Sur l’air de La Bohème de Charles Aznavour, voici la complainte du Libanais troubadour
Je vous parle d’un temps
Que les moins de trente ans
Ne peuvent pas connaître.
Le Liban de papa
Allait à petits pas
Pour bâtir son bien-être
Et si l’humble local
Ne semblait pas trop mal
Pour gérer mon affaire
C’est là que j’ai connu, grâce à mon savoir-faire,
Des succès bienvenus.
Ma carrière, ma carrière
Ça voulait dire qu’on est heureux
Ma carrière, ma carrière
Et nous étions choyés des dieux.
Dans les pays voisins
Nous étions quelques-uns
À tenter l’aventure
Faisant de notre mieux
Des projets merveilleux et de bonne facture
Et lorsqu’on nous réglait
Sans fard et sans délai
Le prix de notre peine
Nous mettions de côté
Ce qu’il fallait prévoir pour des temps moins fêtés
Nos carrières, nos carrières
Ça voulait dire un cœur vaillant
Nos carrières, nos carrières
Et nous vivions de l’air du temps.
Soudain il arriva
Que le Ciel éprouva
Une sainte colère
L’horizon s’obscurcit
De guerres sans merci
Et si nos vœux pieux
N’ont pas ému les cieux
Cela prouvait peut-être
Qu’il fallait payer cher
Le prix des vanités en subissant l’enfer
Ma carrière, ma carrière
N’a plus connu des jours sérieux
Ma carrière, ma carrière
Se consuma à petit feu.
Quand je vois aujourd’hui
L’état de mon pays
Dans sa grande détresse
Je ne reconnais plus
Ni les jours ni les rues qui ont vu ma jeunesse
En haut de l’échiquier
Je constate en premier
Qu’aucune loi n’existe
Dans son nouveau décor
Le Liban est tout triste
Et nos espoirs sont morts
Ni barrières ni frontières
Tout est fichu et l’on s’en fout
Ni carrière ni… prière
Ça ne veut plus rien dire du tout.
Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour.
commentaires (1)
Excellent ?...
Claude Ghazal
14 h 37, le 14 août 2019