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Spécial Orientation professionnelle / Édition 4 - INGÉNIERIE

Informatique, mécatronique, environnement… Des disciplines qui répondent aux défis d’aujourd’hui

De nouvelles perspectives d’emploi se présentent dans le domaine du génie du fait des progrès technologiques, des impératifs de la sauvegarde de l’environnement et de la nécessité d’avoir une vision globale, pluridisciplinaire des problèmes auxquels est confronté l’ingénieur, notamment en ce qui concerne le changement climatique et les questions d’ordre socio-économique.

Photo Bigstock

En ingénierie, malgré un marché libanais de l’emploi qui stagne, certaines disciplines restent encore sollicitées tandis que d’autres ont récemment émergé, répondant au développement de la technologie ou aux nouveaux défis mondiaux.

Faire un choix entre les différentes disciplines de génie est parfois difficile. Si l’on veut réfléchir en termes d’emploi pour déterminer les besoins du marché dans le domaine de l’ingénierie, il est nécessaire de bien connaître les défis actuels sur les plans des technologies modernes, de l’environnement, du changement climatique et des problèmes socio-économiques ou même politiques.

Il est bon ainsi de rappeler dans ce contexte que le plus grand boom mondial se manifeste aujourd’hui au niveau de l’intelligence artificielle (IA), du big data et de l’analyse de données. Des domaines qui recrutent, entre autres, des ingénieurs en informatique. « En technologie, il ne s’agit plus seulement de rendre votre environnement de travail plus rapide et plus performant, il s’agit également de changer complètement votre mode vie, grâce à l’automatisation des tâches », souligne Raymond Ghajar, doyen de l’école d’ingénierie de la Lebanese American University (LAU). Et l’automatisation implique un travail informatique que pourraient accomplir les ingénieurs informaticiens spécialisés dans l’IA. Même si l’introduction de l’automatisation dans notre quotidien nécessite encore de longues années de travail, « des ingénieurs informatiques et des analystes de données seront indispensables ». « Le besoin dépassera même l’offre », assure M. Ghajar, également conseiller au ministère de l’Énergie et de l’Eau depuis 11 ans.

Par ailleurs, la grande menace de piratage de données sur le plan de la sécurité informatique implique une forte demande en ingénieurs informaticiens. « La sécurité informatique et la sécurité des données sont les emplois les mieux rémunérés aux États-Unis », affirme-t-il.

Au Liban et dans n’importe quel autre pays, c’est un avantage de travailler dans le domaine du génie informatique « car une présence physique n’est pas nécessaire pour travailler dans ce domaine ». À titre d’exemple, un ingénieur informaticien pourrait travailler pour IBM avec un ordinateur à 1 000 dollars alors qu’il réside au Liban, assumant son travail qu’il peut envoyer par courrier électronique. « Les ingénieurs informaticiens ont plus de chances de trouver un emploi en étant indépendants », souligne le doyen.

La demande en ingénieurs pétroliers est surestimée 

Outre les ingénieurs en informatique, les ingénieurs mécatroniques sont également sollicités aujourd’hui. Ce sont eux qui rendent les systèmes mécaniques intelligents, en y introduisant les ordinateurs. La mécatronique combine en effet le génie mécanique, le génie informatique et le génie électrique. Cette spécialisation a d’ailleurs été récemment introduite à l’école d’ingénierie de la LAU afin de répondre aux besoins du marché.

« La nanotechnologie va représenter dans ce contexte une énorme révolution, et nous voyons maintenant un écart entre la demande et l’offre dans ce domaine en Europe et aux États-Unis. La plupart de nos étudiants effectuent des formations sur ce plan ou sont recrutés », affirme le doyen de l’école de génie, qui relève que BMW, dont le siège est à Munich, recrute pour des stages rémunérés ou pour des emplois des étudiants et des diplômés de la LAU en génie mécatronique et en génie informatique, spécialisés en intelligence artificielle. L’année prochaine, ils embaucheront également des ingénieurs industriels.

Un besoin en ingénieurs industriels est également perceptible. « Nous avons constaté une forte demande sur le terrain ces quatre dernières années. Chaque industrie a besoin d’un ingénieur qui sache faire des prévisions, des inventaires, des ordonnances, des contrats ou de l’optimisation, sans devoir connaître les détails de la machine », précise Raymond Ghajar.

En revanche, le domaine du génie pétrolier nécessite très peu d’ingénieurs. « La demande en ingénieurs pétroliers est surestimée. Certains diplômés dans ce domaine travailleront dans la vente, d’autres dans l’administration, et peu d’entre eux travailleront sur les plates-formes. Un grand besoin est toutefois perceptible dans le domaine du génie pétrochimique et chimique, notamment dans le Golfe, sachant que ce secteur n’existe pas au Liban, ou très peu », souligne le doyen.

