Depuis deux jours, les grands-mères palestiniennes sont à l'honneur sur les réseaux sociaux, dans le cadre d'une grande campagne de solidarité avec l'élue américaine d'origine palestinienne Rachida Tlaib, à qui Israël a imposé des "conditions oppressives" à une visite à sa grand-mère de plus de 90 ans en Cisjordanie occupée, la poussant à annuler ce voyage.
Avec le hashtag (mot-dièse) "#MyPalestinianSitty" (ma grand-mère palestinienne), les internautes postent des photos de leur "sitty" et des anecdotes de ce qu'elles ont vécu, émaillées de rappels des principales étapes du conflit israélo-palestinien.
La responsable de l'OLP Hanane Achraoui a tweeté la photo de sa grand-mère, "Téta Farha, à Ramallah en 1925", ajoutant qu'elle était "malheureusement décédé peu après", et celle de son autre grand-mère, "Téta Zareefeh, qui a élevé avec amour ses neuf enfants et qui est décédée durant la guerre de 1967".
#MyPalestinianSitty Teta Farha in Ramallah around 1925; sadly she died shortly after this photo was taken. My step grandmother, Teta Zareefeh, lovingly raised all nine of her children. She died in 1967 during the war. Palestinian women are truly the salt of the earth. pic.twitter.com/Zk6iBIV6QZ
— Hanan Ashrawi (@DrHananAshrawi) August 18, 2019
Athena Salman, une politicienne américaine et élue démocrate à la Chambre des représentants de l'Arizona, a partagé une photo de sa grand-mère, "née avant la Nakba, en 1926". Il n'y avait que de la joie et de l'amour dans son cœur", ajoute-t-elle.
#MyPalestinianSitty was born before the nakba in 1926. Only love and joy in her heart. I miss her dearly. pic.twitter.com/cpm3uuQIid
— Rep. Athena Salman (@AthenaSalman) August 18, 2019
Cet internaute, qui s'identifie comme un doctorant en études hébraïques à l'Université de New York, raconte de son côté que sa grand-mère Fatma "a vécu la guerre de 48, l'occupation de Gaza en 56, la réoccupation de Gaza en 67, l'invasion du Liban en 78 et en 82, les 1ere et 2e intifadas, les attaques israéliennes sur Gaza et 13 ans de blocus et de 6 heures d'électricité par jour". "Elle continue de sourire", ajoute-t-il.
Meet #MyPalestinianSitty Fatma. She witnessed the 48 war, 56 occupation of Gaza,67 reoccupation of Gaza,78 invasion of Lebanon, 82 invasion of Lebanon, 1st & 2nd Intifadas, 3 major Israeli attacks on Gaza, & 13 years of blockade w/6 hours of electricity a day. She still smiles? pic.twitter.com/oHZIq1htMx
— Jehad Abusalim جهاد أبو سليم (@JehadAbusalim) August 18, 2019
"Ma grand-mère palestinienne a survécu au massacre de Deir Yassine (du 9 avril 1948, ndlr), le premier village qui a été saccagé avant la Nakba, avec pour objectif de montrer l'exemple aux autres villages palestiniens qui ne voulaient pas se rendre. Sur 600 villageois, plus de 200 ont été tués. Nous n'oublierons jamais", écrit cet internaute.
#MyPalestinianSitty survived the Deir Yassin massacre, the first village that was ransacked before the Nakba strikes with the purpose to set an example for other Palestinian villages if they didn’t surrender. Out of 600 villagers, over 200 were murdered. We will never forget. pic.twitter.com/5BNum6GeqF
— ameer al-khatahtbeh (@boysaint) August 18, 2019
L'activiste politique et féministe Linda Sarsour a, elle, partagé une photo de ses deux grands-mères, Sarah et Halima. "Je suis la personne que je suis aujourd'hui grâce aux sacrifices et à la résilience de ces deux femmes", écrit-elle.
These are #MyPalestinianSitty(s) Sarah and Halima. I am who I am today because of the sacrifices and resilience of these two women. (Yes, that cute lil girl is me and that’s my dad, circa 1981) pic.twitter.com/MHaim90Yvl
— Linda Sarsour (@lsarsour) August 18, 2019
Humanisation "d'un des peuples le plus déshumanisé"
Fin de semaine dernière, Mme Tlaib et sa collègue, la démocrate Ilhan Omar, avaient été interdites de voyage via Israël, une interdiction qu'avait réclamée le président américain, Donald Trump, en raison de leur soutien au mouvement BDS, de boycott de l'Etat hébreu. L'élue d'origine palestinienne avait pour finir été autorisée à représenter une demande de visa pour rendre visite à sa famille sous des conditions de "visa humanitaire". Seule élue américaine d’origine palestinienne Rachida Tlaib avait pour finir renoncé à son voyage. "Rendre visite à ma grand-mère dans les conditions oppressives imposées par Israël et destinées à m'humilier briseraient le cœur de ma grand-mère", avait-elle expliqué dans un communiqué.
Réagissant à la campagne lancée sur les réseaux sociaux, Rachida Tlaib a elle-même posté des photos de ses grands-mères.
This was my other #MyPalestinianSitty who no one could mess with. She was proud of being from #BeitHanina and was one fierce woman. pic.twitter.com/6VKUArdekD
— Rashida Tlaib (@RashidaTlaib) August 18, 2019
"Voici mon autre grand-mère, que personne ne pouvait embêter. Elle était fière d'être de Beit Hanina et une réelle femme de caractère", a-t-elle twitté.
La photo qu'elle a publiée de son autre grand-mère a été notamment commentée par Mme Omar, qui s'est dite fière que le hashtag #MyPalestinianSitty connaisse autant de succès. "Je suis très émue que nous soyons finalement en train d'humaniser l'un des peuples les plus déshumanisés", a-t-elle ajouté.
#MyPalestinianSitty https://t.co/HnLu8r4iEn pic.twitter.com/4To57ZRpmG
— Rashida Tlaib (@RashidaTlaib) August 18, 2019
Face au grand mouvement de solidarité envers Rachida Tlaib, de nombreuses voix se sont élevées pour dénigrer cette campagne en ligne. Plusieurs internautes ont notamment estimé que l'élue faisait passer ses intérêts politiques avant sa volonté de voir sa famille.
Lire aussi
« Aux yeux du monde entier, Netanyahu a obéi à Trump »
Rashida Tlaib, farouche opposante de Trump et critique d'Israël
commentaires (2)
Si les palestiniens ont commis beaucoup d'erreurs, il reste qu'Israël doit humaniser sa politique envers les palestiniens. Il y a trop de souffrances inutiles, injustes.
Sarkis Serge Tateossian
23 h 33, le 19 août 2019