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Santé - Témoignage

Sages-femmes en charge... mères comblées

Au centre de naissances de l’hôpital universitaire Rafic Hariri, une sage-femme travaille avec une femme enceinte. Photo MSF

Demain est un jour important, mais la plupart des gens ne le savent pas. Même si la journée mondiale de la sage-femme est célébrée le 5 mai, depuis bientôt vingt ans, dans plus de cinquante pays à travers le monde, elle n’est pas aussi populaire que d’autres journées mondiales et ne bénéficie généralement pas de beaucoup d’intérêt ou d’attention. Pourtant, je suis convaincue du rôle des sages-femmes et je pense, pour ma part, qu’elles méritent d’être fêtées.

Je suis docteure spécialisée en médecine familiale et mère de trois jeunes garçons. Chacun de mes accouchements a été géré par des sages-femmes, dans des centres de santé où elles étaient en charge de cette activité. C’était un choix raisonné de ma part, dès le début de chacune de mes grossesses. Je savais, grâce à ma formation médicale et à mon expérience dans le domaine de l’obstétrique, que faire ce choix signifierait moins de complications pour moi et mon bébé, que je me remettrai plus rapidement et que mon expérience serait plus personnelle et moins médicalisée.

J’ai d’abord rencontré mon groupe de sages-femmes lors des premiers rendez-vous anténataux. Ma relation avec elles a ensuite continué, des premiers rendez-vous à la clinique jusqu’à mon accouchement et même après, quand elles ont suivi mon rétablissement et les premières semaines de mon bébé. Le mot sage-femme décrit généralement « une personne qui est avec la mère et qui l’accompagne pour la mise au monde de son enfant ». J’ai vraiment eu la sensation que c’est exactement ce que ces sages-femmes ont fait pour moi, du début à la fin de chacune de mes grossesses.

Quelques années plus tard, j’ai commencé à travailler pour Médecins sans frontières (MSF) à Beyrouth, au Liban. Là-bas, j’ai réalisé que le taux de césariennes était beaucoup plus élevé que celui de mon pays. Le Liban reconnaît que son taux, souvent estimé à 40 % ou 50 %, est particulièrement haut. En effet, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) indique que la norme mondiale se situe aux alentours de 10 % ou 15 %. Il y a beaucoup de facteurs qui peuvent expliquer ce taux de césariennes particulièrement élevé, mais le plus important est sûrement de prendre en compte que des efforts sont en cours dans le pays pour essayer de le réduire et de rétablir l’équilibre.

J’ai été heureuse, quand j’ai commencé à travailler ici, de voir que MSF contribuait à ces efforts, au travers de ses activités. Depuis 2012, l’organisation propose un ensemble complet d’activités de santé reproductive, mené par des sages-femmes. L’objectif est de réduire le coût médical de ce type de services tout en contribuant à la réduction du taux de césariennes dans le pays ainsi que du taux des complications qui y sont associées.

En effet, plusieurs études montrent que le suivi par des sages-femmes augmente la satisfaction des mères et réduit de 24 % les naissances prématurées. Un suivi de qualité par des sages-femmes augmente également le taux d’allaitement, les conséquences psychosociales et l’accès à des services de planning familial, tout en réduisant le nombre d’interventions chirurgicales, en particulier les césariennes.

MSF propose actuellement des services de soins anténataux, postnataux et de planning familial dans plusieurs cliniques situées dans la vallée de la Békaa et dans le sud de Beyrouth. Ces centres permettent aux femmes d’accéder librement à tous les services de santé sexuelle et reproductive, dans un endroit fixe où le personnel peut suivre leur grossesse du début à la fin. Nous voyons, chaque jour, une vraie relation de confiance se développer entre les patientes et les sages-femmes, au sein de notre projet.

Depuis 2018, MSF est également partenaire de l’hôpital universitaire Rafic Hariri (HURH) à Beyrouth, où, dans l’enceinte de l’hôpital, l’organisation mène son projet pilote qui offre plus d’autonomie aux sages-femmes. Cet hôpital est le premier hôpital public libanais qui adopte cette approche plutôt différente. Au sein de notre centre de naissances, les sages-femmes gèrent les accouchements par voie basse (présentant peu des risques) et les soins néonataux, tandis que les urgences maternelles et/ou néonatales sont transférées à un département spécialisé de l’hôpital, où les équipes médicales peuvent gérer ces cas plus compliqués. La bonne collaboration entre l’hôpital et MSF illustre comment les obstétriciens et les sages-femmes peuvent travailler ensemble, pour garantir des accouchements sains, ne présentant pas de dangers.

MSF implémente également ce modèle dans deux autres maternités du pays, à Ersal et Majdel Anjar, dans la vallée de la Békaa. Certains des défis que nous rencontrons, pour développer encore davantage ce modèle au Liban, est le nombre limité de sages-femmes qui sont formées chaque année et le manque d’opportunités pour elles de pratiquer ce qu’elles apprennent durant leur formation. Chez MSF, nous voulons leur donner l’opportunité de mettre leur savoir en pratique et de développer leurs compétences dans nos centres. L’année dernière, celles-ci ont assisté près de 5 000 naissances au Liban.

De par mon expérience personnelle et professionnelle, j’ai toujours été convaincue du rôle-clé des sages-femmes dans notre société. Mon travail au Liban ne fait que renforcer ce sentiment et j’espère que davantage d’hôpitaux publics adopteront ce système de soins dans le pays. Mettre un enfant au monde est l’un des moments les plus importants de la vie d’une femme. Être capable de le faire de façon naturelle, quand la situation médicale le permet, devrait toujours être possible. Donner l’opportunité aux sages-femmes de gérer ces accouchements, en utilisant leurs connaissances et leurs compétences, devrait l’être aussi.

*Le Dr Laura Rinchey est la référente médicale des activités de MSF dans le sud de Beyrouth, au Liban.


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