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Liban - Interview

Pour l’ambassadeur des Pays-Bas, « le Liban deviendrait un paradis s’il effectuait les réformes nécessaires »

Sécurité, nouvelles technologies, agriculture et droits de l’homme, engagement avec des jeunes, les projets de coopération entre La Haye et Beyrouth prennent plus d’ampleur.

Jan Waltmans, au centre, visitant un projet de la Fondation René Moawad dans le Akkar. Photo DR

Pour l’ambassadeur des Pays-Bas, Jan Waltmans, il est facile de tomber amoureux du Liban. Mais s’il aime le Liban et son peuple, il n’est pas indifférent aux disparités sociales du pays et confie que ce qui le dérange le plus, au pays du Cèdre, est « l’énorme décalage entre riches et pauvres ». C’est pour cela que M. Waltmans encourage le Liban à engager rapidement les réformes qui permettront au pays de bénéficier des projets promis dans le cadre de la Conférence de Paris dite CEDRE.

« Entre mon mandat en Irak et au Liban, j’ai appris à ne pas faire de prédictions. Mais il faut bien souligner que le Liban est souvent mal positionné dans nombre de classements internationaux. Le pays a besoin de transparence et de chances égales pour tous. Il faut qu’il lutte contre la corruption », dit-il lors d’un entretien avec L’Orient-Le Jour. « Le Liban deviendrait un paradis s’il effectuait les réformes nécessaires et adoptait une politique anticorruption », ajoute le diplomate. « Grâce à diverses conférences, que ce soit celles de Rome, Bruxelles ou la CEDRE, la communauté internationale a montré qu’elle est véritablement engagée à aider le Liban. Mais basé sur l’expérience, ce soutien ne peut en aucun cas être un chèque en blanc. Car s’il est engagé sans les réformes nécessaires, il ne pourra créer les conditions d’un avenir meilleur pour les Libanais. Des changements doivent avoir lieu », souligne-t-il.En matière de soutien, les Pays-Bas ont déjà engagé plusieurs projets de coopération avec le Liban.

« Notre nouveau gouvernement, arrivé il y a un an et demi au pouvoir, a décidé de donner la priorité à l’Irak, à la Jordanie et au Liban qui sont les pays les plus mentionnés dans la déclaration ministérielle. Cela parce que nous nous sentons concernés par la tragédie humanitaire qui touche la région et parce que nous avons des inquiétudes concernant la migration en masse, ainsi que la radicalisation et le terrorisme internationaux. Nous souhaitons que le Liban demeure stable », dit-il, ajoutant qu’au « cours des cinq dernières années, le personnel et les capacités de l’ambassade des Pays-Bas au Liban ont doublé ».

Pour préserver la stabilité, c’est avant tout aux forces armées libanaises que l’importance est donnée. « Comme l’armée libanaise devrait avoir le monopole de la sécurité au Liban, nous la soutenons dans les domaines du déminage et de la sécurité des frontières. Le management intégré des frontières se fait en coopération avec plusieurs pays ;

nous sommes en charge de l’entraînement. Nous soutenons aussi la coopération militaro-civile, ainsi les militaires libanais sont formés pour traiter de la meilleure façon avec les communautés ayant souffert de conflits. Ce sont des projets à intérêt civil, financés par les Pays-Bas, qui sont exécutés par l’armée libanaise dans des localités comme Ersal par exemple », souligne M. Waltmans.



(Pour mémoire : L’ambassade des Pays-Bas soutient l’innovation en matière agroalimentaire)



Pommes de terre libanaises aux Pays-Bas
« Nous sommes aussi présents dans le domaine des droits de l’homme et nous avons dans ce cadre trois priorités : la position des femmes dans la société, la lutte contre la torture et les droits de la communauté LGBT », enchaîne le diplomate.

« Le troisième secteur de la coopération est le commerce. Ainsi, pour encourager les échanges, 17 entreprises libanaises travaillant dans l’agriculture et l’agroalimentaire ont été invitées aux Pays-Bas en octobre dernier. L’ambassade met les gens en contact et c’est aux propriétaires des entreprises de prendre ensuite l’initiative de la coopération », note M. Waltmans.

