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Spécial Banque européenne d’investissement - INDUSTRIE

OneTech, pionnière dans l’industrie automobile et barrage à la fuite des cerveaux en Tunisie

L’entreprise a recruté plus de 1 200 personnes ces trois dernières années.

La moitié des effectifs de OneTech est composée de femmes.

Pendant des décennies, de jeunes Tunisiens éduqués ont quitté en masse leur pays pour rechercher de meilleures opportunités ailleurs. Avec l’aide de la Banque européenne d’investissement, l’entreprise OneTech crée des emplois qualifiés afin de leur permettre de travailler dans leur pays, et à des conditions et salaires meilleurs que ceux qu’ils peuvent habituellement trouver.

C’est par exemple le cas de Feten, 31 ans, qui a été embauchée comme ingénieur de production au sein de l’entreprise qui fabrique des cartes de circuits électroniques imprimées pour le secteur automobile. « J’exerce le métier de mes rêves tout en étant auprès de ma famille et de mes proches. J’étais tellement heureuse et reconnaissante quand j’ai commencé et je le suis toujours », se réjouit-elle.

48 % de femmes

L’expansion de OneTech en Tunisie, tant au niveau de ses capacités de production que de ses moyens affectés à la recherche et au développement, a été financée par un prêt de 21 millions d’euros accordé par la BEI. La banque, qui opère aussi bien au sein des frontières de l’Union européenne qu’en dehors de ces dernières, prévoit en effet parmi ses missions le soutien à l’innovation et aux entreprises. La modernisation du secteur automobile figure également parmi ses objectifs prioritaires. Pour Gratianne Dascon, la responsable de la BEI qui a pris en charge le dossier de demande de prêt, « OneTech est un exemple de partenariat Nord-Sud réussi entre une importante industrie tunisienne et des groupes européens de première classe ».

De fait, OneTech a réussi à s’imposer comme un modèle de succès nord-africain qui transparaît à travers des statistiques insolentes. Les revenus de l’entreprise ont en effet atteint 380 millions de dollars, dont 80 % issus de ses exportations. La société, qui est désormais pionnière dans son segment d’activité (les circuits imprimés pour l’industrie automobile), a de plus imposé de nouveaux standards. OneTech s’est ainsi illustrée sur le plan de la diversité avec 48 % de ses effectifs qui sont composés de femmes. C’est enfin un véritable moteur pour l’économie tunisienne avec pas moins de 1 235 nouvelles embauches sur les trois dernières années – dont une moitié de femmes. « Cela a bien entendu suscité un grand intérêt », souligne Gratianne Dascon, ajoutant qu’il est du devoir des membres de la BEI de « s’assurer que les projets financés par l’institution bénéficient à tous les membres de nos communautés ».

Suivi en temps réel

Sur le site de OneTech à Bizerte, au nord de Tunis, Feten gère un système de monitoring qui lui permet de contrôler de complexes processus de fabrication. Sa mission consiste à suivre en temps réel le fonctionnement de plusieurs lignes de production, ce qui permet de fournir aux ingénieurs des informations qu’ils auraient dû chercher en passant au crible de longs rapports d’activité. « J’adore travailler sur le terrain », confie-t-elle. Ce suivi en temps réel assuré par Feten permet par exemple à OneTech de réagir rapidement à certains dysfonctionnements, identifier rapidement si les équipements surveillés ont besoin de maintenance ou anticiper des défaillances.

Grâce au soutien de la BEI, OneTech est également en train d’investir dans un équipement de « visual computing » et de réalité mixte (qui fusionne des éléments visuels virtuels et réels). La première de ces technologies permet aux ingénieurs d’interagir avec des équipements en manipulant des images. La seconde fusionne des éléments visuels virtuels et réels pour simuler un environnement sur lequel les ingénieurs peuvent effectuer des tests en conditions quasi réelles.

OneTech investit également dans des capteurs de pointe et l’impression 3D des composants, qui peuvent être utilisés dans des véhicules autonomes qui sont équipés de nombreux capteurs, caméras radars ou dispositifs utilisant des ultrasons.

Le numérique pour singer l’humain

La numérisation, l’automatisation et le recours à l’intelligence artificielle sont en passe de révolutionner la conduite. « C’est un marché qui pèse de plus en plus lourd et les projets dans ce domaine occupent une portion de plus en plus importante dans notre carnet de commandes », relève Hedi Sellami, directeur exécutif de OneTech. « Nous sommes en train de nous adapter à cette mobilité de nouvelle génération ainsi qu’à un nouvel environnement d’affaires où les logiciels sont devenus les matériaux principaux », ajoute-t-il.

Gérer ces technologies déstabilisantes nécessite des compétences dans les domaines de l’innovation et de l’ingénierie mécatronique, qui fait la synergie entre mécanique, électronique, automatique et informatique en temps réel. « Vous pouvez posséder les meilleures machines, mais si vous n’avez pas les bonnes personnes, rien n’est possible », insiste Hedi Sellami.

OneTech a été fondée en 1979 par le père de Sellami, qui a décidé de prendre les devants juste après s’être vu refuser une promotion dans une autre entreprise. Aujourd’hui, OneTech emploie pas moins de 4 500 salariés, mais reste très attachée à maintenir une ambiance familiale en son sein, explique Hedi Sellami. En plus de son site tunisien, OneTech possède également une usine au Maroc, ainsi qu’un centre de recherche et de développement en France. La croissance rapide de l’entreprise pourrait à l’avenir contribuer à aider d’autres Tunisiens diplômés comme Feten à trouver des emplois dans leur propre pays. « Le potentiel humain est à la base de tout », conclut Hedi Sellami.

Dossier réalisé par Philippe HAGE BOUTROS

Pendant des décennies, de jeunes Tunisiens éduqués ont quitté en masse leur pays pour rechercher de meilleures opportunités ailleurs. Avec l’aide de la Banque européenne d’investissement, l’entreprise OneTech crée des emplois qualifiés afin de leur permettre de travailler dans leur pays, et à des conditions et salaires meilleurs que ceux qu’ils peuvent habituellement trouver....

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