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Nos Lecteurs ont la Parole - par Adib TOHMÉ

Il voit Gibran partout

J’ai rêvé la nuit passée que je rentrais au Liban et que le pilote de l’avion était Gibran. Après l’embarquement, le steward me tend le plateau-repas. Je lui demande c’est quoi. Ferme-la et mange, me répond-il. Je me retourne, surpris ; c’est Gibran. Arrivé à Beyrouth, je présente mon passeport à la douane. Un policier ressemblant furieusement à Gibran l’examine avec indifférence et le tamponne. Je reprends mon passeport. Je traverse le duty free et j’achète un cross de Marlboro super light. Le caissier c’est Gibran. Le gérant du duty free est Gibran. Au moment de sortir du portique de sécurité, un autre Gibran me prend à l’écart et m’intime de placer mon sac aux rayons x. Je m’exécute. Je reprends mon sac. En sortant du hall d’arrivée, j’observe plusieurs Gibran qui m’observent avec des pancartes au nom de Gibran.

À l’extérieur de l’aéroport, des chauffeurs de taxi qui ressemblent à Gibran m’interpellent : « Taxi, taxi ! » Je me dirige vers le parking géré par un gendre de Gibran. Je monte dans un taxi, le chauffeur se retourne pour me demander où je vais et c’est Gibran. Il salue un autre Gibran sur le trottoir et démarre. La voiture est immobilisée dans un embouteillage monstre. Gibran est en train d’inaugurer un musée de Gibran. Les piétons se faufilent entre les voitures : il n’y a que des Gibran. Nous croisons un autobus, le chauffeur est Gibran, les passagers aussi. Nous nous dirigeons vers une piste de danse géante en plein air où le DJ, Gibran, donne un concert de musique. Autour de moi une foule de Gibran se défoulent. Je n’ai plus envie de sortir. Je sors de la place. La sortie est quadrillée par des patrouilles des services de sécurité. Là, il y a trois Gibran. L’un d’eux examine mes papiers, touche mes bras, mes aisselles et mon ventre, puis me dit : « OK. » Arrivé à la maison, j’appelle le service de livraison à domicile pour commander une pizza. Un type qui a la voix de Gibran prend note et me remercie.

Je n’arrive pas à dormir. Je fais un café et j’allume la télé. Le présentateur ressemble au frère jumeau de Gibran. Je zappe sur une autre chaîne. C’est toujours Gibran. Je ferme la télé. Mon smartphone émet des sons continus. Je jette un regard furtif sur l’écran. L’écran est rempli de tweets de Gibran. Je coupe le son de mon smartphone. Quelques minutes plus tard, on frappe à la porte. Je vais ouvrir et me retrouve face à Gibran qui me notifie une convocation en justice pour avoir écrit sur Gibran. J’étais tellement effrayé que je me réveille. Gibran était toujours là.

*Commentaire d’un lecteur de mon roman « Tout ce qui compte », dont un certain Gibran est le personnage principal. Décidément chaque époque a son Gibran.

Adib TOHMÉ

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour.

J’ai rêvé la nuit passée que je rentrais au Liban et que le pilote de l’avion était Gibran. Après l’embarquement, le steward me tend le plateau-repas. Je lui demande c’est quoi. Ferme-la et mange, me répond-il. Je me retourne, surpris ; c’est Gibran. Arrivé à Beyrouth, je présente mon passeport à la douane. Un policier ressemblant furieusement à Gibran l’examine avec...

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