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Emballages cadeau

Il y en a qui ont vraiment de la chance. Tenez, par exemple, ce ripou de Benjamin Netanyahu traînant derrière lui toute une batterie de casseroles, poursuivi pour cela par la justice, et qui à la veille des élections israéliennes est littéralement couvert de présents politiques par les deux plus grandes puissances mondiales.


C’est sur un plateau d’argent que Donald Trump lui offrait récemment, coup sur coup, Jérusalem et les hauteurs syriennes du Golan. Mais comme Bibi s’est arrangé pour se poser aussi en habitué du Kremlin, c’est du Russe Poutine qu’il vient d’obtenir la restitution des restes d’un soldat israélien tué lors de l’invasion du Liban de 1982 mais inhumé en Syrie : opération à haute charge émotionnelle, et donc des plus rentables au plan électoral. L’histoire ne dit pas cependant quel avantage le régime de Damas a pu retirer de cette transaction, ou ce qu’en pensent ses acolytes, l’Iran et le Hezbollah ; cela sans évidemment parler de l’envahi, le Liban, resté complètement sur la touche.


Tout cela n’est pas pour dire que notre pays est cruellement privé, lui, de cadeaux. Le plus somptueux, répondant au bel acronyme de CEDRE et qui nous était offert il y a exactement un an, jour pour jour, consiste en un solide programme d’assistance financière. Reste toutefois à se décarcasser pour mériter cet inespéré don du ciel en procédant à une série de réformes, car les pays donateurs, échaudés par les expériences du passé, en ont assez de signer des chèques en blanc. À la manière de ces mâts de cocagne dressés dans les fêtes foraines, il nous faut donc grimper sur un poteau glissant pour décrocher les lots suspendus à son sommet.


C’est à cet exercice que vient de s’atteler la République, mais seulement après avoir essuyé de nombreux et insistants rappels à l’ordre. Ce surprenant retard ne s’explique pas par les seules divergences techniques et même politiques sur les modalités de ces réformes, car le personnel dirigeant souffre hélas (et il l’a bien mérité, pour le coup !) d’une tenace réputation d’affairisme. Mais comment imaginer que l’on pouvait encore se surpasser dans l’art de se faire des cadeaux à soi-même et se hasarder à tricher en plein processus de réforme? Édifiant à cet égard est le cas du site retenu pour la construction d’une centrale électrique, dont la valeur foncière avait été outrageusement gonflée dans le devis initial, avant qu’on n’y mît le holà en commission interministérielle en réduisant à un bon cinquième le prix du mètre carré. Non moins sidérante est la totale inertie d’une justice apparemment peu concernée par des abus tels que délits d’initié et tentatives de fraude.


Avec notre hospitalité proverbiale, l’appareil judiciaire n’est d’ailleurs pas seul à faire preuve de tant de libéralité. Au diable l’avarice et avec elle les règles de base en matière de diplomatie, ce sont même des cadeaux gratuits, c’est-à-dire sans éventualité de réciprocité, qu’il arrive à l’État de faire, et certes pas aux plus méritants. Sous prétexte de favoriser ainsi le retour des réfugiés syriens dans leurs foyers, une bonne partie de l’exécutif œuvre à une normalisation des rapports avec le régime de Damas, sans même attendre de celui-ci un quelconque engagement de bonne conduite envers le Liban. On peut s’interroger, de même, sur l’utilité de l’audience que le président de la République, visiblement mal conseillé, accordait mercredi au ministre vénézuélien des AE. Autant dire à un paria, le gouvernement Maduro dont il fait partie étant en effet désavoué par le gros de la planète.


À commencer par les bons samaritains de CEDRE…


Issa GORAIEB

igor@lorientlejour.com

Il y en a qui ont vraiment de la chance. Tenez, par exemple, ce ripou de Benjamin Netanyahu traînant derrière lui toute une batterie de casseroles, poursuivi pour cela par la justice, et qui à la veille des élections israéliennes est littéralement couvert de présents politiques par les deux plus grandes puissances mondiales. C’est sur un plateau d’argent que Donald Trump lui offrait...