À vous votre Libanais, chers sires,
Et à moi, mon Libanais, très cher ;
Votre Libanais sous votre empire,
Et mon Libanais fort, libre et fier.
À vous votre Libanais, énorme,
Et à moi mon Libanais, profond ;
Votre Libanais de pure forme
Et mon Libanais dans son tréfonds.
À vous votre Libanais hors norme,
Et à moi mon Libanais normal ;
Votre Libanais est multiforme
Et mon Libanais est national.
À vous votre Libanais sectaire ;
À moi mon Libanais citoyen ;
Votre Libanais communautaire,
Séparé par des murs mitoyens.
À vous votre Libanais étrange ;
À moi, familièrement, le mien ;
Votre Libanais, loin d’être un ange,
Et le mien, qui est homme de bien.
À vous le Libanais demi-teinte
Qui importe des noirceurs en chœur,
Lui dont la libanité est feinte ;
À moi mon Libanais de tout cœur !
À vous votre Libanais raciste,
Infecté d’un poison microbien ;
À moi mon Libanais humaniste,
Bon Samaritain, tisseur de liens.
Votre Libanais fait des croisades ;
Mon Libanais, à moi, fait la paix ;
Le vôtre s’enfle en rodomontades ;
Et le mien, d’amitié se repaît.
À vous votre Libanais servile,
À moi mon Libanais souverain ;
Vos faux Libanais aux armes viles ;
Mes vrais Libanais aux bras d’airain !
Votre Libanais vient des peuplades ;
Mon Libanais vient d’un peuple uni.
Le vôtre va à la débandade ;
Le mien vit en groupes réunis.
Votre Libanais, d’instinct grégaire,
Fuit mon Libanais indépendant.
Le vôtre suit les seigneurs de guerre ;
Et le mien suit son cèdre ascendant.
À vous vos Libanais « honorables »
Aux comportements déshonorants ;
À nous nos Libanais respectables,
À l’esprit civique et au cœur grand.
À vous votre Libanais horrible,
Retors, immoral et corrompu ;
Mon Libanais est incorruptible,
De rectitude jamais repu.
À vous votre Libanais qui jure ;
À moi, mon Libanais de plein droit ;
Votre Libanais qui se parjure
Et mon Libanais qui, en lui, croit.
À vous le Libanais d’autres terres ;
À moi le Libanais du Liban ;
Votre Libanais est adultère,
Et le mien est un drapeau flambant.
À vous votre Libanais, chers sires,
Et à moi, en moi, mon Libanais ;
Votre Libanais, à vous, expire,
Mais mon Libanais, à moi, renaît.
Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour.
commentaires (2)
TRES BIEN ECRIT, TRES SIGNIFICATIF, ET TRES VRAI. ADRESSE JE CROIS AUX ABRUTIS A L,APPARTENANCE NON NATIONALE ET QUI DETRUISENT CE MALHEUREUX PAYS.
LA LIBRE EXPRESSION
19 h 23, le 22 août 2019