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La Consolidation de la paix au Liban - Août 2019

Éditos


© Illustration de Mona Abi Wardé

Les femmes et l'industrie de la paix

De nombreuses femmes que nous rencontrons chaque jour au Liban ont été en mesure de relever le défi de la consolidation de la paix. Nombre d'entre elles, sinon toutes, ont su maintenir une attitude de résilience et de force en temps de guerre et d’exode.

Ce supplément présente les perspectives nationales et internationales pour mieux comprendre le travail des femmes dans la consolidation de la paix au Liban, leurs missions, leurs luttes, leurs sacrifices, leurs espoirs et leurs aspirations. Il présente également, à travers la vie de femmes libanaises, syriennes et palestiniennes architectes de la paix résidant au Liban, toutes les raisons pour lesquelles les femmes doivent jouer un rôle dans la décision de leur propre avenir et construire une meilleure paix.

En tant que militantes et actrices de la paix, réfugiées, chargées du ménage et leaders communautaires, les femmes de ce supplément partagent leurs expériences et les enseignements tirés de leur travail dans le domaine de la consolidation de la paix au Liban.

Ce supplément, financé par l'Allemagne via la Banque de Développement Allemande KfW, témoigne également de l'engagement et du soutien sans faille de l'Allemagne à la mise en œuvre au Liban et dans la région de la résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations Unies. Adoptée en 2000, cette résolution reconnaissait l’impact des conflits sur les femmes ainsi que leur contribution à la paix, à la sécurité, à la prévention des conflits et au redressement. Ces sujets doivent constamment être abordés et discutés au Liban, d'autant plus que, selon le Global Gender Gap Report publié en 2018 par le Forum économique mondial, le Liban se classe 140ème sur 149 devant l'Arabie saoudite, l'Iran, la Syrie, l'Irak et le Yémen dans la région.

Dans ce contexte, le gouvernement allemand et la Banque Allemande de Développement KfW, ainsi que leurs partenaires, s'emploient également à soutenir les femmes au Liban en renforçant leur participation politique et en sensibilisant l'opinion sur le rôle important des femmes en tant que dirigeantes dans certaines collectivités du Liban. Promouvoir la participation économique et lutter contre la violence sexiste sont également au cœur de la mission de l’ambassade d’Allemagne au Liban. Et tout en nous concentrant sur les femmes en tant que leaders dans la société, nous ne pouvons jamais oublier le rôle important que jouent les hommes en tant qu'agents de changement.

Lorsque les femmes sont engagées dans les domaines politique et de la sécurité, ainsi que dans les processus de médiation, de paix et de négociation, la paix et la sécurité sont renforcées. C’est ce que reflète le supplément que vous avez entre les mains.

Bonne lecture.

Sascha Stadtler

Directeur, Banque Allemand de Développement KfW, Liban


Les femmes arabes, flambeau de la paix

Alors que le monde arabe continue de faire face à la crise, notre supplément se concentre sur les nombreuses actions que les femmes entreprennent chaque jour au Liban, en vue de contribuer à leur propre niveau à baliser les chemins de la paix et participer à sa consolidation, ainsi qu’au règlement des conflits.

Les récits de ce supplément mettent donc en lumière les nombreuses Libanaises, Palestiniennes et Syriennes qui se présentent comme autant de flambeau de la paix à travers le Liban et remettent en question les rôles traditionnels qu’on attend des femmes. Elles nous rappellent l’importance de renforcer la représentation féminine dans la conscience collective et de documenter leur contribution déterminante au changement social.

Plus particulièrement, le récit des efforts de consolidation de la paix des Libanaises pendant et après la guerre civile peut servir d’exemple à d’autres pays en guerre. Les équilibres que les femmes syriennes s'efforcent de réaliser dans l'éducation de leurs enfants peut constituer un modèle de médiation dans les conflits au sein de toutes les communautés de réfugiés à travers le monde entier. Enfin, la présentation de l'engagement de dirigeantes palestiniennes dans leurs collectivités met en évidence l'impact de l'éducation et des arts sur la construction de la paix. Tous ces flambeaux de la paix devraient partout servir d'inspiration.

Céline Moyroud

Représentant Résident du Programme des Nations Unies pour le Développement


Relever le défi

Il est bien curieux de constater que lorsqu’on aborde un sujet quelconque en rapport avec la condition féminine, il existe encore au Liban en ce début du XXIe siècle des hommes qui se croient obligés d’esquisser un sourire narquois, insinuant qu’il existe des questions plus importantes à traiter. Réflexe un tantinet machiste, résidu d’une tenace tradition orientale consistant à confiner la femme dans son rôle de mère et d’épouse au foyer, aimante et résignée.

