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Culture - Exposition

L’aquarelle, comme une guerre éclair...

À la galerie Agial, Oussama Baalbaki s’attaque, cette fois, à la peinture à l’eau. Tout en poursuivant sa représentation d’un paysage libanais altéré et chaotique.

Oussama Baalbaki s’adonne à l’aquarelle mû par un désir de changement et de challenge

D’emblée, la question se pose : qu’est-ce qui fait revenir un peintre connu pour ses grandes toiles à l’huile et l’acrylique vers l’aquarelle sur papier, ses dimensions restreintes et ses plaisirs démodés ?

Car, jusque-là, la peinture d’Oussama Baalbaki était connue pour la densité de ses matières, allant de pair avec celle de ses sujets. Mais voilà qu’au terme de huit expositions consécutives, l’artiste aux boucles léonines et au regard grave est soudain pris d’une envie de légèreté. C’est ainsi que début 2018, il décide de diluer ses pigments dans l’eau.


L’œil, la main, le cœur

Une décision loin d’être une solution de facilité pour celui qui a toujours redouté cette matière fluide nécessitant un coup de pinceau hardi et sans retouches. « Aux beaux-arts, comme la majorité des étudiants, et même des peintres, je craignais l’aquarelle qui, sous son apparente légèreté, exige une totale synchronisation entre la main, l’œil et le cœur de l’aquarelliste », confie l’artiste. « Et puis là, j’ai eu envie de m’y confronter », dit-il, en comparant son approche de cet art à « une guerre éclair ».

Une lutte contre soi-même, contre la rugosité et la lenteur que ce peintre exigeant cultive habituellement dans la construction de ses toiles. Une lutte pour faire ressortir les couleurs, la lumière, la perspective d’un paysage à coups d’aplats rapides, délicats et définitifs. Une lutte, enfin, contre la blancheur du papier (Arches aquarelle 850 g) qui doit rester présente sans, pour autant, trop se découvrir…

Autant de facteurs de changement dans la technique d’Oussama Baalbaki qui reste, néanmoins, fidèle à sa thématique de prédilection. À savoir la représentation, entre expressionnisme et impressionnisme, des transformations du paysage libanais contemporain.


Témoin des transformations de la nature

Ce souci de témoignage du moment présent, l’artiste l’a transposé dans la quarantaine d’aquarelles (aux dimensions variant entre 30 x 42 cm et 56 x 76 cm) qu’il a réalisées au cours de cette dernière année. Et qu’il présente à la galerie Agial sous l’intitulé « Watercolors ».

Des vues urbaines ou rurales, parfois librement mélangées, qui semblent dénoncer l’altération chaotique de la nature et de l’environnement au pays du Cèdre. Des sortes d’arrêts sur image immortalisant, ainsi, aussi bien la vue sur les toits de Beyrouth et les montagnes qui s’offre à son regard depuis la fenêtre de son appartement que celles des quartiers, des places, des jardins (Sanayeh, entre autres) ou encore des collines de son village natal, Adaysseh, dans le Sud, qu’il photographie avec son téléphone portable au cours de ses pérégrinations dans la nature, pour les reproduire ensuite dans le calme de son atelier. Dans une palette largement dominée par le bleu, sa couleur fétiche.


Personnification de l’inerte…

À partir de là, c’est en exercice libre qu’Oussama Baalbaki recompose ce que son œil voit et ce que son cœur ressent. Car pour celui qui affirme que « tout est vibrant dans l’univers, même l’inerte a sa propre vie », les lieux peints deviennent des scènes quasi cinématographiques, chargées d’une sorte de tension sous-jacente. En particulier, les paysages côtiers ou montagneux libanais, déserts, isolés et, cependant, toujours altérés par la présence de panneaux publicitaires ou de pylônes que l’artiste traite, de manière récurrente, depuis ses premières œuvres. Et qui, avec l’utilisation à foison du bleu, dans ses différents camaïeux, ses variations jusqu’à ses extrêmes, signent la facture, à la fois lyrique et dramatique, de ses peintures. Et leur donnent ce quelque chose qui s’apparente au blues…

En somme, qu’il s’agisse de représentations à l’eau ou à l’huile, la densité est dans l’ADN du travail de ce peintre, pour qui « l’art est toujours exagération ».


Galerie Agial

« Watercolors », jusqu’au 20 juillet, rue Abdel Aziz, Hamra.


Pour mémoire

Oussama Baalbaki, mi-aérien, mi-terrestre

D’emblée, la question se pose : qu’est-ce qui fait revenir un peintre connu pour ses grandes toiles à l’huile et l’acrylique vers l’aquarelle sur papier, ses dimensions restreintes et ses plaisirs démodés ? Car, jusque-là, la peinture d’Oussama Baalbaki était connue pour la densité de ses matières, allant de pair avec celle de ses sujets. Mais voilà qu’au terme de huit...

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