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Liban - Manifestations

Nettoyage des rues, premiers soins... La société civile montre l'exemple dans le centre-ville de Beyrouth

"Nous voulons nettoyer le pays, tout d'abord en ramassant les déchets. C'est une façon de prendre en main la situation et d'apporter un changement".

Des volontaires rassemblés autour de sac de déchets collectés dans les rues du centre-ville de Beyrouth, le 20 octobre 2019, au 4e jour de manifestations anti-corruption inédites qui secouent le Liban. Photo Association du marathon de Beyrouth (BMA)

Dimanche matin. Dans le centre-ville de Beyrouth, une armée de jeunes gens, équipés de gants, de masques et de grands sacs poubelles, s'affairent à ramasser les déchets laissés par les manifestants qui sont restés tard la veille, dans une ambiance bon enfant, dans le cœur de la capitale.

C'est sur cette belle image de civisme que se réveille donc Beyrouth, au quatrième jour d'une mobilisation massive contre la classe politique accusée de corruption et d'incurie face à la crise économique qui sévit dans le pays. Une mobilisation d'une ampleur inédite, du nord au sud du Liban, depuis des années.

Autant de rassemblements, dont certains massifs, à Beyrouth et Tripoli notamment, lors desquels les Libanais expriment leur colère, leur ras-le-bol, leur rejet de toute la classe politique. Si le mouvement a été marqué par des affrontements, jeudi et vendredi soir, entre casseurs et forces de l'ordre, notamment à Beyrouth, et si en certains endroits, le blocage des routes donne lieu à de tristes spectacles (pneus et bennes à ordures incendiés), il est également marqué par un admirable mouvement de civisme de la part de groupes de la société civile. Volontaires nettoyant les lieux de rassemblement, tentes où les premiers soins sont dispensés par des médecins, eux aussi volontaires : place des martyrs, la société civile a décidé de s'organiser.


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"Nous voulons nettoyer le pays"

Peter Mouracadé, directeur général de l’Association du marathon de Beyrouth, est l'un de ceux qui ont décidé de prendre les choses en main. Samedi, il a créé un groupe WhatsApp regroupant plusieurs volontaires de manière spontanée. Masques, gants, sacs : ces Libanais étaient dans la rue dès 6h du matin, samedi, pour nettoyer les rues de la capitale. De dix, leur nombre passe rapidement à 50. Ils s'activent jusqu'à 14h, malgré les nombreuses routes fermées dans le pays qui rendent la circulation quasi-impossible par endroits. 

Aujourd'hui, le groupe, qui se fait appeler "Mouwaten Lebnen" (Citoyen du Liban) compte plus de 500 personnes. Les tâches sont réparties entre chefs d'équipes, chacun responsable d'un secteur. Plastique, verres, papiers, les volontaires trient les déchets. Engagement hautement symbolique dans un pays en butte à une crise des déchets depuis des années. Crise que le gouvernement ne parvient pas à gérer. Le reste, c'est la société Aramco qui s'en charge. Les dons, notamment en sac, gants et bouteilles d'eau, ont commencé à affluer. Dimanche, une dame est même venue avec des sandwiches de Labné pour les distribuer aux volontaires.

"Nous voulons nettoyer le pays, tout d'abord en ramassant les déchets. C'est une façon de prendre en main la situation et d'apporter un changement", confie l'un des volontaires. Sur les réseaux sociaux, d’autres groupes fleurissent, au fil des heures, pour mobiliser des volontaires.


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Les premiers soins

En face de l'imposante mosquée Mohammad el-Amine qui trône sur la place des Martyrs, une tente a été dressée. Médecins,  infirmières et ambulanciers y sont mobilisés 24h/24, e manière volontaire là aussi, pour apporter les soins nécessaires aux manifestants. 

Des dizaines de milliers de Libanais manifestent depuis quatre jours, à travers tout le pays, contre les responsables politiques et la crise économique. Les manifestants ont envahi les rues du pays jeudi soir après la décision du gouvernement de taxer les appels effectués via les applications de messagerie Internet comme WhatsApp. Une mesure aussitôt annulée sous la pression de la rue, mais les Libanais ont poursuivi leur mouvement. Alors que plus du quart de la population libanaise vit sous le seuil de pauvreté, selon la Banque Mondiale, la classe politique, quasi inchangée depuis la guerre civile (1975-1990), est accusée d'affairisme dans un pays aux infrastructures en déliquescence -pénurie chronique d'électricité et d'eau potable- et où la vie est chère. Un pays dont la dette publique culmine, en outre, à plus de 86 milliards de dollars, soit plus de 150% du PIB.


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Dimanche matin. Dans le centre-ville de Beyrouth, une armée de jeunes gens, équipés de gants, de masques et de grands sacs poubelles, s'affairent à ramasser les déchets laissés par les manifestants qui sont restés tard la veille, dans une ambiance bon enfant, dans le cœur de la capitale.C'est sur cette belle image de civisme que se réveille donc Beyrouth, au quatrième jour d'une...

commentaires (4)

Bravo ! n'acceptez pas que les casseurs se mêlent à vous!

Shou fi

14 h 52, le 21 octobre 2019

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Commentaires (4)

  • Bravo ! n'acceptez pas que les casseurs se mêlent à vous!

    Shou fi

    14 h 52, le 21 octobre 2019

  • BRAVO !J.P

    Petmezakis Jacqueline

    19 h 36, le 20 octobre 2019

  • Face à cette jeunesse qui ne demande qu’à....vivre, ceux qui nous gouvernent n’ont ils donc une once de dignité en s’accrochant à ce pouvoir qui se dérobe de plus en plus sous leurs pieds... Ne se sont ils suffisamment gavés pour essayer de à tout prix de consonserver ce pouvoir? Honte à eux !!!!

    C…

    14 h 35, le 20 octobre 2019

  • Elle est belle notre jeunesse, pleine d’énergie, de bonne volonté, d'amour sincère pour leur pays. La relève semble saine et de bonne composition. Il est temps de changer de têtes.

    Citoyen

    12 h 31, le 20 octobre 2019

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