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Lifestyle - Mostra de Venise 2019

Julie Andrews, « formelle de l’extérieur, mais bariolée de l’intérieur »

La 76e édition de la Mostra de Venise a rendu hommage à l’actrice en lui remettant un Lion d’or pour l’ensemble de sa carrière. Une cérémonie qui a été suivie, le lendemain, par une rencontre du public avec la célèbre « nanny » de Hollywood. Un moment inoubliable.

Julie Andrews au 76e Festival du film de Venise qui lui a rendu un bel hommage. Alberto Pizzoli/AFP

En attendant Dame Julie Andrews, la file d’attente se faisait de plus en plus longue devant la salle Perla où était prévue la rencontre avec l’actrice. Deux heures, exactement, tout en sachant que probablement l’entrée dans la salle serait quasi impossible, vu les priorités d’accès. Le risque était grand mais pouvait-on rater cette (seule) occasion de rencontrer celle qui a bercé l’enfance de plusieurs générations, et la nôtre, avec Mary Poppins et The Sound of Music ? Comment ne pas tenter l’impossible pour rencontrer ce mythe qui a donné vie à cette Mélodie du bonheur, à l’affiche, dans les années 60, de l’ancien cinéma Capitole à Beyrouth durant de nombreux mois. La sortie de ce film était un événement incontournable qui poussait même les jeunes adolescents de l’époque à rivaliser sur le nombre de fois où ils avaient vu le film : « Moi, je l’ai vu 11 fois », disait l’un, et l’autre de rétorquer fièrement : « Moi 23 ! » Toutes ces années plus tard, chargées de notre vécu, comment appréhender l’actrice ? L’icône qui n’a jamais voulu être star ? A-t-elle changé ? Est-elle aussi bienveillante, généreuse, souriante, amène qu’elle en a l’air ? Toutes ces questions se bousculaient dans nos têtes alors que nos cœurs en attente battaient la chamade. À mes côtés dans la file, d’autres personnes, plus jeunes, avouent également partager ce rêve de la rencontrer.

La magie opère toujours

La porte de la salle s’ouvre et l’on commence à avancer. Un sentiment de victoire et de soulagement envahit les privilégiés qui s’installent et attendent fiévreusement Maria, Mary ou simplement la magnifique Julie. Vêtue d’un tailleur-pantalon blanc, les cheveux, comme toujours, coupés courts et le sourire éclairant son visage, elle apparaît, lumineuse. L’actrice, dont l’image trop lisse a été renforcée par son rôle de Maria – la novice qui devient la gouvernante des enfants von Trapp dans The Sound of Music –, mais qui dissimule un tempérament rebelle derrière des yeux coquins, ne s’est certainement pas inclinée devant les aléas de la vie. Sa personnalité malicieuse qui transparaît derrière le profil de nounou correcte et sévère n’a pas pris une seule ride. « D’ailleurs, dit-elle, mon costume de Mary Poppins, conçu par mon ex-mari Tony Walton, me ressemble totalement. Formel de l’extérieur mais bariolé et coloré de l’intérieur. » « Je ne suis pas un modèle de vertu comme on aime à me faire apparaître, avoue-t-elle. Certains jurons proférés lors du tournage de Mary Poppins, surtout à la suite d’une chute de haut alors que j’étais attachée à des harnais pour voler, ont vite fait de surprendre Walt Disney ! » L’actrice oscarisée et récipiendaire la même année d’un Golden Globe pour Mary Poppins raconte des histoires devant une foule silencieuse et partage des anecdotes de sa vie privée : « Je ne sais pas cuisiner. J’ai même ajouté un jour au gâteau du bicarbonate de soude au lieu de la levure ! » D’autres plus coquines, comme lorsqu’elle dort dans le même lit que Paul Newman pour les besoins d’un film. Elle se souvient aussi de sa répartie à l’adresse de Robert Wise lorsqu’il lui propose le film The Sound of Music  : « Je ne pouvais m’empêcher de m’écrier : n’y a-t-il pas trop de nonnes, d’enfants et trop de bons sentiments ? » Et parle de sa rencontre avec Blake Edwards qui lui offre un des plus beaux rôles de sa carrière : Victor Victoria. « Il avait vu en moi plus qu’une Mary Poppins. »

Mémoire et Mémoires

Sa carrière riche et ses rapports avec Hollywood seront évoqués dans un livre intitulé Homework, coécrit avec sa fille Emma Walton Hamilton – qu’elle a eue de son premier mariage avec Tony Walton –, dont la parution est prévue pour le mois d’octobre. On y trouve le témoignage de ces années folles, de ses succès, « très rapides, souligne-t-elle, et qui peuvent monter à la tête si on n’a pas les pieds sur terre ». Et les détails d’une carrière faite aussi de rencontres, de décisions opportunes et de tournants importants, comme celui qu’elle prend au milieu des années 60 alors qu’elle se produit dans des comédies musicales. Le très inspiré Walt Disney, se souvient-elle, entre un jour dans sa loge et lui propose le rôle de Mary Poppins au cinéma. Julie Andrews hésite un peu. Enceinte de trois mois, elle ne sait si elle doit dire oui ou non au grand Walt. Disney tranche en lui disant : « Ne vous en faites pas, je vous attendrai. » C’est ainsi que, quelques mois plus tard, la comédienne britannique rejoint le tournage avec son mari Tony Walton qui sera consultant pour les magnifiques costumes du film.

La comédienne octogénaire a l’élégance naturelle et l’humour caustique. Elle se dit « bénie » d’avoir encore cette allure, debout devant la vie. « Je suis même étonnée », plaisante-t-elle. « Je suis toujours émerveillée par le fait que j’ai été cette fille chanceuse à qui on a demandé de jouer ces rôles merveilleux. De plus, j’ai toujours essayé de voir la moitié du verre pleine. Ainsi quand Jack Warner, producteur de My Fair Lady, a préféré donner le rôle d’Eliza Doolitle à Audrey Hepburn, alors que je l’interprétais à Broadway, j’ai certainement été déçue. Mais par la suite, en recevant le Golden Globe pour mon rôle dans Mary Poppins, je l’ai remercié de m’avoir donné l’occasion d’avoir ce trophée. » Bien qu’elle ait arrêté de chanter il y a quelques années en raison d’une opération aux cordes vocales, Julie Andrews continue à prendre la vie musicalement et se dit prête à faire un tas de choses. « J’ai plein de projets dans la tête et je compte bien les réaliser... »



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L'inoubliable Julie Andrews The sound of music Ou La magie d'une actrice.

Sarkis Serge Tateossian

10 h 58, le 06 septembre 2019

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Commentaires (1)

  • L'inoubliable Julie Andrews The sound of music Ou La magie d'une actrice.

    Sarkis Serge Tateossian

    10 h 58, le 06 septembre 2019

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