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Idées - Point de vue

Le Mexique, acteur de la francophonie

Juan Manuel Gomez-Robledo. Photo DR

La présence du Mexique au sein de l’Organisation internationale de la francophonie n’est que l’aboutissement d’une longue histoire d’amour pour la langue et la culture françaises. Une histoire qui nous ouvre aujourd’hui la possibilité d’embrasser toute la richesse de l’espace francophone et de construire ensemble un monde plus prospère et plus juste.

À l’origine, la société de la vice-royauté de la Nouvelle Espagne découvre la mode et les coutumes françaises au XVIIIe siècle, lors de l’accession au trône espagnol de la maison des Bourbon qui gouverne, depuis le palais royal à Madrid, les territoires qui constituent le Mexique actuel. Des couturiers, des cuisiniers et des aventuriers français trouvent ainsi une voie ouverte à travers l’Atlantique grâce aux velléités de la politique européenne.

Empreint de la philosophie et de l’esprit des Lumières, le Mexique obtint son indépendance en 1821, et la langue française devint le véhicule de la modernité vénérée par les élites politiques et culturelles de la jeune nation. Selon l’usage de l’époque, la diplomatie mexicaine communique alors en français les espoirs portés par son projet, encore fragile et contesté aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays. Les ministres plénipotentiaires mexicains parcourent les cours européennes et au-delà pour demander en français, que ce soit au sultan à Istanbul ou à l’empereur à Vienne, la reconnaissance politique du nouvel État.

En dépit de deux guerres avec la France au XIXe siècle, le français prend toute sa place dans l’éducation et la culture du pays. Il s’affirme plus tard en tant que code des avant-gardes artistiques. Le voyage initiatique à Paris s’avère incontournable pour se faire un nom au XXe siècle. Diego Rivera, Alfonso Reyes, Jaime Torres Bodet, Octavio Paz, Carlos Fuentes, Francisco Toledo, parmi tant d’autres, font de Paris leur Mecque culturelle.

Malgré la montée en puissance de l’anglais à l’échelle mondiale, le Mexique réserve une place notable à l’apprentissage de la langue française. De nos jours, au Mexique, chaque année 200 000 personnes apprennent le français à travers un réseau de près de 40 alliances françaises, et l’Institut français est le deuxième au monde, derrière celui de Paris.

Par ailleurs, cette langue jadis réservée aux élites est devenue un moyen de promouvoir la création d’une force de travail performante et ouverte sur le monde. Ainsi, les programmes de double diplôme développés en coopération avec la France forment-ils annuellement un nombre croissant d’ingénieurs francophones. Prochainement, la première université bilingue ouvrira ses portes à Monterrey, au nord du Mexique.

Nous souhaitons que cette évolution dans l’apprentissage du français devienne une force qui favorise la mobilité sociale des Mexicains, qu’elle soit un outil pour que les nouvelles générations de mon pays parlent d’innovation et partagent leur vision du monde avec les jeunes de tous les pays francophones. Je suis certain que cela contribuera à nous rapprocher encore davantage du Liban, pays auquel nous sommes liés grâce aux descendants des immigrés libanais qui se sont installés au Mexique.

Admis à l’Organisation internationale de la francophonie en 2014, le Mexique œuvre en faveur du renforcement de la présence des États observateurs au sein des instances de l’organisation. Étant le pays hispanophone le plus peuplé du monde, mon pays partage avec cette communauté axée autour de la langue française l’intérêt pour la défense des valeurs du multilinguisme, du dialogue culturel et de la diversité qui nous apprennent à vivre ensemble en harmonie. Le Mexique prend dès lors sa place parmi les « partisans de cette langue française qui leur tend un miroir où ils contemplent leur humanité, saisissent le monde, entendent sa rumeur », pour reprendre les mots du président Macron à l’Académie française il y a un an.

Par Juan Manuel Gomez-Robledo

Ambassadeur du Mexique en France et représentant personnel adjoint du président du Mexique après de l’Organisation internationale de la francophonie.

La présence du Mexique au sein de l’Organisation internationale de la francophonie n’est que l’aboutissement d’une longue histoire d’amour pour la langue et la culture françaises. Une histoire qui nous ouvre aujourd’hui la possibilité d’embrasser toute la richesse de l’espace francophone et de construire ensemble un monde plus prospère et plus juste.À l’origine, la...

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