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Lifestyle - La Mode

Ines de la Fressange : « Il y a une culture de la beauté et de l’élégance au Liban »

Elle a été l’égérie de Chanel, modèle et muse de Karl Lagerfeld et une Marianne surprenante. Ines de la Fressange, célèbre mannequin, journaliste, créatrice de mode, bijoux, parfums et maroquinerie, lance sa marque éponyme au Liban. Un bonheur pour elle, qui apprécie « l’humour et le goût des Libanaises », et une joie pour ces dernières de pouvoir enfin trouver ses articles à portée de main.

Ines de la Fressange, une vraie Parisienne. Photo DR

Quand Ines de Seignard de la Fressange, plus connue sous le nom de Ines de la Fressange, traverse une rue, fait la une d’un magazine, prend des vacances au bord de la mer, poste une photo d’elle sur les réseaux sociaux, elle sème derrière elle des poussières d’étoiles. Son allure et son sourire, son style naturel, élégant, simple mais pas banal ; sa personnalité, ses tenues, son choix de tissus, de couleurs, toujours en phase avec son temps, l’ont rendue intemporelle. Elle a traversé les années et les aléas de la vie, la mode et les modes d’un pas léger et optimiste. Mannequin depuis 1975, auteure de plusieurs ouvrages, styliste doublée d’une femme d’affaires, elle peut, avec autant d’aisance, prêter son nom à une marque de voiture ou de cosmétique, son buste à la République française, son double au musée Grévin, devenir ambassadrice d’autres marques et même signer une ligne pour le géant Uniqlo, dans une collaboration qui dure depuis 2014. Cette sexagénaire assumée et fière de donner à ces années, qu’on croit lourdes, une nouvelle jeunesse ne cesse de se renouveler.

Issue, du côté paternel, d’une famille de l’ancienne noblesse française, fille d’une mannequin argentine, Cécila Canchez-Cirez, elle devient l’égérie de Chanel de 1983 à 1989, en raison de sa ressemblance, la taille en plus, avec Coco Chanel. Elle défile pour les plus grands, parmi lesquels Christian Dior, Jean-Paul Gaultier, Yves Saint Laurent et bien d’autres, et devient ambassadrice de la maison Chanel, et par la même occasion le tout premier mannequin à signer un contrat d’exclusivité avec une maison de haute couture. Suivra une carrière riche où elle prend peu à peu son indépendance et impose son logo et sa signature en tant que créatrice dans l’univers de la mode. Son style, qu’elle qualifie de « rock-choc, entre luxe joyeux et esprit bohème », reflète une belle personnalité que les Français et les étrangers apprécient ; celle de « La Parisienne » dont elle donne d’ailleurs les codes dans son best-seller intitulé tout simplement La Parisienne et coécrit avec Sophie Gachet. Mère de Nine et Violette d’Urso, 23 et 17 ans, nées de son mariage avec Luigi d’Urso, un homme d’affaires et marchand d’art italien, décédé tragiquement en 2006 des suites d’un malaise cardiaque, elle leur a transmis sa beauté, sa classe et cette aisance à être sans avoir besoin de paraître.

À l’occasion du lancement de la boutique Ines de la Fressange à Beyrouth, et à défaut de pouvoir y être présente en raison d’un agenda surchargé, la créatrice et modèle du chic parisien a accepté de répondre aux questions de « L’Orient-Le Jour » dans un dialogue par e-mails interposés.

Comment est né votre intérêt pour la mode ?

Enfant, je passais beaucoup de temps avec ma grand-mère qui était passionnée de haute couture, très élégante et très soignée. À l’époque, je n’appréciais pas forcément ses robes en taffetas et ses tailleurs de tweed, mais elle m’a inculqué une culture de la mode et un goût pour s’habiller. Dès 14 ans, j’avais une machine à coudre. Mais je dois dire que les vêtements que je faisais à l’époque tenaient plus d’un délire de créatif japonais que de choses portables (rires) !

