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À La Une - Diplomatie économique

Corée du Nord : Trump s'accroche à sa stratégie du "tout ou rien"

Le président des Etats-Unis assure que sa relation avec le jeune homme fort de Pyongyang restait "très bonne", tandis que ses équipes minimisent le fiasco du deuxième sommet entre les deux hommes, qui n'ont pas réussi à s'entendre fin février sur un donnant-donnant même modeste.

Le président américain, Donald Trump (d), et le leader nord-coréen, Kim Jong Un (g), réunis autour d'un dîner, le 27 février 2019 à Hanoï au Vietnam. Photo Francesco FONTEMAGGI

A Hanoï, Donald Trump a déjoué les pronostics en refusant de se contenter d'un accord partiel sur le nucléaire nord-coréen. Mais malgré l'échec et le scepticisme ambiant, il s'accroche à sa stratégie du "tout ou rien" en misant sur son "alchimie" avec Kim Jong Un.

Le président des Etats-Unis a assuré vendredi que sa relation avec le jeune homme fort de Pyongyang restait "très bonne", tandis que ses équipes minimisent le fiasco du deuxième sommet entre les deux hommes, qui n'ont pas réussi à s'entendre fin février sur un donnant-donnant même modeste.
Et pour cause. "Personne dans l'administration ne préconise une approche pas à pas", a tranché cette semaine un haut responsable américain. Autrement dit, Washington veut d'emblée un "grand accord" qui permette d'un coup la "dénucléarisation définitive et entièrement vérifiée de la Corée du Nord" en échange de la levée des sanctions qui étranglent l'économie du pays reclus. "On dirait vraiment que l'administration est sur une approche +tout ou rien+", "ce qui ressemble à un retour en arrière" qui "ne va pas vraiment plaire au régime Kim", a constaté Frank Aum, ex-conseiller au Pentagone, lors d'une rencontre au cercle de réflexion United States Institute of Peace (Usip).

Cette posture a surpris plus d'un observateur car, dans les semaines avant le sommet de Hanoï, plusieurs petits signes avaient laissé penser que le gouvernement américain commençait à se faire à l'idée d'une négociation plus classique, par étapes.
"Rien ne presse", lâchait le locataire de la Maison Blanche. "C'est un processus qui prendra du temps", prévenait son secrétaire d'Etat Mike Pompeo. De son côté, le négociateur Stephen Biegun proposait des avancées "simultanément et en parallèle" et évoquait une possible marge de manoeuvre en matière de sanctions, donnant l'impression de se rapprocher de la revendication nord-coréenne de contreparties à chaque étape de son désarmement.


(Lire aussi : La Corée du Nord a reconstruit un site de fusées, au risque de « décevoir » Trump)


Manque de "confiance"
Mais lors du sommet, Kim Jong Un a proposé de démanteler son complexe nucléaire de Yongbyon en échange de la levée des principales sanctions, et Donald Trump a refusé. Pas assez. Le président américain a exigé "l'élimination complète de leur programme d'armes de destruction massive", a rapporté le haut responsable américain, estimant que les "approches progressives" avaient "échoué" par le passé.

A Washington, cette fermeté a été interprétée comme la victoire du conseiller présidentiel à la sécurité nationale John Bolton, faucon de longue date sur le dossier nord-coréen, sur le duo Pompeo-Biegun.
Et alors que la classe politique américaine va de plus en plus se tourner vers la prochaine présidentielle, les Etats-Unis ont même exhumé un objectif qui semblait avoir été enterré et que tous les experts jugent irréaliste: la dénucléarisation totale de la Corée du Nord d'ici la fin de l'actuel mandat du milliardaire républicain, en janvier 2021.

Or pour Jenny Town, du think tank 38 North, faute d'accord partiel au Vietnam, "on a perdu la dynamique" créée par le rapprochement inédit entre les deux dirigeants et "le cercle vicieux est déjà en train de s'enclencher". Des images satellitaires analysées notamment par son organisation révèlent en effet que Pyongyang semble avoir reconstruit un site d'essais de fusées qu'il avait promis de démanteler, et l'agence officielle nord-coréenne a "blâmé" ouvertement les Américains pour l'échec du sommet. Surtout, le "tout ou rien" a "toujours échoué car on est en présence de deux acteurs qui ne se font pas confiance", a-t-elle estimé lors d'une conférence.


(Pour mémoire : Pyongyang propose à Washington de nouvelles discussions après l'échec du sommet)


La dynastie des Kim a toujours vu la bombe atomique comme une garantie face aux intentions hostiles, voire belliqueuses, prêtées aux Etats-Unis. "Cette administration tente de montrer qu'il n'y a pas d'intention hostile", a reconnu Joseph Yun, ex-émissaire américain pour la Corée du Nord, lors de la rencontre à l'Usip. "Mais c'est une chose difficile à prouver, ce qui crée une impasse, et c'est pour cela que les Nord-Coréens veulent une approche pas à pas pour améliorer la confiance."

Que faire maintenant? Washington espère reprendre les tractations au niveau des négociateurs le plus vite possible, et a réagi de manière très mesurée à la reconstruction du site d'essais de fusées -- l'essentiel à ce stade est que les Nord-Coréens continuent de s'abstenir de tout test, y compris d'engins spatiaux, ont prévenu les responsables américains.
Donald Trump est même prêt à une nouvelle rencontre, toujours persuadé que sa relation personnelle avec Kim Jong Un fera, in fine, la différence.
Selon Jenny Town, c'est peut-être effectivement une "opportunité" à saisir pour les Nord-Coréens, qui "savent très bien qu'il s'agit d'un président non conventionnel". "D'autant qu'ils "n'ont pas forcément de bons souvenirs des présidents conventionnels."

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commentaires (2)

LA STRATEGIE DU TOUT OU RIEN C,EST TOUT POUR SOI ET RIEN A L,AUTRE. CE N,EST PAS UNE STRATEGIE NI UNE POLITIQUE. C,EST DE L,ULTIMATUM DESTINE A ETRE REFUSE !

LA LIBRE EXPRESSION

07 h 06, le 10 mars 2019

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Commentaires (2)

  • LA STRATEGIE DU TOUT OU RIEN C,EST TOUT POUR SOI ET RIEN A L,AUTRE. CE N,EST PAS UNE STRATEGIE NI UNE POLITIQUE. C,EST DE L,ULTIMATUM DESTINE A ETRE REFUSE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    07 h 06, le 10 mars 2019

  • La grosse erreur de KIM Jong UN c'est de serrer la main de ce clown américain. Il n'a rien à gagner , à part subir un gros bluff et comme Arafat et Chavez se ramasser des contamination virales .

    FRIK-A-FRAK

    00 h 53, le 10 mars 2019

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