« Pour aider le Liban à assumer les conséquences de la présence des réfugiés syriens sur son territoire, notre gouvernement a décidé de verser dans les quatre années à venir 50 millions d’euros par an, soit au total 200 millions d’euros. Cette somme est utilisée dans l’éducation des enfants libanais et syriens, et cela à travers des dons versés à l’Unicef, ainsi que dans le développement économique et la création d’emplois », dit-il, donnant l’exemple d’un projet mis en place en coopération avec la Fondation René Moawad. « Des fermiers du Akkar et des spécialistes des Pays-Bas, venant d’universités et d’entreprises, ont réussi à créer des pommes de terre de qualité pouvant être exportées vers l’Union européenne. L’année dernière, pour la première fois, 22 tonnes de pommes de terre ont été achetées par une entreprise néerlandaise et mises sur le marché néerlandais. Ce projet permet à 70 fermiers du Akkar de développer leurs entreprises et crée des emplois pour des ouvriers agricoles syriens. Si la Fondation René Moawad nous présente une bonne proposition, nous poursuivrons ce projet durant cinq ans, tout en réduisant nos fonds afin d’encourager les fermiers à devenir autosuffisants. S’il est mis en place, ce projet englobera également des avocats et des cerises qui seront exportés aux Pays-Bas. De plus, il semble que cette année, l’exportation de pommes de terre libanaises aux Pays-Bas serait quinze fois plus importante que celle de l’année dernière », souligne-t-il.

Sur le plan du soutien à l’agriculture et des nouvelles technologies, les Pays-Bas ont lancé il y a quelques années le projet Agri-Tech, sous l’égide de Berytech qui permet aux jeunes de toutes les universités du Liban de présenter de nouvelles idées dans le domaine de l’agriculture et de l’agroalimentaire.

M. Waltmans dit enfin accorder une importance primordiale aux jeunes qui constituent l’avenir du pays et n’hésite pas, lors de discussions et conférences sur des thèmes comme la gouvernance, les droits de l’homme, l’environnement et leurs ambitions, à échanger avec eux.



Pour mémoire

« Depuis la crise syrienne, nous sommes le plus important donateur européen au Liban », souligne l’ambassadeur allemand


Pour l’ambassadeur des Pays-Bas, Jan Waltmans, il est facile de tomber amoureux du Liban. Mais s’il aime le Liban et son peuple, il n’est pas indifférent aux disparités sociales du pays et confie que ce qui le dérange le plus, au pays du Cèdre, est « l’énorme décalage entre riches et pauvres ». C’est pour cela que M. Waltmans encourage le Liban à engager rapidement...

commentaires (2)

La question que je me pose c'est "un paradis pour qui" ? Car si on parle de "paradis" c'est justement un peu comme situation "optimale" pour certains ... au détriment d' autres ? Pour les réformes de CEDRE il faut tenir "l’énorme décalage entre riches et pauvres" dans la tête pour ne pas prendre des mésures qui font un paradis pour ces riches et un enfer pour les pauvres !

Stes David

08 h 46, le 21 juin 2019

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Commentaires (2)

  • La question que je me pose c'est "un paradis pour qui" ? Car si on parle de "paradis" c'est justement un peu comme situation "optimale" pour certains ... au détriment d' autres ? Pour les réformes de CEDRE il faut tenir "l’énorme décalage entre riches et pauvres" dans la tête pour ne pas prendre des mésures qui font un paradis pour ces riches et un enfer pour les pauvres !

    Stes David

    08 h 46, le 21 juin 2019

  • MAIS LE PEUPLE ET SES ABRUTIS INCOMPETENTS, TOUS, NE VEULENT PAS QU,ON TOUCHE A LEURS POCHES ET LEURS AVANTAGES. ILS VEULENT QUE LA CRISE ECONOMIQUE ET FINANCIERE DU PAYS SOIT RESOLUE PAR LE SAINT ESPRIT.

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 20, le 20 juin 2019

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