Une finale avant la lettre ? Le FC Barcelone de Lionel Messi et le Liverpool de Mohammad Salah s’affrontent en demi-finale aller de la Ligue des champions (C1) ce soir au Camp Nou (à 22h00 à Beyrouth), un classique européen qui accouchera d’un grand favori pour la finale. Puisque l’autre demi-finale, Tottenham-Ajax Amsterdam (qui se jouait hier tard dans la nuit), est celle des surprises, la confrontation entre le Barça et Liverpool est un choc d’habitués du football continental, une présélection sans pitié entre prétendants au sacre le 1er juin prochain au stade Metropolitano à Madrid.
Sur la pelouse barcelonaise, dix C1 sont face à face, cinq pour chaque club, avec un 6e trophée à portée de crampons pour les Catalans, sacrés pour la dernière fois en 2015, ou pour les Reds, finalistes l’an dernier. Bref, cette demie entre ténors n’a pas de favori désigné. En demi-finale, « les meilleurs sont là, ils méritent d’y être et ce sera extrêmement compliqué », a résumé Messi. Le capitaine barcelonais a érigé la Ligue des champions en objectif n° 1 cette saison, marchepied idéal vers un possible 6e Ballon d’or. Et son Barça aborde cette demi-finale avec la douce euphorie du titre de champion d’Espagne, conquis samedi dernier contre Levante (1-0) sur un but de... Messi. La 26e LaLiga de l’histoire du club, la 8e couronne en 11 ans.
Mais les célébrations attendront : c’est seulement la 1re marche d’un somptueux triplé LaLiga-Coupe du roi-C1 que l’Argentin et ses partenaires espèrent réussir pour la troisième fois après 2009 et 2015. Outre la demi-finale européenne (1er et 7 mai), le Barça visera aussi une 5e Coupe du roi d’affilée en finale, le 25 mai, contre Valence. « L’objectif, c’est le triplé, bien sûr », a lancé le président du Barça, Josep Maria Bartomeu. En laissant Messi sur le banc au coup d’envoi du match samedi dernier contre Levante, comme d’ailleurs lors de la rencontre précédente, l’entraîneur Ernesto Valverde a clairement affiché la priorité : la C1 avant tout. De quoi permettre à l’attaquant, meilleur buteur de la C1 cette saison (10 buts), d’arriver frais contre Liverpool. « Jusqu’ici, la saison est déjà un succès, mais nous voulons décrocher encore plus de titres, a souligné Valverde. Ce sacre (en LaLiga) est un coup de fouet au moral, non seulement pour nous, mais aussi pour notre public en vue de mercredi (ce soir contre Liverpool en C1). »
Plus grand stade d’Europe (99 000 places), le Camp Nou n’est en termes d’ambiance pas « un temple du football » aux yeux de l’entraîneur de Liverpool, Jürgen Klopp. Mais le public catalan fera tout pour lui donner tort ce soir, avec une grande mosaïque prévue : « Prêts à annoncer la couleur à l’Europe. » Sur sa pelouse, le Barça est d’ailleurs invaincu depuis 31 matches de C1, soit depuis 2013. Sauf que cette série est menacée par celle de Liverpool, jamais battu en quatre visites à Barcelone.
Avec leur jeu intense et rapide, les attaquants Mohammad Salah et Sadio Mané pourraient se régaler des espaces laissés par le Barça et son style tout en possession, même si l’avant-centre brésilien Roberto Firmino est incertain (touché à une cuisse). « Pour être honnête, nous sommes en feu », a récemment prévenu Klopp, dont l’équipe, 2e de Premier League, rêve aussi d’un titre de champion qui échappe aux Reds depuis 29 ans. Et face à la meilleure attaque de LaLiga (86 buts inscrits) se dresse la meilleure défense de Premier League (20 buts encaissés) et son pilier néerlandais Virgil Van Dijk, désigné joueur de l’année par ses pairs. Suffisant pour stopper Messi ? « La Puce » adore tourmenter les clubs anglais, qui ont encaissé 24 buts de sa part en 32 matches, plus que pour tout autre pays européen. Contre Manchester United en quart de finale retour (3-0), un doublé de l’Argentin avait suffi à doucher la brève furia anglaise et faire oublier la timide entame catalane. Peut-être l’une des clés du match, comme l’a reconnu Messi : « Cinq mauvaises minutes suffisent à se faire sortir. »
C’est l’heure des funambules : au Camp Nou, les favoris s’avancent sur un fil…
Jean DECOTTE/AFP