Une journée de la pomme libanaise pour soutenir une filière en difficulté

Annoncée pendant le Conseil des ministres de jeudi par le ministre de l’Agriculture, Hassan Lakkis, la Journée nationale de la pomme libanaise va être célébrée aujourd’hui dans plusieurs régions du pays. « C’est la première fois que le ministère est lui-même aux manettes de cette journée visant à promouvoir la filière et à inciter les Libanais à consommer des produits locaux », s’est réjoui auprès de L’Orient-Le Jour le directeur du bureau du ministère de l’Agriculture au Mont-Liban, Abboud Freiha. « D’après mes informations, plus de sept tonnes de pommes vont être distribuées dans tout le pays, entre autres initiatives », a-t-il ajouté.

La première Journée nationale de la pomme avait été initiée en 2003 par la présidence libanaise de l’époque. Les initiatives avaient été pilotées par le secteur privé avec la collaboration de certaines institutions – l’agence de publicité TBWA-Rizk, avec l’aide des coopératives agricoles, l’armée, les Forces de sécurité intérieure (FSI) et les associations de scouts du Liban.

Jeudi, le ministre de l’Agriculture avait indiqué lors du Conseil des ministres à Baabda, auquel il s’était rendu avec un panier de pommes, que la production moyenne au Liban atteignait 350 000 tonnes et représentait 16 % des exportations agricoles, qui sont principalement vendues en Égypte (60 000 tonnes), dans les pays du Golfe (20 000) ou encore en Jordanie (2 000). Le ministre avait en outre fait état d’environ 16 000 hectares de terres agricoles dédiées à la production de ce fruit, dont les trois quarts étaient répartis entre les mohafazats du Mont-Liban, du Liban-Nord et de Baalbeck-Hermel (dans la Békaa).

Le lancement de cette journée nationale intervient à un moment où la filière doit composer avec une importante baisse de sa production liée aux intempéries. « Les chutes de neige survenues en avril en pleine période de floraison des pommiers ont pénalisé de nombreuses régions, principalement au Liban-Nord », a indiqué le président de l’Association des agriculteurs, Antoine Hoyek. « Malgré la baisse de la production (qu’il estime à 50 %, sans plus de précisions, NDLR), le prix de vente des pommes, actuellement à 800 livres le kg (0,53 dollar au taux de change officiel) chez les producteurs, est également en dessous de son niveau normal qui est de 1 000 livres (0,66) », a-t-il ajouté. Chez un commerçant du Metn hier, le kilo de pommes de type golden était vendu à 3 000 livres (2 dollars).

(Lire aussi : Faire de l’agriculture libanaise un catalyseur pour la croissance économique et la création d’emplois)

Poste-frontière syro-irakien
La nécessité pour la filière d’écouler davantage ses produits sur le marché local est en outre liée aux difficultés rencontrées par les producteurs pour exporter leurs marchandises, malgré les ouvertures respectives du poste-frontière syro-jordanien de Nassib, en octobre 2018, et du passage d’al-Qaïm entre la Syrie et l’Irak, rapportée fin septembre par l’AFP.

« Faire passer des camions en Syrie est devenu beaucoup plus cher, à cause des assurances pour les camions et des frais de passage exigés par les autorités syriennes », a confirmé Saïd Gédéon, directeur du département agriculture au sein de la Chambre de commerce de Zahlé. Selon lui, expédier un camion vers le Golfe ou l’Irak via la Syrie coûte plus de 6 000 dollars, contre moins de 2 000 avant que le conflit syrien ne perturbe le trafic des voies d’exportation terrestres, des chiffres que L’Orient-Le Jour n’a pas pu confirmer avec exactitude. La fermeture, en avril 2015, du poste-frontière de Nassib, avait fortement pénalisé les exportations de produits agricoles libanais vers les pays du Golfe, un de leurs principaux marchés. La situation avait poussé le gouvernement à lancer, peu de temps après, un programme de subventions aux exportations maritimes doté de près de 25 millions de dollars, qui est arrivé à échéance fin 2018.

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