Vous ne vous pliez pas aux diktats de la mode et vous êtes intemporelle, entre passé et présent. Comment définissez-vous votre style et celui de votre marque ?

Merci ! Effectivement, j’essaie de ne pas être une fashion victim, tout en suivant la mode. L’idée est de se sentir bien dans ses vêtements en assumant ses goûts, mais en modifiant légèrement les proportions suivant les tendances. L’important, je crois, est de ne pas s’habiller pour impressionner les autres, mais pour se donner confiance en soi : ça passe par l’apparence. J’essaie, aujourd’hui, avec ma marque d’aider ces femmes à s’habiller pour mettre en valeur leur personnalité et leur trouver des solutions au quotidien.

En dépit de problèmes personnels, deuils et autres ennuis professionnels par lesquels vous êtes passée, vous gardez le sourire et une belle énergie. Quel est votre secret ?

Nous avons tous des malheurs, petits ou grands, mais aussi des bonheurs. Ces derniers, il faut apprendre à les apprécier et ne pas attendre qu’ils disparaissent pour cela. Aussi, tout est passager, impermanent, il faut l’accepter, ça aide.

On vous a surnommée « le mannequin qui parle ». Qu’en pensez-vous ?

À l’époque, on associait beaucoup les mannequins à la sottise, il suffisait d’avoir quelques propos sensés pour étonner (rires) ! Mais en réalité, un mannequin n’est pas vraiment supposé « parler », il est supposé « comprendre ». Comprendre le style du couturier, l’ambiance, ou celui du photographe. Un mannequin ne doit pas être juge, mais complice.

Naît-on mannequin ou le devient-on ? Et reste-t-on mannequin, même quand on ne défile plus ?

C’est amusant parce que vous associez, par votre question, mannequin et femme comme la célèbre phrase de Simone de Beauvoir : « On ne naît pas femme », mais là justement, on peut décider quelle femme on veut être. En revanche, on ne décide pas d’être mannequin : il faut être choisie.

Cela ne dépend pas uniquement de son physique, il y a des modes et des tendances dans les différents physiques, et ce sont les professionnels qui choisissent (agents, photographes, stylistes…).

Pour répondre à la seconde partie de votre question, non, être mannequin, cela veut dire s’associer à un moment donné à des créatifs ; s’il n’y a plus de créatif, il n’y a plus d’image.

Avoir prêté vos traits à Marianne vous a-t-il impressionnée ?

Flattée surtout ! Ce sont tous les maires de France qui votent, et devenir l’image de son propre pays est évidemment un grand honneur. Et après Brigitte Bardot ou Catherine Deneuve, encore plus…

Quel(s) souvenir(s) gardez-vous de Karl Lagerfeld avec qui vous avez connu le meilleur et le pire ?

Karl avait énormément d’humour, était prolixe et rapide, mais il a surtout été un véritable professeur pour moi, et j’ai appris grâce à lui le métier de styliste dans cette belle école qu’était Chanel.

Vos priorités en quelques mots ?

Mes enfants, pas vous ? !

Si c’était à refaire, vous changeriez quelque chose ?

J’aurais osé déplaire plus tôt. Bon, disons que j’aurais osé avoir plus confiance en moi plus tôt. Mais il faut bien que l’âge ait des avantages (rires) !

« La Parisienne » à Beyrouth, c’est une première. Qu’est-ce qui vous a tentée dans cette nouvelle aventure libanaise ?

De multiples raisons : j’ai toujours voulu aller à Beyrouth. Je ne fais rien sans une rencontre auparavant avec des personnes qui ont la même vision, et cela a été le cas. Je me suis toujours bien entendue avec les femmes libanaises, qui ont de la personnalité et de l’humour. Il y a une culture de la beauté et de l’élégance au Liban. En plus, mon mari avait de la famille au Liban (les Sursock), donc mes filles sont un peu libanaises !

*Le lancement aura lieu le jeudi 19 septembre à partir de 18 heures à l’espace ID Plus, Mkallès.


Pour mémoire 

Inès de La Fressange, plurielle et singulière

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