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Cohabitations

L’union fait la force, c’est bien connu, mais le proverbe réserve bien des surprises en politique. Car dès lors que l’impératif d’union en vient à conditionner l’existence même de tout gouvernement, il risque de devenir au contraire source de marasme, d’instabilité, de crise. En ont souvent fait l’expérience les deux seuls États de la région, Israël et le Liban, qui se targuent, immodérément d’ailleurs, de vivre en démocratie…


Ces derniers jours, c’est la panne israélienne qui tient la vedette, au lendemain de deux élections législatives tenues en l’espace de cinq mois. Une troisième consultation pourrait même s’avérer nécessaire pour départager les deux Benjamin (Netanyahu et Gantz) en rivalité pour le poste de Premier ministre car l’un et l’autre s’avèrent impuissants à rassembler assez d’alliés pour décrocher une majorité au Parlement. Ce dernier est élu en base d’un système de scrutin à la proportionnelle intégrale, par souci d’assurer la représentation de toutes les couches de la population ; le résultat en est cependant la prolifération de petits partis, tout à fait capables, eux, de négocier âprement leur ralliement à toute coalition.


Fait notable, c’est le bloc des partis arabes qui, avec un score de 13 sièges, s’affiche en troisième position, derrière les deux poids lourds en lice : théoriquement, de quoi appâter un Benny Gantz que l’on dit prêt à tout pour déboulonner son adversaire. Une telle première, si elle survenait, ferait voler en éclats une vieille tradition consistant à exclure systématiquement de tout rassemblement les élus de la population arabe israélienne : et encore, cet ostracisme parlementaire n’est-il que l’aspect le moins choquant d’un apartheid en règle, se parant du label démocratique et qui n’ose dire son nom…


Ce n’est pas par la faute du système, mais par une extravagante dénaturation du système que notre pays, quant à lui, se trouve, depuis des années, affligé de gouvernements de coalition abusivement appelés d’unité nationale. Si coalition il s’y trouve, elle n’est que d’intérêts, pas toujours de nature purement politique. On y tolère sans problème les ministres qui n’en font qu’à leur tête, qui ne sont pas d’accord mais ne sont guère tenus, pour autant, de démissionner. On y trouve même un véritable État dans l’État, doté d’une armée, menant sa propre politique étrangère et se réclamant ouvertement d’une puissance étrangère.


À l’heure des réformes, entreprises non point par vertu mais seulement sous la pression des pays souhaitant venir en aide au Liban, c’est aussi la pratique du pouvoir qu’il est urgent d’assainir en le soumettant aux normes définies par la Constitution. Autrement, on n’aurait fait que s’en remettre aux auteurs mêmes du désastre pour tout saloper à nouveau.


Issa GORAIEB

igor@lorientlejour.com

L’union fait la force, c’est bien connu, mais le proverbe réserve bien des surprises en politique. Car dès lors que l’impératif d’union en vient à conditionner l’existence même de tout gouvernement, il risque de devenir au contraire source de marasme, d’instabilité, de crise. En ont souvent fait l’expérience les deux seuls États de la région, Israël et le Liban, qui se...