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Liban - Société

« Nous devons créer une culture de tolérance envers l’“antibullying” »

Plusieurs victimes de «bullying», ou harcèlement violent, ont apporté leur témoignage à l’occasion du lancement dans certaines salles de cinéma de la campagne « No Bullyshit ».

Jean-Claude Bejjani et Anthony Nahoul posant sur le tapis rouge du cinéma ABC à Achrafieh.

Dans un couloir du Grand Cinemas, au centre commercial ABC d’Achrafieh, une foule se rassemble à l’occasion de l’arrivée au cinéma de la campagne contre le bullying, « No Bullyshit ». Elle a pour but de sensibiliser aux méfaits du bullying, ou harcèlement moral, et de lutter contre l’intimidation. Sur l’un des murs du couloir, quatre écrans diffusent des extraits de la vidéo, en noir et blanc, sur la prévention de ce phénomène. Ce sont des portraits de victimes qui apportent leur témoignage. Ils sont en tout 48, dont des influenceurs. Désormais, les trois Grand Cinemas de Beyrouth diffuseront cette vidéo avant les films.

La campagne a été réalisée à l’initiative de l’artiste plasticien Jean-Claude Bejjani, fondateur de l’ONG Beirut Power Hub. « Nous devons créer une culture de tolérance envers l’antibullying », explique-t-il. Son organisation a pour mission d’effectuer un changement dans la société par le biais d’actions et d’événements. Focus Fund, une ONG de l’Université américaine de Beyrouth aidant à la santé mentale des enfants, est elle aussi partenaire de l’événement.


Un enfant sur trois en est victime
Jeudi soir, d’anciennes victimes de harcèlement ou de bullying étaient présentes, comme Léa Mehanna, 29 ans. « J’ai été harcelée à 13 ans et je n’avais pas confiance en moi à cette époque. J’avais peur de ce que les gens allaient penser de moi en permanence », raconte-t-elle. Aujourd’hui, elle est journaliste à MTV, et si elle avait un message à faire passer aujourd’hui à des jeunes qui se font harceler à l’école, ce serait d’en parler : « Il ne faut pas garder les choses pour soi. C’est important de pouvoir en parler avec sa famille, même si ce n’est pas facile », déclare-t-elle.

Un peu plus loin, Anthony Nahoul a aussi participé à la vidéo pour la campagne. Pour ce jeune homme de 24 ans, souffrant depuis sa naissance d’un lourd handicap physique, il est essentiel de témoigner pour montrer que la différence peut être une force. « J’ai souffert toute ma vie du harcèlement », déclare-t-il. Né sans bras ni jambes, il est atteint du syndrome de tetra-amélie, une maladie rare. « Aujourd’hui, nous devons transmettre un message pour que cela cesse », souligne Anthony Nahoul.

Cette campagne No Bullyshit a été officiellement lancée le 28 avril. Mais cette fois-ci, elle débarque dans les cinémas. Début mai, des ateliers avaient été organisés pour lutter contre le harcèlement à l’Université américaine de Beyrouth, en collaboration avec le ministère de l’Éducation et des écoles publiques et privées. Selon le Dr Fadi Maalouf, chef du département de psychiatrie pour enfants et adolescents à

l’AUBMC (American University of Beirut Medical Center), un enfant sur trois est victime d’intimidation lors de sa scolarité. Les résultats scolaires des victimes sont eux aussi affectés par ce phénomène.


Changer nos comportements
Après une séance photo sur un tapis rouge, en présence de Jean-Claude Bejjani, les invités ont pris place dans la salle de cinéma. Sous les yeux admiratifs des spectateurs, des extraits de la vidéo ont été diffusés. Au troisième rang, une femme filme avec son téléphone un Facebook Live. C’est Mirna Chidiac Saba, membre du groupe de femmes Women Uprising. Elle est venue ici par curiosité. « L’intimidation, ce n’est pas seulement envers les enfants, elle se manifeste dans toute la société, déclare-t-elle. Juger négativement, c’est déjà une forme d’intimidation. Être compétitif négativement aussi. » « Si on en parle aujourd’hui, c’est parce que ça a blessé et laissé des traces. Il faut améliorer nos comportements, notre manière de se parler », poursuit-elle.

Dans la soirée, les discours des organisateurs de la campagne et de personnes témoignant de harcèlement ont agrémenté les extraits vidéo. Parmi eux, Maria-Chloé Bejjani, une étudiante de 15 ans : « Quand j’étais plus jeune, j’ai été harcelée car je n’avais pas un bon accent anglais », explique-t-elle, face à la foule. Depuis, elle a écrit un livre en anglais, publié aux États-Unis. Elle a décidé de montrer qu’on pouvait sortir d’une situation de harcèlement. Une belle revanche.



Pour mémoire 

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