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Liban - Législation

Le Bloc national lance demain sa première campagne : lutter contre l’extrême pauvreté

« Au vu de la situation économique actuelle, plus de 235 000 citoyens vivent dans des conditions inacceptables. Il est urgent de les sauver », affirme à « L’OLJ » le coordonnateur politique du BN, Amine Issa.


La pauvreté dans la rue. Photo d’archives CDL

En février dernier, le Bloc national reprenait vie et s’engageait à œuvrer pour un État de droit. Il s’apprête, à présent, à lancer sa première campagne destinée à lutter contre l’extrême pauvreté au Liban. Le parti de feu Raymond Eddé espère dans ce cadre sensibiliser l’opinion publique et mobiliser les parlementaires, avant de présenter une proposition de loi au Parlement en ce sens. Une proposition baptisée « Afaal » (actions), qui se veut un projet durable d’éradication de la pauvreté extrême par l’assistance financière, l’éducation et la formation professionnelle. Et qui n’est autre que celle de l’ancien député de Tripoli Robert Fadel, aujourd’hui membre du comité exécutif du BN.


Le tiers du salaire minimum

C’est en effet en 2014 que Robert Fadel, alors député indépendant de Tripoli et membre de la coalition du 14 Mars, avait présenté sa proposition de loi au Parlement libanais. « Afaal » proposait une assistance financière mensuelle équivalente à un tiers du salaire minimum (150 USD) à chaque famille libanaise vivant sous le seuil de la pauvreté extrême, estimé actuellement au Liban à 5,7 dollars américains par jour et par personne, selon la Banque mondiale. Cette assistance était conditionnée par la scolarisation des enfants de la famille candidate et par l’inscription du chef de famille à une formation professionnelle (ou l’apprentissage d’un métier).

Soutenue par le Premier ministre Saad Hariri, la proposition de Robert Fadel avait été adoptée par la commission parlementaire de la Santé, du Travail et des Affaires sociales, et par une sous-commission des Finances et du Budget. Mais elle n’a jamais été transférée à l’hémicycle. Un revers pour M. Fadel qui a présenté sa démission en 2016. Il entendait ainsi protester contre l’absence de réformes, la corruption rampante et le manque de diversité confessionnelle au sein du conseil municipal de Tripoli. Il refusait surtout « de rester complice d’une classe politique qui refusait de changer le système », comme il l’explique à L’Orient-Le Jour.

« Nous avons tendance à oublier combien la pauvreté est proche de nous », fait remarquer Robert Fadel. « J’ai grandi dans cette ville très pauvre que j’ai représentée. Je constate que la pauvreté n’est pas qu’un problème humain, mais une véritable bombe à retardement », insiste l’ancien député, qui dénonce « la politique de déni de l’État libanais ».

Son « attachement » à cette proposition de loi est d’autant plus fort aujourd’hui que « la pauvreté est plus grave qu’elle ne l’était en 2014 ». « Nous entrons dans une crise qui s’annonce très dure, assure-t-il. Certaines familles en situation de grande précarité ont besoin d’être accompagnées. Et je ne suis plus seul, mais membre d’un parti politique qui va porter ce projet. »

Réactiver cette proposition de loi avec quelques amendements est effectivement l’objectif premier d’un Bloc national fort de membres actifs de la société civile, « soucieux du respect de l’être humain ».


Investir dans l’éducation et le capital humain

« L’être humain est au cœur de nos principes, soutient le coordonnateur politique du BN, Amine Issa. Nous estimons qu’au vu de la situation économique actuelle, plus de 235 000 citoyens vivent dans des conditions inacceptables. Il est donc urgent de les sauver de cette situation d’extrême pauvreté. »

Et s’il est compliqué d’identifier les familles les plus pauvres au pays du Cèdre en fonction de leurs revenus, car nombre d’entre elles travaillent dans l’économie parallèle, « d’autres critères sont aujourd’hui susceptibles de déterminer le niveau socio-économique des citoyens », observe M. Issa. « Parmi les critères pris en compte, la qualité du logement, sa salubrité, le nombre de pièces habitables, la connexion à l’eau potable, aux égouts, à l’électricité, l’accès au chauffage, la scolarisation des enfants », énumère le coordonnateur politique du BN, précisant que pour exécuter ce travail, les équipes du ministère des Affaires sociales se rendent généralement auprès des habitants des quartiers défavorisés.

Cette réalité prise en compte, « la proposition de loi Afaal doit être bientôt amendée, pour accorder un supplément d’une cinquantaine de dollars par enfant aux familles de plus de trois enfants, et prendre en considération les familles monoparentales, les cas de maladie ou d’invalidité des chefs de famille », fait remarquer Amine Issa. « Quant au financement de l’initiative, il sera inscrit dans le budget et ne sera pas tributaire des aides étrangères », promet-il, estimant « le coût total de l’application d’une telle loi à 110 millions de dollars par an ». Interrogé sur la faisabilité du projet en cette période de crise budgétaire, il affirme « avoir identifié une liste d’économies qui peuvent être faites à différents postes budgétaires ». « Il y a tant de corruption et de malversations qu’il est facile de faire des coupes budgétaires », constate-t-il.

Le Bloc national invite donc les autorités « à investir désormais dans le capital humain et l’éducation, plutôt que de perpétuer le clientélisme ». Il rappelle que selon les statistiques, « plus de la moitié des enfants pauvres quittent l’école à l’adolescence, vers 14-15 ans ». Non seulement ils n’ont « aucune qualification professionnelle, mais ils souffrent souvent d’une alimentation insuffisante ou peu adéquate, ce qui présente un risque élevé de maladies ».

Dès demain, mercredi 16 octobre, les répercussions positives d’Afaal seront au cœur d’une campagne de grande envergure du Bloc national qui s’étalera sur deux mois et demi environ. Une campagne destinée à sensibiliser les citoyens et les parlementaires à l’urgence de porter assistance à une population libanaise de 235 000 à 300 000 personnes parmi les plus démunies, à Tripoli et au nord, à Saïda, Jezzine, Baalbeck, Hermel, mais aussi dans certains quartiers de la capitale. Le coup d’envoi sera donné à 11 heures, lors d’une conférence de presse, au siège du parti, au 291 de la rue Gemmayzé.


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commentaires (4)

Oui a une aide a tous les citoyens pauvres vivant au Liban quelqusoit sa nationalite comme dans tous les pays civilises.

HABIBI FRANCAIS

13 h 34, le 15 octobre 2019

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Commentaires (4)

  • Oui a une aide a tous les citoyens pauvres vivant au Liban quelqusoit sa nationalite comme dans tous les pays civilises.

    HABIBI FRANCAIS

    13 h 34, le 15 octobre 2019

  • Bonne chance pour le Bloc national qui lancera sa première campagne pour lutter contre l’extrême pauvreté en oubliant probablement que dans notre pays la classe moyenne a elle aussi disparu .

    Antoine Sabbagha

    13 h 04, le 15 octobre 2019

  • ET QUE REPRESENTE-T-IL SUR L,ECHIQUIER LEBANAIS ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 26, le 15 octobre 2019

  • Comme a dit le Pape Francois durant sa viste en Amerique Latine, que chaque famille partage avec une autre famille qui vit dans la précarité un repas par jour, et donne un peu de ce qu'elle a de plus (haibts, etc) Le partage est un don, on peut meme partager un temps (avec les gens qui sont seuls) etc. Les Libanais sont un peuple qui a toujours pu surmonter les souffrances, car c'est un peuple qui partage, alors ne faites pas exception cette fois-ci.

    Eddy

    09 h 51, le 15 octobre 2019

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