L’environnement, une priorité à l’heure actuelle

Si la demande en génie civil est en baisse presque partout dans le monde, sa sous-discipline, le génie environnemental, n’est en revanche pas affecté en termes d’emploi. « Un projet d’infrastructure ne sera pas financé par une institution internationale, telle que la Société financière internationale (SFI), si une évaluation positive de son impact sur l’environnement n’est pas fournie », relève le responsable.

Dans cette optique, souligne Georges Ayoub, ingénieur environnemental, « une fois qu’au Liban la situation se sera stabilisée et que le financement sera disponible, l’exécution de projets répondant aux besoins et problèmes environnementaux sera prioritaire et il y aura par conséquent une demande en ingénieurs environnementaux ».

L’ingénierie durable

Par ailleurs, les ingénieurs sont appelés aujourd’hui à réfléchir dans une perspective de « durabilité », ce qui entraîne des perspectives d’emploi dans ce nouveau domaine. « L’ingénierie durable vise à concevoir et exécuter des projets qui tiennent compte à la fois de l’environnement, de la société et de l’économie, et cela de manière à ce que ces trois aspects soient équilibrés. Pour être durable, il faut penser à l’avenir », relève Georges Ayoub, également fondateur du programme de génie environnemental à l’AUB où il enseigne.

Les ingénieurs ne peuvent plus occulter ainsi les problématiques posées par le changement climatique. « Le travail collectif des ingénieurs est essentiel pour trouver des solutions à l’impact de l’augmentation de la température. Tout ingénieur diplômé peut poursuivre ses études dans ce domaine en faisant une maîtrise en ingénierie durable ou en ingénierie des énergies renouvelables », souligne pour sa part Raymond Ghajar

Au niveau international, la demande en ingénieurs dans ces domaines est croissante, d’autant que nous entrons dans l’ère du réchauffement climatique, affirme Georges Ayoub. « Cela ouvre donc de nouveaux horizons au niveau du marché de l’emploi, ces ingénieurs spécialisés dans ce domaine devant trouver des solutions à tous les aspects qui seront affectés par le réchauffement climatique, indique-t-il. Il faut examiner les besoins basiques de la collectivité, comme l’énergie, l’eau et la pollution, et nous avons au Liban une déficience dans chaque secteur, ce qui constitue en soi un défi. »

Les ingénieurs face aux défis mondiaux et locaux

« Les ingénieurs ne peuvent pas ne pas être conscients des défis mondiaux du XXIe siècle. Et eux seuls peuvent les surmonter en termes de solutions, lesquelles requièrent le soutien des responsables politiques ou de la communauté internationale », poursuit Raymond Ghajar.

Parmi ces défis, la durabilité est au cœur des débats. « Une compréhension approfondie des problèmes sociaux, environnementaux et économiques constitue un véritable défi », indique de son côté Rima Srour al-Husseini, présidente de Lebanon Green Building Council (LGBC). Il ne s’agit plus donc de travailler sur un problème isolé, mais de l’aborder dans une approche holistique, globale, qui l’inscrit dans un système où tout est interdépendant.

Pour répondre aux enjeux actuels, au-delà des différentes spécialisations, il est ainsi indispensable d’acquérir des compétences dans bien d’autres domaines. « L’approche du travail ne doit pas être cloisonnée, elle doit dépasser les frontières entre les disciplines de l’ingénierie et même au-delà », explique Rima Srour al-Husseini, qui est également la directrice de Hints Design. Tout se joue à cet égard dès les études académiques. « Travailler en abordant d’autres disciplines dans le contexte académique est vraiment ce qui construit une culture élargie et fournit à l’étudiant les connaissances nécessaires pour qu’une fois ses diplômes obtenus, il dispose des outils nécessaires pour relever les grands défis qui se posent dans son travail », soutient-elle.

L’ingénieur d’aujourd’hui, par voie de conséquence, ne peut plus être cloisonné. « Il faut être disposé à travailler avec des personnes de différents horizons du monde entier, conclut dans cette perspective Raymond Ghajar. Et la compétition vous atteindra même si vous ne le voulez pas. Le problème aujourd’hui, c’est que vous pensez avoir la bonne solution, mais vous ne savez pas ce que font vos concurrents. Ils sont peut-être à votre porte, avec une meilleure solution que la vôtre, et à moitié prix ! »


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En ingénierie, malgré un marché libanais de l’emploi qui stagne, certaines disciplines restent encore sollicitées tandis que d’autres ont récemment émergé, répondant au développement de la technologie ou aux nouveaux défis mondiaux. Faire un choix entre les différentes disciplines de génie est parfois difficile. Si l’on veut réfléchir en termes d’emploi pour déterminer les...

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