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Liban - Rencontre

Claudine Aoun : Pour une mobilisation générale en faveur des droits de la femme

Après les discussions, la photo souvenir autour de Claudine Aoun Roukoz.

La Commission nationale pour la femme libanaise est une véritable ruche. Elle multiplie les initiatives, indifférente aux remous politiques. De l’avis de tous ses membres, c’est sa présidente, Claudine Aoun Roukoz, qui a insufflé un vent nouveau au sein de la commission, faisant de cette institution officielle un organisme efficace et actif, soucieux de promouvoir la femme libanaise au sein de la société pour faire progresser celle-ci dans son ensemble. Hier, et dans le cadre de ses rencontres avec les différents secteurs influents, la présidente de la commission a organisé une table ronde avec les représentants de différents médias. Elle a profité de cette occasion pour lancer le plan stratégique conçu pour exécuter la résolution 1325 du Conseil de sécurité consacrée à la femme et à son rôle dans l’instauration de la paix et de la sécurité, avant d’engager une discussion avec les présents sur les moyens de faire avancer les droits des femmes. Entourée de ses principales collaboratrices, pour la plupart des jeunes femmes enthousiastes et motivées, Mme Aoun Roukoz a exposé à l’assistance les grandes lignes du plan stratégique élaboré par la commission et qui devrait être adopté en Conseil des ministres, puisque la commission, créée en 1998, en application des recommandations du congrès de Pékin en 1995 sur la femme, est rattachée au gouvernement.

Claudine Aoun Roukoz a donc voulu mobiliser les médias en faveur du plan élaboré, pour inciter indirectement les ministres, qui planchent déjà sur un grand nombre de dossiers plus épineux les uns que les autres, à accorder leur attention à cette initiative. Elle reconnaît toutefois que l’équipe actuelle est très sensible au sujet des droits de la femme, tout comme d’ailleurs les institutions militaires et sécuritaires. Mais le chemin est encore long.


(Pour mémoire : Claudine Aoun Roukoz, une femme d’action qui se bat jusqu’au bout)



Il faut préciser que la résolution 1325 prévoit la nécessité de renforcer le rôle de la femme dans les sociétés du monde pour consolider la paix. Mme Aoun Roukoz et son équipe ont préparé ainsi un film en deux versions, une courte et l’autre longue, pour mobiliser les Libanais sur l’importance de donner un rôle accru aux femmes dans tous les domaines. Il devrait être diffusé par les chaînes de télévision et même dans les salles de cinéma. Les grandes lignes de la stratégie proposée par la commission reposent sur quatre axes : la participation à la décision, la protection des femmes contre toute forme de violence et de discrimination, la prévention des femmes contre les conflits armés et le secours et le développement en cas de catastrophe naturelle et autre.

Mme Aoun Roukoz et ses collaboratrices, car elle insiste sur le fait qu’il s’agit d’un travail collectif, estiment qu’il est très important d’adopter des lois qui préservent les droits des femmes, mais le plus important, c’est aussi de les appliquer. Pour cela, il faut mobiliser l’opinion publique et tous les corps professionnels concernés. La commission a réussi des percées notamment en matière de mariage précoce des mineures qui était tombé à 11 %. Mais depuis l’arrivée massive des déplacés syriens, le pourcentage est remonté à 40 %. C’est d’autant plus inquiétant que les Syriennes mineures épousent des Libanais parce qu’elles cherchent une certaine stabilité (elles ou leurs parents), mais cela pose d’autres problèmes qui touchent au tabou de la nationalité. Claudine Aoun Roukoz est consciente du fait que ces sujets sont délicats et provoquent des polémiques, mais selon elle, ce n’est pas une raison pour les occulter.


(Pour mémoire : Claudine Aoun Roukoz défend le droit de la femme à transmettre sa nationalité)



La nationalité

Au risque de déplaire, elle ne cache pas son opinion sur le fait qu’empêcher la mère libanaise de donner la nationalité à ses enfants est une injustice. Elle ne le dit pas par désir de provoquer, mais parce que cette question est liée à l’égalité entre les hommes et les femmes. Le refus de laisser la femme donner la nationalité à ses enfants repose, selon elle, sur un vieux cliché qui consiste à croire que lorsqu’une femme se marie, elle adhère totalement à l’identité de son mari et à son environnement. Or, ce n’est pas toujours le cas. De plus, selon elle, le décret de naturalisation de 1994 a augmenté la méfiance à ce sujet, car il a naturalisé des centaines de milliers de Syriens et de Palestiniens qui n’étaient pas des réfugiés, dans le but politique de pouvoir influer sur le cours des élections législatives à travers eux, dans les régions où ils ont été inscrits. Il s’agit certes d’une expérience mauvaise, mais il ne faut pas généraliser. Claudine Aoun Roukoz affirme qu’il est toujours préférable de discuter franchement plutôt qu’occulter les questions qui dérangent, mais dans ces dossiers délicats, elle évite la confrontation et cherche à ne pas braquer ses interlocuteurs. Ce qui compte pour elle, c’est de faire avancer les droits des femmes pour le bien de la société. Elle précise qu’en réalité, elle a repris la stratégie nationale qui avait été élaborée par cette même commission nationale en 2011 et pour dix ans, tout en l’améliorant et en l’adaptant à la société d’aujourd’hui.

Elle prépare ainsi un projet de loi qui sanctionnerait le harcèlement sexuel dans le lieu de travail et elle a réussi à obtenir un amendement de la loi sur le viol et une annulation de la loi interdisant aux femmes mariées de se présenter aux élections municipales dans son village natal. Elle a aussi obtenu l’installation d’une ligne verte (1745) pour dénoncer les violences conjugales qui peut être utilisée par toute personne qui est témoin de violences conjugales. Mais elle est consciente qu’il y a encore beaucoup à faire, notamment au niveau des mentalités. Elle songe ainsi à proposer d’introduire dans les programmes scolaires des matières sur les droits de la femme et sur l’égalité, tout comme elle songe à préparer une sorte d’annuaire des femmes qualifiées dans les différents secteurs professionnels. Beaucoup d’idées, de grands projets et une grande détermination règnent actuellement au sein de la Commission nationale pour la femme libanaise. Mais pour que tout cela se concrétise, elle a besoin de l’appui des Libanais, toutes tendances et allégeances confondues.


Pour mémoire

La CNFL soumet à Hariri une proposition de loi autorisant les Libanaises à transmettre leur nationalité

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