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Moyen Orient et Monde - Éclairage

Nouvelle attaque de grande envergure des forces israéliennes en Syrie

Un missile antiaérien syrien a terminé sa course de l’autre côté de la Méditerranée, sur une montagne au nord de Nicosie.

Des agents chypriotes turcs examinant les restes de ce qu’ils suspectent être un missile russe tombé près de Nicosie et lancé depuis la Syrie dans la nuit de dimanche à lundi. Diyalog Newspaper/AFP

L’aviation israélienne a mené de nouveaux raids en Syrie dans la nuit de dimanche à lundi à partir de l’espace aérien libanais, visant plusieurs cibles aux environs de Damas et de Homs. Selon de nombreux experts, il s’agirait de l’une des plus grandes attaques aériennes jamais menées par Israël en Syrie.

Des positions situées à el-Kessoua, Jamraya et Sahnaya ont ainsi été frappées, des régions à l’ouest et au sud-ouest de Damas où des raids israéliens ont été rapportés par le passé. L’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) a annoncé que des frappes avaient eu lieu contre un centre de recherches et un aéroport militaire à l’ouest de Homs, où sont déployées des troupes du Hezbollah et des troupes iraniennes. Selon les médias prorégime, 16 personnes, dont un bébé, ont été tuées et 21 autres ont été blessées. Parmi les victimes figureraient 10 miliciens iraniens et libanais. Selon l’ONG, la marine israélienne s’est jointe aux frappes, ciblant dix bases du Hezbollah, dont des complexes utilisés par les gardiens de la révolution iranienne, dans le Qalamoun syrien, ce qui aurait entraîné d’importants incendies suite à l’explosion de dépôts de munitions. Depuis 2017, l’État hébreu frappe régulièrement les positions iraniennes en Syrie. L’ancien chef d’état-major de l’armée israélienne Gadi Eisenkot avait notamment fait état, en janvier dernier, de plusieurs « milliers » de frappes sur le territoire syrien. Entre mi-avril et hier, pas moins de sept attaques aériennes israéliennes ont été menées en Syrie. S’exprimant hier lors d’une conférence, le chef du Mossad Yossi Cohen a, selon le Haaretz, évoqué la situation dans le nord du pays. « Nous n’avons aucun intérêt à nous battre avec la Syrie », a-t-il dit. « Mais nous n’accepterons pas l’enracinement de l’Iran contre nous en Syrie, ni le rôle de la Syrie en tant que base logistique pour le transport d’armes au Liban. » Empêcher l’établissement de bases pro-iraniennes et de dépôts de munitions est l’objectif des Israéliens, qui craignent que des avions de ligne commerciaux ne soient utilisés pour réapprovisionner le Hezbollah à partir de l’aéroport de Damas.

L’agence de presse d’État SANA a, de son côté, affirmé que les défenses antiaériennes syriennes ont abattu un certain nombre de missiles.

Un missile antiaérien syrien a toutefois raté sa cible, terminant sa course de l’autre côté de la Méditerranée, sur une montagne au nord de Nicosie, selon les autorités chypriotes turques. Après avoir envisagé plusieurs hypothèses, dont la chute d’un drone, les autorités de l’autoproclamée République turque de Chypre-Nord (RTCN), non reconnue par la communauté internationale, ont privilégié la piste d’un missile de fabrication russe tiré depuis la Syrie, a indiqué son chef de la diplomatie, Kudret Ozersay. Ce dernier a indiqué que les enquêteurs avaient relevé des inscriptions « identiques à celles trouvées sur un missile de type S-200 tombé en Turquie en juillet 2018 ». L’explosion de cet engin, qui n’a pas fait de victimes, a provoqué un important incendie, selon les médias locaux. Le S-200 est un système de défense antiaérienne de fabrication russe, utilisé par l’armée syrienne afin de se prémunir des attaques.



(Lire aussi : Explosion à Chypre-Nord d'un probable missile russe tiré depuis la Syrie)



Promesses russes ?
Cette nouvelle offensive intervient une semaine à peine après le sommet tripartite entre la Russie, les États-Unis et Israël, au menu duquel se trouvait la question de la présence iranienne. « Compte tenu du timing des attaques et de leur ampleur, il faut se demander si elles ont un lien quelconque avec la récente réunion trilatérale, ou si Israël veut donner à l’Iran l’impression que c’est le cas », a tweeté Michael Horowitz, spécialiste du Moyen-Orient à LeBeck International, un think tank basé à Bahreïn. Lors de la conférence de presse la semaine dernière, le secrétaire russe du Conseil de sécurité, Nikolaï Patrushev, a rejeté l’opinion des États-Unis et d’Israël selon laquelle l’Iran représentait « la principale menace à la sécurité régionale » et a déclaré que les frappes aériennes israéliennes en Syrie contre les forces iraniennes et leurs mandataires étaient « indésirables ». Quelques jours avant la tenue du sommet, le président Vladimir Poutine avait affirmé que sur le dossier syrien, la Russie ne vendra ni ses alliés, ni ses intérêts, ni ses principes. Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, avait de son côté déclaré le mois dernier, lors d’une visite de son homologue iranien Mohammad Javad Zarif à Moscou, que les appels américains visant à limiter l’influence de l’Iran en Syrie et dans le Moyen-Orient étaient « irréalistes ».

Après l’incident du 17 septembre dernier, au cours duquel l’armée syrienne avait abattu un avion russe après un raid israélien, beaucoup avaient considéré que Moscou ne permettrait plus à l’État hébreu d’intervenir en Syrie. Force est de constater que cela n’a pas été le cas. Quant aux promesses russes aux Israéliens sur l’éloignement des Iraniens de la frontière, elles n’ont tout simplement pas été tenues. « Les Russes ont répété qu’ils aimeraient voir les forces iraniennes partir », a déclaré le conseiller à la Sécurité nationale, John Bolton, lors de la rencontre trilatérale, citant les propos tenus par le président russe lors d’une récente réunion à Moscou. Ni l’État hébreu ni Washington ne semblent cependant avoir réussi à infléchir la position russe. Même si la Russie domine l’échiquier syrien, elle ne semble pas avoir la volonté et les moyens de limiter la présence iranienne en territoire syrien. Malgré les discours extrêmement durs envers Téhéran, notamment dans le contexte actuel de crise avec les pays du Golfe et de l’accord sur le nucléaire, les Américains ont montré qu’ils n’étaient pas prêts à intervenir en Syrie. Face au blocage russe et à la frilosité américaine, Israël n’a d’autres options que de faire cavalier seul et de poursuivre ses frappes aériennes en Syrie.



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