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Économie - Interview

Jihad Azour : La gouvernance est un pilier de la croissance inclusive

Le directeur Moyen-Orient et Asie centrale au Fonds monétaire international (FMI), Jihad Azour, a présenté hier à Beyrouth le rapport consacré à la zone MENA « Opportunités pour tous » dont les recommandations s’appliquent au Liban.

Le directeur Moyen-Orient et Asie centrale au FMI, Jihad Azour, hier à l’hôtel Four Seasons de Beyrouth. Jamal Saïdi/Reuters

Dans son dernier rapport sur la zone Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA), le FMI met l’accent sur la gouvernance, la lutte contre la corruption, ainsi que la transparence dans la gestion des finances publiques et l’élaboration du budget pour  parvenir à une croissance inclusive. Quelles sont les réformes recommandées par le FMI dans ce sens ?
La gouvernance est un des piliers de la croissance. La lutte contre la corruption permet de renforcer la confiance entre les citoyens et l’État, une meilleure utilisation des ressources publiques, de stimuler la croissance, de renforcer l’efficacité du rôle de l’État et de rendre le secteur privé actif. Le FMI travaille sur ces thématiques pour assurer la macro-stabilité des États. L’objectif est de passer du pourquoi au comment. Nous recensons plusieurs exemples réussis dans la zone MENA qui ont renforcé leur gouvernance grâce à une réforme de leur fiscalité, une modernisation de leur cadre budgétaire et une réforme du mode d’attribution des marchés publics. Parmi ces exemples réussis, on peut citer la Jordanie, qui a créé une haute autorité pour la transparence, la Tunisie qui a réformé son cadre fiscal ou encore l’Égypte qui a revu sa politique de subventions. Le rapport souligne en effet l’importance d’un assainissement des finances publiques pour atteindre une croissance inclusive.

Quelles sont les recommandations du FMI pour les pays de la zone MENA sur la réforme de leur régime fiscal ?
Le système fiscal dans la région est concentré, pas suffisamment diversifié et pas assez progressif, afin qu’il puisse être juste et équitable.
Le FMI recommande aux pays de la zone MENA d’élargir l’assiette fiscale, d’instaurer une plus grande progressivité, d’éliminer les régimes spéciaux et les exemptions qui, dans la plupart des cas, ne sont pas justifiées tant d’un point de vue économique que social et de renforcer l’administration fiscale. Un régime fiscal doit permettre une meilleure redistribution des richesses à travers des contributions fixées selon les moyens de chacun.
Le niveau de taxation est relativement faible dans la zone MENA et encore plus faible en ce qui concerne l’impôt sur le revenu, si l’on compare les pays de la région à d’autres pays aux revenus similaires.

Qu’en est-il des dépenses publiques ?
Il faut pouvoir créer un espace fiscal pour dégager des marges de manœuvre au niveau des dépenses. Dans plusieurs pays de la zone MENA, la majeure partie des dépenses publiques sont allouées aux salaires et traitements, aux subventions et au service de la dette. L’idée est de changer cette dynamique afin de pouvoir allouer plus de dépenses aux investissements et à la protection sociale. Les quelques pays ayant réussi à inverser cette dynamique l’ont fait en entamant des réformes de leurs subventions de l’électricité et des produits pétroliers. Ils sont passés d’un système de subventions directes à des programmes de transferts en cash. C’est le cas de la Jordanie et de l’Égypte, dont le programme cible aujourd’hui quelque 10 millions de bénéficiaires. Des pays membres du Conseil de coopération du Golfe ont également mis en place des réformes sur la subvention de l’énergie. L’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis ont également introduit récemment la TVA.

Plusieurs pays de la région sont grandement impactés par l’afflux des réfugiés et l’enlisement des conflits dans la région. Comment le FMI envisage-t-il l’intégration économique des réfugiés au sein des communautés hôtes ?
La question des réfugiés est l’un des plus grands problèmes de la région. Entre 40 à 50 % des réfugiés dans le monde viennent de cette région. Il est donc important de reconnaître l’importance de ce problème et de ses implications pour les réfugiés, les communautés hôtes et la croissance économique. Il faut sensibiliser la communauté internationale afin qu’elle accélère l’octroi d’aides aux réfugiés et aux communautés hôtes. Il faut répondre aux besoins socio-humanitaires des réfugiés et réfléchir à leur intégration. Cela dit, chaque pays doit définir les modalités de cette intégration.


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