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Culture - Illustration

Quand sept artistes tirent les traits du quotidien

Des talents confirmés et d’autres qui tracent leur chemin proposent des récits divers dans « Tales of Today », à la galerie Platform 39 à Beyrouth.

The Art of Boo, « Strangers at a Bar » (2019), poème illustré, encre sur papier, (structure en métal), 26 x 230 cm.

The Art of Boo, Michèle Standjofski, Zeina Abirached, Barrack Rima, Rana Zaher, Joseph Kai et Kamal Hakim. Une belle brochette d’artistes illustrateurs à la galerie Platform 39 s’empare du quotidien banal pour le sublimer en traits, courbes ou planches.

Selon Mayssa Abou Rahal, curatrice de l’exposition et par ailleurs directrice de la galerie Tanit, l’objectif de cette exposition est de toucher un vaste public. Elle explique qu’il y a beaucoup de critiques concernant le manque d’accessibilité à l’art et que Platform 39 vise à la faciliter. De plus, monter cette galerie à Achrafieh, quartier fréquenté de Beyrouth, s’inscrit dans cette stratégie de popularisation. Ainsi, les artistes présentés dans « Tales of Today » viennent de différentes écoles artistiques mais prônent tous le même message : exprimer la société d’aujourd’hui à travers des choses du quotidien.

Nombres d’artistes exposants présentent des discussions entre des personnages fictifs, très simples au premier abord, mais finalement représentatifs du quotidien dans lequel chacun évolue. Dès l’entrée dans l’espace de la galerie, le visiteur tombe nez à nez avec les six planches de Michèle Standjofski, extraites de sa BD Des ronds dans l’O sortie en 2017, où des individus discutent des cases sociales dans lesquelles ils se rangent systématiquement. Pas loin, l’œuvre de Barrack Rima fait référence aux taxis collectifs en tant qu’espace public en mouvement et s’interroge sur leur importance sociale. The Art of Boo présente quant à lui une histoire poétique au concept intriguant, un enchaînement de poèmes traitant de la rencontre de deux personnes dans un bar, que l’on découvre au fur et à mesure que l’on ouvre un volet métallique. D’autre part, l’artiste Kamal Hakim propose un triptyque de pages de BD représentant un passage de l’ouvrage Kafka sur le rivage de Murakami. Joseph Kai présente pour sa part Nymph et Satyr, illustrations tirées de son livre Sissies en cours de préparation. Il raconte l’histoire d’un artiste à la recherche de reconnaissance, parti en quête de liberté en dehors de la société dans laquelle il évolue et qui le tourmente.

Le visiteur poursuit son vagabondage et se trouve en plein dans un rêve-réalité croqué par deux talents femmes. Zeina Abirached expose trois planches extraites de Prendre refuge, sa bande dessinée sortie en septembre 2018, réalisée en collaboration avec l’écrivain Mathias Enard. Les trois planches travaillées en volume parlent d’exil, de mouvements de population, de réfugiés, et sont des extraits de scènes de sa BD. « L’idée est de reconstituer le trajet de toutes les personnes qui traversent la Méditerranée pour fuir la guerre et prendre refuge dans un nouveau présent », explique Abirached. De son côté, Rana Zaher présente Portraits from Imaginary Times. Une série de dessins étonnants représentant des portraits de femmes, à la fois inspirées de l’archétype de la femme au Proche-Orient et de l’histoire de sa représentation dans les siècles précédents.

Par ailleurs, dans la cour extérieure de la galerie, une jeune auteure, Melissa Chalhoub, présente son livre Badly Translated Arabic Song, qui moque gentiment l’absurdité de certaines chansons arabophones en explicitant leurs traductions anglaises. Une exposition éclectique à découvrir à Platform 39 jusqu’au 19 juillet 2019.


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