Le régime syrien a cessé ses frappes aériennes samedi sur la région d'Idleb, au premier jour d'une trêve annoncée après quatre mois de bombardements dévastateurs sur cette région du nord-ouest du pays en guerre, a indiqué une ONG.
Cette trêve a été annoncée la veille par la Russie, l'alliée du président syrien de Bachar el-Assad qu'elle aide dans le conflit, particulièrement dans son offensive contre les jihadistes et les rebelles dans la région d'Idleb (nord-ouest), qui a fait plus de 950 morts parmi les civils depuis fin avril.
Une précédente trêve décrétée début août dans cette même région a volé en éclats au bout de quelques jours, le régime ayant repris ses raids après avoir accusé ses adversaires de ne pas la respecter. "Il n'y a pas d'avions de combat dans le ciel et les frappes aériennes ont cessé" samedi après l'entrée en vigueur de la trêve unilatérale vers 06h00 locales (03H00 GMT), a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Les combats ont également cessé et seuls des tirs d'artillerie sporadiques sont entendus près de la localité de Maarat al-Noomane, dans le sud de la province d'Idleb, frontalière de la Turquie, a indiqué cette ONG.
A la faveur de la trêve, Ahmed Ibrahim est retourné chez lui dans le village de Maar Shourine près de Maaret al-Noomane, mais juste pour récupérer quelques affaires. "Le régime, comme d'habitude, va violer le cessez-le-feu et ne va pas tenir sa promesse", a dit à l'AFP ce Syrien qui a fui il y a 15 jours vers une région plus au nord.
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"Cauchemars humanitaires"
A Damas, l'agence officielle Sana a indiqué que l'armée syrienne avait accepté de respecter l'arrêt des hostilités mais qu'elle "se réservait le droit de réagir aux violations".
Vendredi, le Centre russe pour la réconciliation en Syrie a affirmé qu'un accord avait été conclu pour "un cessez-le-feu unilatéral des forces gouvernementales", et appelé "les groupes armés à renoncer aux provocations".
Fin avril, le régime Assad aidé de Moscou a lancé des bombardements aériens et à l'artillerie contre la province d'Idleb et les secteurs limitrophes dans les provinces voisines de Hama, Lattaquié et Alep, dominés par les jihadistes de Hayat Tahrir al-Cham (HTS, ex-branche syrienne d'el-Qaëda) et où des groupes rebelles sont également présents.
Le 8 août, il a débuté une offensive au sol reprenant de nombreux secteurs, dont la ville stratégique de Khan Cheikhoun dans le sud d'Idleb et la totalité de la province de Hama. La nouvelle trêve semble être un nouvel effort pour éviter ce que l'ONU a décrit comme l'un des pires "cauchemars humanitaires" du conflit.
Depuis fin avril, les bombardements syriens et russes ont tué plus de 950 civils dans la région d'Idleb selon l'OSDH et plus de 400.000 personnes ont été déplacées d'après l'ONU.
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"Processus politique"
Les attaques contre des "Syriens innocents à Idleb doivent immédiatement cesser pour que la crise humanitaire puisse prendre fin et le processus politique progresser", a déclaré vendredi le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo après une rencontre avec l'émissaire de l'ONU pour la Syrie, Geir Pedersen.
Quelques heures avant l'entrée en vigueur de la nouvelle trêve, l'OSDH a signalé une frappe aérienne russe contre un établissement de santé dans la province d'Alep, qui a blessé des membres du personnel. Selon l'ONU, 43 établissements de santé ont été touchés depuis avril.
L'ensemble de la région d'Idleb, qui abrite quelque trois millions d'habitants, était censé être protégé par un accord sur une "zone démilitarisée", annoncé en 2018 par la Turquie, un allié de groupes rebelles, et la Russie pour séparer les zones gouvernementales des territoires aux mains des jihadistes et insurgés. Mais cet accord n'a pas été respecté et n'a pas empêché l'offensive.
Le régime Assad, qui a repris environ 60% du territoire avec l'aide militaire de Moscou mais aussi de l'Iran et du Hezbollah, s'est engagé à récupérer le reste du territoire, y compris Idleb. De vastes régions aux mains des forces kurdes dans l'est syrien échappent également au contrôle du régime.
Déclenchée en 2011 après la répression de manifestations prodémocratie, la guerre s'est complexifiée avec l'implication d'acteurs étrangers et de groupes jihadistes. Elle a fait plus de 370.000 morts, poussé à la fuite des millions de personnes et dévasté le pays.
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