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Culture - Exposition

Le carrousel de la vie de Leila Abi-Saleh Nasr

L’œuvre picturale d’une vie en 90 tableaux entre huile, aquarelle et gouache, au Musée archéologique de L’USEK.

« Pins parasols de l’hippodrome », de Leila Abi-Saleh Nasr.

Mathématicienne de formation et de profession, Leila Abi-Saleh Nasr n’en a pas moins l’amour des pinceaux et du chevalet chevillé aux doigts, à l’esprit et au cœur. Les premiers coups de canon et de mitraillette de la guerre libanaise, en 1975, ont éveillé et déchaîné chez elle la passion de la peinture pour chercher une zone intérieure de paix, de beauté, d’harmonie et de sécurité. Ce duo d’amour entre elle et la peinture perdure aujourd’hui encore, conjugué à l’art... d’être une grand-mère comblée. Leila Abi-Saleh Nasr peint pour conter, par désir de transmission. Elle peint pour jeter la lumière, en toute discrétion et élégance, sur maints détails et détours d’une vie. Mais aussi pour contrer toute fébrile agitation sociale, mercantilisme servile ou consumérisme effréné. Il y a dans sa peinture une volonté de sérénité, de rêve sans effroi, de prière douce et fervente. Dans le sang de Leila Abi-Saleh Nasr coule aussi le don de la poésie et celui des lignes adroitement tracées, que son frère, le graphiste et chantre des mots Hani Abi-Saleh, assassiné lors de la sinistre guerre civile libanaise, possédait également. Poésie et précision qui transparaissent à travers ces toiles qui révèlent l’être dans sa bienveillance, aux antipodes de toute agressivité, et des floralies aux discours à la fois retenus et expansifs, aux rayonnements consolateurs et apaisants.

Élève de Béchara Nour (dit Bich!), de Jean Khalifé et de Naïm Doumit, assidue des cours à l’atelier d’Édouard Marc Avoy à Paris, directeur du Salon d’automne à cette époque-là (où d’ailleurs les œuvres de l’artiste seront retenues et exposées à deux reprises), Leila Abi-Saleh Nasr s’est engouffrée en toute dévotion dans l’aventure artistique.


Toiles amies

En jetant un regard circulaire sur les toiles qui tapissent actuellement l’espace des expositions temporaires à l’Université Saint-Esprit de Kaslik (USEK), toiles amies de ses souvenirs, de ses peurs occultées, de ses doutes écartés et de ses angoisses sublimées, elle confie en toute simplicité : « Les êtres, les fleurs, les arbres, les poteries, les immeubles composaient mon univers pictural. J’aimais jouer avec les échelles, les fleurs se transformaient en arbres, une fleur pouvait couvrir un immeuble. Les poteries et les fleurs représentaient des personnages… »

Lieux de confidences absolues et de compagnonnage dans les moments de solitude ou de félicité, ces toiles aux dimensions allant de 116 cm x 73 cm à 30 cm x 40 cm, sont aussi le reflet des désirs de créativité. Comme une volonté de l’artiste de maîtriser et faire taire le règne du chaos tout en gommant les stigmates de toute laideur.

L’œuvre de l’artiste est une invitation pour un monde dont la guerre est exclue. Une invitation, aussi, à faire connaissance avec le cercle familial – à travers un enfant qui joue au piano, un mari penché sur son bureau – ou étranger, comme cette dame en kimono cigarette en main, ou ce boxeur au torse nu et aux gants en repos, ou encore ces somptueux corps de femmes en nu intégral.

Exposée également, une farandole exubérante de fleurs de tous crins, tous horizons et toutes saisons. Par-delà des pinèdes profondes ou des vignes vierges, fleurissent les coquelicots en effervescence, les orchidées charnues, les giroflées suaves...

« Je me fais plaisir quand je peins », affirme cette dame au grand cœur, qui ajoute : « Ces toiles sont un bouquet, et chacune d’elles cristallise un temps. Elles sont pour moi autant de respirations, d’expressions d’un monde, un cheminement de formes et de couleurs… »

Organisée par la faculté des beaux-arts et des arts appliqués, l’exposition des œuvres de peinture de Leila Abi-Saleh Nasr au Musée archéologique de l’USEK se prolonge jusqu’au 11 avril 2019.


Pour mémoire

Tout est là, dans ses toiles, en toute discrétion et tendresse...

Mathématicienne de formation et de profession, Leila Abi-Saleh Nasr n’en a pas moins l’amour des pinceaux et du chevalet chevillé aux doigts, à l’esprit et au cœur. Les premiers coups de canon et de mitraillette de la guerre libanaise, en 1975, ont éveillé et déchaîné chez elle la passion de la peinture pour chercher une zone intérieure de paix, de beauté, d’harmonie et de...

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