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Liban - Résolution 1325

Le Liban s’engage pour une participation féminine plus conséquente

« Nous avons identifié cinq priorités stratégiques », à commencer par l’augmentation de la participation de la femme à la prise de décision à différents niveaux, déclare Claudine Aoun Roukoz à « L’OLJ ».

Claudine Roukoz Aoun. Photo Hassan Assal

Le 12 septembre, le gouvernement réuni à Baabda sous la présidence du chef de l’État Michel Aoun adoptait le premier Plan d’action national (PAN) du Liban sur la résolution 1325 du Conseil de sécurité de l’ONU sur les femmes, actrices de la paix et de la sécurité. Après plusieurs années de léthargie, une réflexion qui a démarré en 2012, une volonté annoncée du Premier ministre Saad Hariri et un travail effectif d’un an et demi, le pays du Cèdre devient ainsi le cinquième pays arabe à développer une stratégie nationale dans ce sens. Il est aussi le premier pays à adopter une stratégie participative, grâce aux efforts d’un comité de pilotage soutenu techniquement par les instances onusiennes. Ce comité s’articule autour de la Commission nationale de la femme libanaise (CNFL) et implique des représentants de six ministères (Défense, Affaires sociales, Justice, Intérieur, Affaires étrangères, Insertion sociale et économique de la jeunesse et des femmes), de deux organismes de la société civile (Abaad et Women in Front) et d’une institution universitaire (l’Institut arabe pour les femmes-LAU). Un pas remarquable pour un pays qui a vécu des conflits armés avec leur lot de victimes, parmi lesquelles des femmes et des enfants.



(Lire aussi : Cinq priorités stratégiques dans le Plan d'action national libanais pour une application de la résolution 1325 de l’ONU)


Les cinq priorités pour les femmes du Liban

Adoptée en 2000, la résolution de l’ONU sur les femmes, la paix et la sécurité est contraignante pour les 192 pays membres des Nations unies, qui ont l’obligation d’élaborer un Plan d’action national. Elle a pour objectif d’inclure les femmes dans les processus de paix et les approches liées à la sécurité. Le texte ambitionne non seulement de protéger les femmes affectées par les conflits, mais de les faire participer activement et en tant que partenaires de valeur égale à tous les niveaux du dialogue, de la résolution des conflits et de la paix durable. Mais qu’implique pratiquement ce Plan d’action national et peut-il réellement constituer une avancée pour les femmes du Liban ?

Selon la présidente du CNFL, Claudine Aoun Roukoz, également fille du chef de l’État, l’adoption par le Liban du PAN ne peut que se répercuter positivement sur la situation de la citoyenne à moyen et long terme, car il constitue une feuille de route permettant l’évolution de son rôle au sein de la société. « Nous avons identifié cinq priorités stratégiques : augmenter la participation de la femme à la prise de décision à différents niveaux, prévenir les conflits armés, prévenir la violence sexuelle basée sur le genre et en protéger les victimes, répondre aux besoins d’assistance des femmes et des filles, et enfin amender les lois discriminatoires envers les femmes », explique-t-elle à L’Orient-Le Jour.

Dans ce cadre, la commission a organisé des rencontres sectorielles consultatives et participatives avec divers acteurs politiques, sécuritaires et civils, pour améliorer la présence féminine dans le secteur de la sécurité, les négociations et les médiations, l’économie, la vie politique et publique, la prévention et la protection des femmes, et enfin dans la mise en place des politiques et des lois. « Immanquablement, l’adoption du PAN va pousser les autorités libanaises à amender les lois locales et identifier les obstacles à une meilleure participation des femmes », assure Claudine Aoun Roukoz. « Nous nous pencherons sur des lois comme le harcèlement sexuel, la flexibilité des horaires de travail pour les mères de famille, le mariage des mineurs ou la transmission de la nationalité, précise-t-elle. Nous identifierons également les besoins en infrastructure, notamment au niveau des forces armées et de sécurité intérieure, pour une intégration adéquate des femmes. »

« Une telle stratégie a forcément un coût, estimé à quelque 19 millions de dollars, mais cela ne coûtera rien à l'Etat », souligne la présidente du CNFL.


(Lire aussi : « La femme, partenaire à part entière du dialogue social », souligne le président du CES)



Changer les manuels scolaires, adopter les quotas féminins

Sollicitée également par L’OLJ, Mirine Maalouf Abichaker, membre du CNFL ayant activement contribué à l’élaboration de la stratégie nationale, insiste sur « l’importance des rencontres sectorielles qui permettront de prendre conscience des obstacles qui entravent une meilleure participation féminine à tous les niveaux », à commencer par « l’infrastructure de certains bâtiments des forces de sécurité, peu habilités à recevoir des femmes », jusqu’aux « manuels scolaires qui doivent être revus » dans le sens de l’égalité des genres, sans oublier « les quotas féminins en politique ». En mars prochain, la résolution 1325 sur les femmes, la paix et la sécurité fêtera ses 20 ans. Et le Liban devrait participer aux festivités en tant que membre ayant adopté son Plan d’action national.

Une telle initiative est certes source d’espoir pour la Libanaise. Mais n’est-il pas trop tôt pour se réjouir ? « L’agenda imposé par la résolution 1325 aura sans aucun doute des répercussions positives sur la vie des femmes, ne serait-ce que progressives, affirme pour sa part à L’OLJ la directrice de l’Institut arabe pour les femmes (AIW) de la LAU, Myriam Sfeir Murad. Car il va aider la société libanaise à instaurer les bases nécessaires à l’amendement de lois et à une meilleure participation de la femme libanaise aux prises de décision. » Elle souligne à ce propos que le Liban sera dans le viseur de la communauté internationale et « n’aura d’autre choix que d’amender ses lois, petit à petit, pour qu’elles deviennent conformes aux normes requises ». « Nous sommes aujourd’hui convaincues que des lois comme les quotas féminins en politique ont de grandes chances d’être adoptées », assure-t-elle aussi. Il n’en reste pas moins que l’application du Plan d’action national a un coût. « Un coût qu’il est nécessaire d’assurer. »


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commentaires (2)

Et on va encore payer pour ça????

Christine KHALIL

07 h 49, le 24 septembre 2019

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Commentaires (2)

  • Et on va encore payer pour ça????

    Christine KHALIL

    07 h 49, le 24 septembre 2019

  • A LA BONNE HEURE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    00 h 54, le 24 septembre 2019

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