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Culture - Concert

Interdiction de Sepultura au Liban : le groupe a communié avec son public... via Skype

Un pari réussi qui n’a pas tenu à grand-chose.

Les membres de Sepultura ont pu assister pendant 10 bonnes minutes à l’explosion de joie de leur fans libanais au Palace. Photo DR

C’est une scène pour le moins unique dans la petite histoire du metal libanais qui s’est produite dimanche au Palace, l’ancien cinéma converti en salle de spectacle dans le centre Aresco à Hamra. Interdit d’entrée sur le territoire, le célèbre groupe de death/thrash/groove metal brésilien, qui n’a pas pu se produire à Beyrouth le 28 avril comme prévu, a accepté de participer à une « visioconférence » sur Skype pour communier avec ses fans libanais qui participaient à un mini-festival metal organisé le même jour en réaction à la décision des autorités libanaises.

L’affiche de l’événement intitulé Banned and Confused (interdit et troublé en anglais) avait d’ailleurs donné le ton, osant un jeu de mot construit sur le titre d’un célèbre morceau du groupe de rock britannique Led Zepplin. Un coup de com’ qui a fait mouche : plus de 800 personnes, selon les organisateurs, ont fait le déplacement, sans savoir qu’ils allaient quelques heures plus tard avoir l’occasion de communiquer, via Skype donc, avec le quatuor brésilien.


Test de dernière minute

La réussite de ce pari n’a pas tenu à grand-chose. « Nous avons tenté, pendant plusieurs jours, de faire lever l’interdiction d’entrée sur le territoire, tout en annonçant le maintien de la date du concert. Jeudi dernier, lorsque nous avons compris qu’il n’y avait plus rien à faire, nous avions plusieurs options en tête dont celle-ci », raconte à L’Orient-Le jour Bassem Deaibess, un des membres fondateurs de Skull Session, qui a organisé l’événement. « Nous avons alors contacté le management de Sepultura, qui a accepté de jouer le jeu. Le groupe était alors en Turquie pour préparer un concert prévu le 30 avril à Istanbul », poursuit-il.

Sepultura devait initialement se produire avec trois groupes locaux : Eden, Phenomy et World in Silence. Ces derniers s’étant désistés après la confirmation que le quatuor brésilien ne pourrait pas entrer sur le territoire libanais, les organisateurs ont fait appel à Slave to Sirens et ont ajouté Blaakyum - qui compte plusieurs membres de Skull Session – dont Bassem Deaibess et son frère Rabih – à l'affiche. Les anciens de Nocturna se sont ensuite manifestés pour compléter l’affiche de l’événement, devenu gratuit. « Les membres de Nocturna se sont manifestés juste après que nous avons annoncé que Sépulture ne viendrait pas. Ils ont apporté été d'un soutien énorme », commente Bassem Deaibess. « Les préventes ont été remboursées. Cette histoire nous a coûté cher. Mais l’idée était de ne pas rester sur un échec et de trouver un moyen de consoler les fans libanais du groupe », reconnaît-il.

Le festival a donc démarré comme prévu, sous les yeux de l’ambassadeur de Suède au Liban, Jörgen Lindström, amateur de metal et désormais habitué – et même fan, de son propre aveu – de la scène libanaise. La surprise fut annoncée par les membres de Blaakyum au moment de leur entrée en scène, qui ont demandé au public de désactiver le Wi-Fi de leurs téléphones pour éviter de grignoter la bande passante du réseau du Palace. « Nous avons fait les tests cinq minutes avant le concert. Pour que cela puisse fonctionner, les membres de Sepultura ont dû nous appeler depuis un ordinateur portable pendant que Rabih les contactait depuis son mobile. Dès que la connexion a été établie, nous avons projeté les images qui nous parvenaient sur un écran placé au-dessus de la scène. Le quatuor brésilien a ainsi pu voir leur public et être vu par ce dernier », raconte Bassem Deaibess.


Première fois en 35 ans

Et c’est ainsi que les membres de Sepultura, Andreas Kisser, Derrick Green, Paulo Jr et Eloy Casagrande, ont pu assister pendant 10 bonnes minutes à l’explosion de joie de leur fans libanais pendant que les musiciens sur scène – ceux de Blaakyum ont ensuite été rejoints par des membres des autres formations – leur rendaient hommage en reprenant plusieurs titres qui ont marqué l’histoire du groupe brésilien. Le groupe a ensuite annoncé qu’il retenterait de se produire au Liban au plus vite et s’est engagé à retransmettre en direct et en exclusivité pour les Libanais le concert prévu à Dubaï ce jeudi 2 mai. Le groupe a communiqué le lien du concert hier sur sa page Facebook



La formation n’a toutefois pas caché sa déception concernant la décision des autorités libanaises de lui refuser l’accès au territoire, en les accusant de pratiques sataniques ou encore de proximité avec Israël, deux accusations qu’ils rejettent catégoriquement. « C’est la première fois en 35 ans que l’on nous refuse l’entrée d’un pays sur la base de fausses interprétations concernant nos objectifs et nos valeurs, alors que nous avons toujours prôné l’unité et la liberté à travers la musique sans faire de distinction politique raciale ou religieuse », ont déclaré les membres du groupe dans un communiqué qu’ils ont cosigné.

Au Liban, les organisateurs s’interrogent encore sur les circonstances qui ont abouti à cette décision, qu’ils n’ont toujours pas eu l’occasion de consulter.



Pour mémoire

Les membres de Sepultura interdits d’entrée au Liban

C’est une scène pour le moins unique dans la petite histoire du metal libanais qui s’est produite dimanche au Palace, l’ancien cinéma converti en salle de spectacle dans le centre Aresco à Hamra. Interdit d’entrée sur le territoire, le célèbre groupe de death/thrash/groove metal brésilien, qui n’a pas pu se produire à Beyrouth le 28 avril comme prévu, a accepté de participer...

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PLUTOT QUE D'INTERDIRE UN GROUPE DE MUSIQUE, METAL OU AUTRE, NOS AUTORITES FERAIENT MIEUX DE BANNIR LA PLUPART DE NOS POLITICIENS DE FIGURER DANS DES TALK SHOWS STERILES ET DEBILES AT QUI GANGRENENT NOS MENINGES! QUELLE DECADENCE...PAUVRE LIBAN

Georges Breidy

10 h 08, le 01 mai 2019

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Commentaires (1)

  • PLUTOT QUE D'INTERDIRE UN GROUPE DE MUSIQUE, METAL OU AUTRE, NOS AUTORITES FERAIENT MIEUX DE BANNIR LA PLUPART DE NOS POLITICIENS DE FIGURER DANS DES TALK SHOWS STERILES ET DEBILES AT QUI GANGRENENT NOS MENINGES! QUELLE DECADENCE...PAUVRE LIBAN

    Georges Breidy

    10 h 08, le 01 mai 2019

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