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Culture - À l’affiche

Amal et les cheveux de la liberté

« Si être une femme dans une Égypte postrévolutionnaire signifie renoncer à sa liberté, alors à quoi bon ? » C’est ce que dit Amal dans le documentaire égyptien éponyme de Mohamed Siam, présenté au Festival Ayam Beirut al-Cinema’iya, et actuellement en salles, au Metropolis Empire Sofil.


« J’ai eu tout de suite envie d’embarquer dans un voyage avec Amal, sans savoir où ça allait nous mener », avoue le réalisateur Mohamed Siam.

En inscrivant son projet cinématographique dans la durée, du début de la révolution égyptienne, en janvier 2011, jusqu’en 2017, et en se focalisant sur le personnage d’Amal (« espoir » en arabe), une jeune fille rebelle qu’il voit évoluer de ses 14 à ses 20 ans, Mohamed Siam veut refléter les aspirations et l’envie de renouveau de cette jeunesse égyptienne. Interdit de projection en Égypte, ce film produit par le réalisateur lui-même et Abbout Productions a reçu, se console Siam, un formidable accueil en Tunisie où il a gagné le Grand Prix (le Tanit d’Or) au Festival de Carthage.

Une aventure cinématographique

La rencontre avec Amal, jeune adolescente au visage neutre, à l’allure mi garçon-mi fille et au vocabulaire débridé, a été le déclencheur de cette nouvelle aventure cinématographique pour Mohamed Siam qui aime à ne pas donner à son œuvre le label de simple documentaire.

Tout remonte au tournage de Balad Min ou Force Majeure, son premier projet cinématographique effectué durant la révolution égyptienne et qui portait sur la vie d’un policier du système. Alors qu’il recherchait le profil d’une jeune fille qui donnerait la réplique au policier quadragénaire, il tombe, lors d’un casting sauvage, sur la petite Amal. « J’ai eu tout de suite envie d’embarquer dans un voyage avec elle, sans savoir où ça allait nous mener. Je n’avais pas d’idées précises là-dessus mais je voulais à tout prix faire un film sur la jeunesse », avoue Siam.

Habitant à proximité de la place Tahrir, le cinéaste avait tout filmé, les manifestations, les sit-in, les ultras et tout archivé. Ces rushes, il les emploiera à bon escient dans son film qui sera traversé par des extraits vidéo réalisé par le père d’Amal à l’époque où elle était enfant. Celle-ci apparaît, alors jeune enfant rebelle, révoltée avant d’être révolutionnaire. Au fil des années, on retrouve les transformations de son corps et l’importance qu’accorde Siam, en particulier, aux cheveux. « Pour moi, les cheveux de la femme sont signe de liberté », dira-t-il. Amal est le juste miroir de ces étapes historiques où la fille subit la suprématie des autorités, ou même de son homme. Il y a d’abord les policiers qui la traînent par les cheveux, son copain qui n’aime pas sa coiffure et enfin le moment où elle se voile, à l’avènement des Frères musulmans. Amal est filmée sous tous les angles, souvent de profil ou de dos, et il semble que le réalisateur soit dans la tête de son personnage principal qui devient une caisse de résonance pour tous les bruits de la rue. Le film, à mi-chemin entre documentaire et fiction, a été écrit, planifié, réécrit par le réalisateur égyptien, avec des incursions du journal intime de la jeune fille, qui personnifie à elle seule une génération égyptienne et qui représente probablement, et comme l’espère Mohamed Siam, un nouvel espoir pour son pays.

Sortie donc en salles au Liban, puis par la suite en Tunisie, Amal a été porté par des plateformes, des ateliers de travail, des « soldats » de la vérité. « Si le film a été interdit dans mon pays, je l’offre néanmoins à tous les pays arabes, qui comprendront le message d’Amal », conclut Siam.

C.K.

En inscrivant son projet cinématographique dans la durée, du début de la révolution égyptienne, en janvier 2011, jusqu’en 2017, et en se focalisant sur le personnage d’Amal (« espoir » en arabe), une jeune fille rebelle qu’il voit évoluer de ses 14 à ses 20 ans, Mohamed Siam veut refléter les aspirations et l’envie de renouveau de cette jeunesse égyptienne. Interdit...

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