Rechercher
Rechercher

Liban - Partis

Tournée de Samy Gemayel au Chouf : Renforcer la réconciliation et... élargir le camp de l’opposition ?

« Nous avons de bons rapports avec le PSP, et nous renforçons aujourd’hui notre collaboration au cas par cas », affirme Salim Sayegh à « L’OLJ ».

Samy Gemayel entouré de la délégation Kataëb à Moukhtara. Photo ANI

C’est une visite significative que le chef des Kataëb Samy Gemayel a effectuée dimanche dans le caza du Chouf. Outre l’inauguration d’une permanence Kataëb à Rmeilé (sur le littoral de l’Iqlim el-Kharroub), la tournée du député du Metn est notable, dans la mesure où elle intervient dans un contexte politique particulièrement troublé.

C’est à l’heure où les rapports entre le Parti socialiste progressiste et le Courant patriotique libre, pilier du compromis présidentiel de 2016 qui a donné le coup d’envoi du mandat du général Michel Aoun, passent par de sérieuses secousses que Samy Gemayel, en sa qualité de fer de lance de l’opposition, a choisi de se rendre dans le fief joumblattiste le plus important. Il en a d’ailleurs profité pour critiquer le CPL, mais aussi et surtout le Hezbollah.

S’exprimant à l’issue d’un déjeuner donné à Moukhtara par Teymour Joumblatt, député PSP du Chouf, en l’honneur de la délégation de cadres supérieurs Kataëb conduite par Samy Gemayel, ce dernier n’a pas mâché ses mots. « Le problème ne réside pas en Gebran Bassil, mais en ceux qui se tiennent derrière Gebran Bassil, lequel décide de l’avenir du pays », a tonné M. Gemayel. « D’aucuns ont compris que le compromis conclu il y a trois ans était une grande erreur et avait pour objectif de mettre la main sur le pays », a-t-il poursuivi dans ce qui sonne comme une critique adressée au Hezbollah, avec qui les Kataëb divergent sur les questions stratégiques.



(Lire aussi : Samy Gemayel à Moukhtara : Les chrétiens n’ont rien à craindre ici)


Préserver la réconciliation

Le leader des Kataëb a par ailleurs implicitement répondu aux attaques lancées par le CPL et son chef contre la réconciliation druzo-chrétienne de 2001, scellée par le leader du PSP et feu le patriarche Nasrallah Sfeir. « Au Chouf, les chrétiens peuvent dormir une semaine, un mois, un an. Ils peuvent y passer toute leur vie sans rien craindre », a-t-il insisté, dans une critique des récents propos du ministre d’État pour les Déplacés, Ghassan Atallah (CPL), sur la crainte présumée des chrétiens, 18 ans après la réconciliation, de se rendre dans la Montagne.

Décochant une flèche en direction de Gebran Bassil, le député du Metn l’a accusé de recourir à la surenchère pour mobiliser sa base populaire chrétienne. « La coexistence au Liban est une ligne rouge qui dépasse tous les conflits politiques », a assuré Samy Gemayel.

C’est donc sous l’angle des rapports particulièrement tendus entre les divers protagonistes, dont l’écrasante majorité fait partie du pouvoir en place, qu’il conviendrait d’aborder la tournée du chef des Kataëb dans le Chouf, dans la mesure où il s’agirait d’une opportunité d’élargir le camp de l’opposition face à la ligne politique actuelle.

C’est cette analyse que présente à L’Orient-Le Jour Salim Sayegh, vice-président des Kataëb, qui avait accompagné M. Gemayel lors de sa visite dans le fief joumblattiste. « Nous œuvrons pour élargir le camp de l’opposition, qui est une variable avec un noyau dur », affirme-t-il, rappelant que son parti a fait ses preuves en matière d’opposition sérieuse, notamment pour ce qui est du recours en invalidation présenté par les Kataëb, le PSP et des députés indépendants contre la loi mettant en application le plan de production de l’électricité approuvé par le gouvernement en avril dernier.

M. Sayegh inscrit ce geste en direction de Moukhtara dans le cadre de ce qu’il appelle « une logique d’ouverture que nous adoptons sur la base de constantes souverainistes, mais aussi d’autres portant sur la bonne gouvernance qui est un vecteur important à ne pas négliger ».


(Lire aussi : Le clin d’œil de Bassil aux Kataëb : discours de circonstance ou initiative sérieuse ?)


Faire face au discours populiste

Sans vouloir alimenter la polémique opposant sa formation à celle de Gebran Bassil ou encore les querelles entre le PSP et le CPL, Salim Sayegh se contente d’assurer que les Kataëb sont « un partenaire sérieux de Moukhtara et une masse active qui a prouvé sa force dans plusieurs domaines, en dépit de son groupe parlementaire qui est passé de cinq à trois députés ». « Nous entretenons de bons rapports avec le PSP, mais aujourd’hui nous renforçons notre collaboration sur le terrain, et au cas par cas », ajoute l’ancien ministre des Affaires sociales.

Il n’en reste pas moins que, selon Salim Sayegh, le but premier de la tournée de Samy Gemayel dans le Chouf réside dans la préservation et le renforcement de la réconciliation de la Montagne. « Une façon de rassurer les gens », estime le vice-président des Kataëb. Selon lui, « c’est un moyen de faire face au discours populiste visant à légitimer le partage du pouvoir ».

Allant plus loin, Salim Sayegh critique l’entente politique élargie de 2016, ainsi que la logique de partage du gâteau, et celle axée sur le concept de la force. « Le problème ne réside pas chez Gebran Bassil, mais chez le Hezbollah. Et pour cause : la force qu’éprouve le chef du CPL n’est autre que le résultat du compromis conclu entre son parti et le Hezbollah. Tous les autres protagonistes ne font que rejoindre ce partenariat afin d’en profiter. Mais nous poursuivrons notre bataille, à partir de notre positionnement actuel », dit-il, avant de qualifier d’« importante » la visite à la municipalité de Rmeilé.

C’est une visite significative que le chef des Kataëb Samy Gemayel a effectuée dimanche dans le caza du Chouf. Outre l’inauguration d’une permanence Kataëb à Rmeilé (sur le littoral de l’Iqlim el-Kharroub), la tournée du député du Metn est notable, dans la mesure où elle intervient dans un contexte politique particulièrement troublé. C’est à l’heure où les rapports entre...

commentaires (1)

- Hugues Capet : "Adalbert, qui t'a fait comte ? - Adalbert de Périgord : "Hugues, qui t'a fait roi ? Qui a fabriqué Gébran Bassil ? C'est le Hezbollah. C'est la cerise sur le gâteau de l'accord de Chiyah. Celui qui mange du pain du sultan, guerroie avec son épée.

Un Libanais

10 h 54, le 18 juin 2019

Tous les commentaires

Commentaires (1)

  • - Hugues Capet : "Adalbert, qui t'a fait comte ? - Adalbert de Périgord : "Hugues, qui t'a fait roi ? Qui a fabriqué Gébran Bassil ? C'est le Hezbollah. C'est la cerise sur le gâteau de l'accord de Chiyah. Celui qui mange du pain du sultan, guerroie avec son épée.

    Un Libanais

    10 h 54, le 18 juin 2019

Retour en haut