Certes, cette attitude ne s’affiche plus de façon aussi grossière et ostentatoire qu’elle le fut au temps du système patriarcal absolu, l’époque où le père, l’époux ou le frère décidait de tout et exigeait obéissance et soumission de tous les membres de la famille. La réticence de certains hommes face à l’émancipation de la femme se manifeste de façon plus sournoise, tel qu’obliger la future épouse d’abandonner toute vie professionnelle pour se consacrer au foyer ; proposer à la candidate à l’embauche dans une entreprise un salaire plus bas pour un travail égal à celui de ses collègues masculins ; accepter du bout des lèvres la parité dans les responsabilités administratives ou politiques, pour ensuite jouer sur les chiffres et vider le concept de son contenu…

Pourtant, il est facile de constater qu’aujourd’hui avec le développement de l’éducation, notamment dans les grandes villes, la Libanaise est de plus en plus représentée dans la vie professionnelle, jusqu’aux échelons supérieurs dans les sociétés, les universités et les professions libérales. Nombreuses sont celles qui ont acquis leur autonomie financière et, de ce fait, n’ont plus besoin de s’accrocher aux basques d’un père ou d’un mari pour prendre leur place dans la société.

Pour autant, il serait injuste de faire porter seulement aux hommes la responsabilité de la lenteur dans l’acquisition de leurs droits par les femmes. Certaines d’entre elles se complaisent même dans leur situation, excluant d’avance toute contestation de « l’autorité » patriarcale. C’est à ces dernières surtout qu’il revient de relever le défi de s’affranchir de la tutelle masculine. Tout en douceur et humanité certes, mais avec une bonne dose de fermeté.

Gaby Nasr

Directeur des éditions spéciales du quotidien L’Orient-Le Jour


Les femmes sont le fondement de la construction de la paix

La responsabilité des femmes en période d’adversité et de guerres est peut-être plus grave que durant les beaux jours. Les défis deviennent plus grands. Difficultés quotidiennes de la vie, insécurité, contraintes éducatives… autant de tourments dont les conséquences pèsent sans doute davantage sur la mère et la sœur aînée que sur les hommes, qui maîtrisent les arts de la guerre et sont réticents face aux efforts de paix, car ceux-ci portent atteinte à leur pouvoir et à leur virilité orientale empreinte de violence et de force. Dans ce cas, prêter attention aux femmes devient un devoir urgent, avant même de satisfaire les besoins vitaux en nourriture et en vêtements, car toute confusion ou perte qui atteint la mère risque de métamorphoser l’ensemble de la famille et pousser les enfants dans le tourbillon du vol, du crime, du terrorisme, du combat et de la mort.

Cette situation crée des guerres continues et des guerres qui se succèdent. D'où la nécessité et l'urgence d'affecter les femmes aux soins et au suivi, en particulier dans les camps de réfugiés, où les événements peuvent se précipiter jusqu’au chaos et où les moyens de contrôle sont limités. Dans certains pays arabes, la mère n’est qu’un outil de procréation, et si l'idée inverse ne se développe pas avec un effort ardu, notre monde arabe restera à la traîne.

Il serait apprécié que nous puissions concrétiser certains propos du chef du gouvernement Saad Hariri et qu’une femme accède un jour au poste de Premier ministre. Probablement qu’une femme occupant un poste avancé obtiendrait ce que les hommes n’ont pas réussi à obtenir, car l'expérience en elle-même est une bonne preuve et nous n'avons rien à perdre dans cette expérience, car nous avons atteint le maximum de pertes.

Ghassan Hajjar

Rédacteur en chef du quotidien an-Nahar


Les articles, enquêtes, entrevues et autres, rapportés dans ce supplément n’expriment pas nécessairement l’avis du Programme des Nations Unies pour le développement, ni celui de L'Orient-Le Jour, et ne reflètent pas le point de vue du Pnud ou de L'Orient-Le Jour. Les auteurs des articles assument seuls la responsabilité de la teneur de leur contribution.




Les femmes et l'industrie de la paixDe nombreuses femmes que nous rencontrons chaque jour au Liban ont été en mesure de relever le défi de la consolidation de la paix. Nombre d'entre elles, sinon toutes, ont su maintenir une attitude de résilience et de force en temps de guerre et d’exode.Ce supplément présente les perspectives nationales et internationales pour mieux comprendre le...

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