À l’instar d’autres composantes politiques, les Forces libanaises font actuellement de la guerre contre la corruption une de leurs principales priorités. Georges Okais (député FL de Zahlé) et Eddy Abillamaa (Metn) ont dans ce cadre déposé jeudi une note d’information auprès du parquet de cassation pour pointer du doigt des fuites de fonds dues à des pratiques irrégulières suspectées au sein de la Direction générale des douanes.
« Nous avons présenté devant la justice tous les documents et données liés à une corruption que nous soupçonnons au sein des douanes », a affirmé M. Okais après la soumission de la note judiciaire, estimant que « se taire revient à participer à cette corruption ». « Pour que le Trésor public profite des recettes sur lesquelles il compte au sein de la Direction générale des douanes, cet organisme doit retrouver sa transparence », a-t-il martelé, faisant état de « dix-neuf violations que la justice doit examiner pour décider si elles constituent ou non un crime ».
M. Okais a relevé à cet égard s’être rendu auprès du procureur général près la Cour de cassation, Samir Hammoud, qui lui a promis de poursuivre le dossier et prendre des mesures adéquates. Il affirme à L’Orient-Le jour que ce dernier « a transféré le dossier au service de renseignements des FSI » et s’en félicite, « vu l’efficacité et la rapidité de ce service ». « Pour ma part, je me mettrai au fait des enquêtes qui feront suite à la dénonciation et j’en informerai l’opinion publique », a-t-il indiqué.
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Fuites financières
Le député a par ailleurs noté que « le recours à la justice a été décidé après que les efforts du ministre de tutelle pour se renseigner sur les irrégularités n’ont généré aucun grand changement ». Interrogé à ce sujet par L’OLJ, M. Okais rappelle que « le ministre des Finances, Ali Hassan Khalil, s’est entretenu récemment avec le directeur général et le président du Conseil supérieur des douanes, Badri Daher et Assad Toufeily, entre lesquels il y a un malaise et un malentendu liés aux prérogatives respectives de chacun d’eux ». « Un tel conflit de pouvoirs se déroule généralement sur fond de corruption », note-t-il, sans pour autant pointer du doigt l’une ou l’autre des deux parties.
Estimant que la Direction générale des douanes « joue un rôle important dans la sécurité du pays et les revenus financiers du Trésor », le député FL rappelle que « la déclaration ministérielle (rédigée en février dernier) avait expressément mentionné la nécessité de lutter contre l’évasion et le gaspillage douaniers ». « Il est donc grand temps de dissiper les nuages qui entravent la transparence au niveau de cet organisme », s’exclame-t-il, affirmant que « sa mauvaise gouvernance a abouti à des fuites et une diminution importante des recettes ». M. Okais affirme dans ce cadre que « le dernier rapport de Bank Audi, un des documents les plus sérieux du pays, indique que la fuite des ressources douanières a atteint un montant de 500 millions de dollars ».
Comme exemples de violations, le requérant évoque « des exemptions de taxes douanières et une différence de tarification entre les ports de Tripoli et de Beyrouth, ainsi que des achats d’équipements au moyen de contrats de gré à gré plutôt que d’adjudications ». Il mentionne en outre « la destruction de certains documents », alors que, dit-il, « leur conservation est un moyen pour la Cour des comptes d’effectuer ses opérations de contrôle au sein des douanes ». M. Okais dénonce également « un partenariat conclu entre un responsable de la Direction générale des douanes et un transitaire pour la construction d’un immeuble à Hadath », estimant qu’ « une telle association est inadmissible, d’autant qu’elle n’est pas éthique et suscite des interrogations quant aux moyens financiers dont dispose un fonctionnaire de l’État pour participer à l’achat d’une parcelle et l’édification d’un complexe immobilier ».
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commentaires (8)
il faut comprendre qu'ici personne n'est accuser la seule chose qui est reveler c'est le manque de 500 millions …. c'est tout une autre affaire que d'accuser une personne directement de vol surtout quand celui qui accuse faisait partie de l'appareil de l'etat (le parlement) dans ce temps la
Bery tus
02 h 51, le 31 mars 2019