Le président de l’Association des industriels du Liban, Fady Gemayel, a estimé auprès de L’Orient-Le Jour que les manifestations en cours à travers le Liban depuis jeudi soir « témoignent d’un malaise profond, qui va au-delà de la grogne vis-à-vis de la classe politique ». « Nous faisons face à une accentuation des problèmes socio-économiques, avec un fort taux de chômage et un essoufflement de la croissance économique », a-t-il indiqué.
Selon lui, les responsables politiques ont ignoré les multiples mises en garde et retardé la mise en œuvre des réformes. « L’Association des industriels a lancé plusieurs appels pour alerter les principaux dirigeants sur la gravité de la situation. Les responsables nous répondaient que CEDRE (conférence de soutien économique au Liban, tenue en avril 2018 à Paris) allait résoudre tous ces problèmes. Mais il y a eu un retard dans la mise en œuvre des réformes prévues dans le cadre de CEDRE, et les agences de notation ont dégradé la note du Liban », a déclaré Fady Gemayel.
L’industriel plaide pour une lutte efficace contre la corruption et la mise en place d’une véritable politique de relance économique. « C’est une crise de confiance à laquelle il faut pallier en adoptant un système de tolérance zéro face à la corruption. C’est le seul moyen de restaurer cette confiance », martèle-t-il.
« Des mesures doivent parallèlement être adoptées pour relancer l’économie, à commencer par un budget d’austéritéayant pour objectif de réduire les dépenses publiques en supprimant les dépenses extravagantes tout en incluant des mesures de relance visant à redynamiser l’économie. Voter de nouvelles taxes ne fera qu’asphyxier davantage les citoyens et l’économie », met en garde Fady Gemayel. Il recommande alors de revenir aux recommandations du rapport McKinsey, commandé en 2018 par le gouvernement libanais et qui préconisait le renforcement des secteurs productifs du pays. « C’est en dopant la croissance qu’on pourra créer de nouvelles opportunités d'emploi. Et en restaurant la confiance, nous pourrons faire baisser substantiellement les taux d’intérêts et donc le coût de la dette. Ces économies serviront à financer les besoins de l'Etat, qui n'aura pas besoin d'instaurer de nouvelles taxes. Cela résoudra aussi les problèmes de liquidité auxquels nous faisons face récemment », affirme Fady Gemayel.
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