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Économie - Conférence

Le Liban appelé à appliquer les principes de gouvernance au sein de l’administration

L’IFG a consacré hier une conférence au développement des pratiques de gouvernance dans les institutions publiques. Photo P.H.B.

Le secteur privé libanais ne pourra atteindre son plein potentiel sans institutions publiques efficaces. C’est pour défendre cette idée, énoncée par son coordinateur Hadi el-Assaad, que l’Institut pour la finance et la gouvernance (IFG) a organisé hier, en coopération avec l’Institut des finances Basil Fuleihan, une conférence consacrée à ce thème, à l’École supérieure des affaires (ESA), à Beyrouth.

Le gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé, la représentante au Liban de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), Gretchen Biery, le chef du département chargé des pratiques mondiales de la gouvernance à la Banque mondiale, Renaud Seligmann, ont notamment participé à la session d’ouverture.

« L’idée principale, à un moment où la lutte contre la corruption occupe une place importante dans le débat public, est qu’il faut instituer des bases, notamment légales, pour développer la culture de la gouvernance dans l’administration », a expliqué Hadi el-Assaad à L’Orient-Le Jour. La question est d’autant plus centrale que « le secteur public représente 35 % du PIB libanais, ce qui fait porter une lourde responsabilité au décideurs publics en cas de gestion défaillante », a martelé le gouverneur de la BDL dans son discours.


(Lire aussi : Aux yeux des investisseurs étrangers, la gouvernance reste le talon d’Achille du Liban)


Cooptation plutôt que piston

Un lien de cause à effet qui ressort dans les derniers chiffres de la comptabilité nationale. Le déficit public a en effet atteint 5,8 milliards de dollars à fin novembre, soit un milliard de plus que ce que prévoyait le budget prévisionnel pour l’ensemble de l’année civile. Un dérapage lié à l’écart entre le coût estimé du relèvement en 2017 de la grille des salaires de la fonction publique avant son vote et son coût effectif, ou le recrutement – malgré le gel voté par les députés en même temps que la grille – de plusieurs milliers de fonctionnaires.

Pour éviter une réédition de ce type de scénario, les participants ont préconisé plusieurs pistes, comme la révision des critères de sélection des fonctionnaires et des hauts responsables, la disparition de la « wasta » (piston) au profit de mécanismes de cooptation réglementés, la mise en place de standards d’efficacité et de transparence ou encore le développement de la coordination entre les institutions. « Le fait qu’il soit difficile d’obtenir les coordonnées de tout député auprès des services du Parlement démontre l’ampleur du chantier », souligne Hadi el-Assaad.

Or, « il faut des politiques efficaces pour assurer le bon fonctionnement du secteur privé et des partenariats publics-privés (...) », a rebondi Gretchen Biery pendant son intervention. La responsable a rappelé que la BERD, qui a démarré ses activités il y a environ un an au Liban, prévoit de débloquer 1,1 milliard de dollars de prêts dans le cadre de la conférence de Paris (CEDRE) en avril 2018 pour financer des projets inscrits dans le plan d’investissement dans les infrastructures préparé par les dirigeants libanais.

Un montant qui compose l’enveloppe de plus de 11 milliards de dollars d’aides en prêts et dons promis au Liban par ses soutiens, à condition que ses dirigeants lancent d’importantes réformes, notamment pour réduire le déficit public. « Le pays est à un tournant », estime Renaud Seligmann avant de noter que le fait qu’il ait réussi à maintenir, même au prix fort, « un certain degré de stabilité depuis la fin de la guerre civile », dans un contexte régional marqué par l’instabilité au niveau politico-sécuritaire, reste un atout.

L’IFG a été créé en 2015 par la BDL pour renforcer les pratiques de bonne gouvernance dans le secteur privé.



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