Rechercher
Rechercher

Moyen Orient et Monde - Diplomatie

Le sultanat d’Oman veut ouvrir une ambassade à Ramallah

Le sultan Qabous d’Oman, le 14 janvier 2019. Andrew Caballero-Reynolds/Pool via Reuters/File Photo

Le sultanat d’Oman, médiateur discret dans plusieurs crises régionales, a annoncé hier son intention d’ouvrir une « ambassade » dans les territoires palestiniens, au moment où les États-Unis cherchent à raviver un processus de paix moribond entre Israël et les Palestiniens. L’annonce a été faite alors que des responsables économiques étaient réunis à Bahreïn pour discuter d’un plan de développement américain des territoires palestiniens, un forum boycotté par l’Autorité palestinienne.

Dans un communiqué, le ministère omanais des Affaires étrangères a précisé qu’une mission se rendrait à Ramallah, en Cisjordanie occupée, siège de l’Autorité palestinienne, pour préparer l’ouverture de cette mission diplomatique. « En soutien au peuple palestinien, le sultanat d’Oman a décidé d’ouvrir une mission diplomatique avec rang d’ambassade dans l’État de Palestine », a indiqué le ministère, une annonce prudemment saluée par une la dirigeante palestinienne, Hanane Achraoui. Oman sera le premier pays arabe du Golfe à avoir une ambassade à Ramallah, un territoire palestinien occupé par Israël depuis plus de cinquante ans.

Le sultanat a boudé la conférence organisée à Bahreïn pour présenter le volet économique du plan de Jared Kushner, conseiller et gendre du président Donald Trump, qui ambitionne de résoudre le conflit israélo-palestinien. Le volet politique de ce plan, qui doit en principe être dévoilé en novembre après les élections israéliennes, ignorerait l’idée d’un règlement du conflit au Proche-Orient sur la base de deux États, israélien et palestinien, longtemps défendue par la diplomatie américaine. La conférence de Bahreïn passe aussi pour un moyen, pour l’administration Trump, d’œuvrer à un réchauffement entre pays arabes et Israël. Paradoxalement, le sultanat d’Oman paraissait jusqu’ici parmi les rares pays du Golfe à avoir des contacts avancés avec Israël. Le sultan Qabous d’Oman a reçu en octobre 2018 à Mascate le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

Discussions secrètes

En février de la même année, Youssef ben Alaoui ben Abdallah, ministre omanais responsable des Affaires étrangères, a été l’un des rares responsables arabes à se rendre sur l’esplanade des Mosquées, troisième lieu saint de l’islam, à Jérusalem-Est, secteur palestinien occupé et annexé par Israël. « Nous saluons l’ouverture d’ambassades par ceux qui reconnaissent la Palestine en tant qu’État », a déclaré à Ramallah la conseillère du président Mahmoud Abbas, Hanane Achraoui. Mais « si cela doit avoir un prix politique, cela aura des ramifications », a-t-elle dit à des journalistes.

Si l’ouverture de cette ambassade a pour corollaire une reconnaissance d’Israël par le sultanat, « ce sera totalement inacceptable », a-t-elle dit. « L’initiative de paix arabe stipule très clairement qu’il ne peut pas y avoir de reconnaissance d’Israël tant qu’il ne s’est pas retiré des territoires occupés. Nous escomptons que l’ambassade d’Oman serve uniquement les Palestiniens. »

Les pays arabes ont historiquement fait du règlement de la question palestinienne la condition d’une normalisation avec Israël. Cependant, après des décennies d’hostilité, les signes d’un rapprochement se sont succédé ces derniers mois. Oman a discrètement accueilli des discussions secrètes entre Américains et Iraniens qui ont abouti à un accord sur le nucléaire en 2015. Le sultanat parle également aux deux parties en conflit au Yémen, ce qui lui a permis d’obtenir la libération de nombreux Occidentaux qui étaient détenus par les insurgés houthis.

« Les bons offices de la diplomatie omanaise ont permis d’éviter des crises régionales dans le passé et seraient les bienvenus dans le contexte israélo-palestinien », relève Elizabeth Dickinson, analyste de l’International Crisis Group. Selon elle, Oman est « l’une des dernières puissances régionales à pouvoir s’adresser véritablement à toutes les parties, un rôle d’une importance vitale dans un moment où les tensions régionales s’exacerbent ». Mme Dickinson a rappelé qu’outre M. Netanyahu, le président palestinien s’était récemment rendu à Oman et que la présence diplomatique du sultanat à Ramallah l’aidera éventuellement à jouer au médiateur entre Israéliens et Palestiniens.

Khaled ORABI/AFP

Le sultanat d’Oman, médiateur discret dans plusieurs crises régionales, a annoncé hier son intention d’ouvrir une « ambassade » dans les territoires palestiniens, au moment où les États-Unis cherchent à raviver un processus de paix moribond entre Israël et les Palestiniens. L’annonce a été faite alors que des responsables économiques étaient réunis à Bahreïn pour...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut