bataclan à Paris, le 13 novembre 2019. Photo AFP / STEPHANE DE SAKUTIN

Quatre ans plus tard, ils sont nombreux à se dire sur la voie de la reconstruction. Mais pour beaucoup de victimes, blessées ou témoins des attentats en France du 13 novembre 2015, le procès qui se profile pourrait être une nouvelle épreuve.

Chaque cas est différent, répètent les spécialistes. Mais "toute personne qui a une stabilité psychologique sans aucun antécédent traumatique, notamment dans son enfance, s'en sortira ou s'en est déjà sortie, soit 70% des victimes", assure Gérard Lopez, président d'honneur de l'Institut de victimologie. M. Lopez a accueilli 180 personnes depuis l'attentat qui a fait 130 morts et plus de 350 blessés, à Paris et dans sa banlieue nord.

Présent dans la salle parisienne de spectacles du Bataclan, le soir du 13 novembre, Fabrice en fait partie: "Il m'a fallu un ou deux ans pour digérer les choses et n'être plus à vif". Camille aussi "se sent beaucoup mieux": "j'ai changé de vie de façon positive, je suis une personne plus forte", raconte-t-elle, tout en précisant qu'elle "y pense tous les jours".

Selon le président de l'association de victimes Life for Paris, Arthur Dénouveaux, la "grande majorité" a passé un "cap": "Quand elles se retrouvent, c'est pour parler de leurs projets, notamment de reconversions professionnelles. Et non plus pour évoquer le présent et se demander où elles en sont dans leur reconstruction", raconte cet entrepreneur.

A contrario, de "nouvelles victimes se sont rapprochées de l'association encore cette année", indique-t-il. Une cinquantaine de nouvelles demandes ont également été adressées au Fonds de garantie (FGTI) en 2019 pour une indemnisation. "Il s'agit de victimes qui, pendant longtemps, ne se considéraient pas comme victimes et qui, au bout de trois ans, se rendent compte qu'elles ne peuvent plus faire face seules", a précisé le directeur général du FGTI, Julien Rencki. Ainsi Jean-Baptiste, 26 ans, a longtemps eu "du mal à se considérer comme victime, étant "sorti au bout de 15 minutes du Bataclan", confie-t-il. "Je n'arrivais pas à me plaindre".


(Lire aussi : En France, les affaires terroristes diminuent, mais la menace persiste)


Point final ?

Le procès, qui devrait se tenir en 2021, pourrait offrir "un point final" et permettre de sortir "d'un système de victime", estime la psychologue Géraldine Million. "La plupart attendent beaucoup d'un procès car c'est à ce moment-là que la société dira publiquement +ce n'est pas normal ce qu'il s'est passé+, il y aura une réparation judiciaire", explique-t-elle. C'est ce que pense Stéphane, blessé le 13 novembre, selon lequel la fin du procès sera la fin de sa reconstruction.

Avant, la clôture du dossier d'indemnisation sera une autre étape. Après, "l'attentat deviendra un événement historique", "plus dans l'actualité immédiate", affirme Alexis, journaliste de 30 ans, présent au Bataclan.

Gérard Lopez estime, lui, que le procès ne mettra pas un terme au sentiment de victime : "C'est un mythe car un tel traumatisme, c'est à vie". Et pour Géraldine Million, les victimes étant "en colère contre elles-mêmes", elles devront trouver "réparation en elles et non pas avec une condamnation".

Certains trouvent une libération émotionnelle dans les commémorations de l'attentat, comme Olivier, blessé au Bataclan, et sa compagne. Parti à la frontière allemande la veille du premier anniversaire de l'attentat, pour s'éloigner le plus loin possible de la capitale, le couple, à peine arrivé tard le soir, avait décidé de rentrer à Paris. "En voyant les images du concert de Sting au Bataclan le 12 au soir, on s'est dit +mais qu'est-ce qu'on fait là?+", se souvient Olivier, 37 ans. Alors, ils ont conduit toute la nuit "pour être à temps pour les commémorations": "cela nous a fait du bien d'être à la mairie, c'était cathartique". Depuis, il n'a jamais raté une cérémonie. "La question ne se pose plus, j'ai besoin d'être avec les victimes pour cette journée particulière", explique Olivier, aujourd'hui vice-président de l'association Life for Paris. "Les personnes ont encore besoin de ces commémorations", surtout que "la communauté a besoin d'être encore soudée avant le début du procès, on ne va pas les abandonner maintenant".


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