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Culture - Documentaire

McQueen : sacre du créateur de mode dans un documentaire hommage

« McQueen » de Peter Ettedgui et Ian Bonhôte navigue avec justesse entre l’émotion et la rigueur. Au cœur du film, le travail et la créativité du couturier, qui a instillé son souffle punk à l’industrie de la mode. Il était diffusé samedi au Métropolis dans le cadre du Festival international du film de Beyrouth.

Image tirée du film « McQueen » de Peter Ettedgui et Ian Bonhôte.

Dans son atelier, Alexander McQueen taille, coupe, épingle, discute, rit, plaisante. Il se filme lui-même ou est filmé par ses proches. La qualité de la vidéo, issue d’archives personnelles, est mauvaise. Cela n’enlève rien à la richesse du documentaire sur la vie et le travail du créateur de mode, réalisé par les Britanniques Peter Ettedgui et Ian Bonhôte. Ils y célèbrent le talent et la créativité du styliste controversé. Sorti en juin 2018 au Royaume-Uni, le film était diffusé samedi au Métropolis dans le cadre du Festival international du film de Beyrouth.

« Nous payions pour travailler pour lui », sourit une de ses collaboratrices dans le documentaire. Pour expliquer la créativité et la passion d’Alexander McQueen, Lee de son vrai prénom, les images parlent d’elles-mêmes : effervescence dans les vidéos tournées à l’atelier ou archives de défilés spectaculaires montrent, par exemple, les mannequins du show l’Atlantide de Platon, en 2009, reptiliennes et quasi extraterrestres, portant des caméras braquées sur le public.


« Mon défilé n’est pas un déjeuner dominical »

Son originalité participera de son succès. À commencer par un statut d’icône de la mode et une ascension fulgurante au sommet de l’industrie : il crée sa marque en 1992, passe par les directions artistiques de la maison de haute couture française Givenchy à 27 ans, en 1996, puis de la marque italienne Gucci en 2001. Il marque l’histoire de la mode, mettant en scène ses défilés comme des pièces de théâtre.

Son originalité lui vaut aussi des incompréhensions et des retours de bâton. Retour sur Highland Rape, défilé de 1995 où le créateur d’origine écossaise dénonce l’oppression historique de l’Angleterre sur le Royaume-Uni : les mannequins défilent en robes tartan ou en cuir lacérées, seins nus, trébuchant sur le podium. Le créateur est taxé de misogynie. « Mon défilé n’est pas un déjeuner dominical. Je veux que vous en sortiez dégoûtés ou euphoriques », rétorque-t-il dans une interview.

McQueen porte un regard visionnaire et acéré sur le monde de la mode. Dans VOSS, (printemps été 2001), il lui présente son pire cauchemar et ses vices : une femme grosse, nue et inhumaine, trône au milieu d’une boîte. Les documentaristes relaient la critique : « Aujourd’hui, le monde de la mode est un tas d’ordures », assène l’Espagnol Sebastian Pons, ancien assistant de Lee McQueen. La mannequin Jodie Kidd identifie quant à elle les troubles psychologiques omniprésents et la toxicité de l’industrie de la mode.


Immersion dans la vie du créateur

Racontant la vie du réalisateur à travers ses défilés, les réalisateurs les complètent de témoignages de son entourage proche : sa sœur, son neveu, ses amis et ses collaborateurs. En résulte un portrait intime et une immersion dans la vie du créateur. McQueen résume lui-même dans une interview ses complexités psychologiques : « Je suis triste, mais je ne suis pas amer parce que je suis reconnaissant pour tout ce qui m’est arrivé dans la vie. »

Bonhôte et Ettedgui, qui ont réalisé le film sept ans seulement après le suicide du créateur, ont convaincu un grand nombre de ses proches d’y participer en dépit de l’émotion encore vive. Seule absence notable : Sarah Burton, qui a succédé à McQueen à la tête de sa marque, a refusé de figurer dans le film.

Étrangers au monde de McQueen qu’ils ne connaissaient pas, les réalisateurs parviennent à garder une juste distance vis-à-vis de leur sujet. Ils interviewent les participants directement chez eux. Les échanges sont intimes et bruts, sans angle mort.

Bonhôte et Ettedgui évoquent sans caricature les sujets difficiles : la dépendance de McQueen à la cocaïne, sa séropositivité ou encore la pression imposée par le rythme de travail de la maison McQueen sur ses collaborateurs, suscitant les départs de certains. « Je ne m’amusais plus », constate son ancien directeur artistique Simon Costin.

La charge émotionnelle court tout au long du film, à plus forte raison lorsque ses difficultés et son décès sont évoqués. « Il se comportait normalement avec nous, mais on savait », explique Sebastian Pons, avant de s’interrompre et se détourner de la caméra.

Dans son atelier, Alexander McQueen taille, coupe, épingle, discute, rit, plaisante. Il se filme lui-même ou est filmé par ses proches. La qualité de la vidéo, issue d’archives personnelles, est mauvaise. Cela n’enlève rien à la richesse du documentaire sur la vie et le travail du créateur de mode, réalisé par les Britanniques Peter Ettedgui et Ian Bonhôte. Ils y célèbrent le...

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