Rechercher
Rechercher

Culture - Entretien express

« L’Autostrad condense toute la complexité du Liban »

D’al-Arida jusqu’à al-Naqoura, Sirine Fattouh et Stéphanie Dadour ont sillonné le littoral libanais, caméra au poing. Un road trip mémorable et huit heures de rushes plus tard, elles espèrent pouvoir produire une vidéo de 4 heures pour laquelle elles lancent une campagne de crowdfunding. Explications...


Des images prises lors du tournage de « l’Autostrad » de Sirine Fattouh et Stéphanie Dadour. Photo DR

« De la Syrie à la Palestine, el-Autostrad » : tel est le titre de votre vidéo. De quoi s’agit-il ?

Il s’agit d’un road trip effectué de la frontière libano-syrienne (al-Arida), à la frontière libano-palestinienne (al-Naqoura). Un seul dispositif : deux caméras dans une voiture. L’une filme la route de face et l’autre est dirigée vers le littoral. Le trajet s’effectue d’un trait et suit le rythme d’une journée-type, expliquent les deux réalisatrices. Un peu plus de 200 km, 4 heures durant, un dimanche sans embouteillages, pour décrypter un ensemble de lieux liés par une route.

Quelle est l’idée à l’origine du projet ?

Tout d’abord, la volonté de faire un projet à deux – comme une réponse à un appel lancé par Askhal Alwan. Sirine (Fattouh) est artiste-chercheuse, Stéphanie (Dadour) enseignante-chercheuse en architecture. Nous avions en commun l’intérêt de réfléchir à ce que représenterait le Liban aujourd’hui – chacune mobilisant son savoir et son savoir-faire. La position géopolitique du Liban s’est révélée ainsi intéressante, notamment du point de vue de son rapport aux frontières. Bien entendu, la frontière syrienne (au nord) et palestinienne (au sud) ; mais aussi d’autres types de frontières : son rapport à la mer (à l’ouest), au paysage urbain et montagne (à l’est), entendue comme des limites, des seuils, plus ou moins poreux. C’est un projet à long terme, et que nous aimerions reproduire tous les 3 ans. Il vise entre autres à garder des traces de cette route qui dessine une frontière, un passage, une épaisseur : des lieux de vie. Les paysages, la géographie, les tissus sociaux, les ambiances changent assez rapidement et tout le long de la route.

Ce que nous appelons communément l’« Autostrad » au Liban – et qui en réalité n’a rien d’une autoroute – nous intéresse, car c’est un espace-temps qui condense et matérialise toute la complexité d’une société. Chaque fragment de la vidéo révèle une somme d’informations politiques, économiques, culturelles et sociales assez importantes.

Vous lancez une campagne de crowdfunding sur Indiegogo pour compléter « el-Autostrad », notamment la phase de l’édition…

Ce projet a l’avantage d’avoir été produit avec (très) peu de moyens matériels. Alexandre Paulikevitch nous a donné un coup de main, notamment en nous accompagnant. Michèle Tyan de Djinhouse a effectué un premier montage de 45 minutes qui était en réalité notre première ambition. Nous réalisons aujourd’hui que les 4 heures d’enregistrement valent la peine d’être retranscrites dans leur totalité afin de proposer aux spectateurs de vivre l’expérience de notre trajet. Nous sollicitons l’aide de tout le monde (chaque personne a la possibilité de mettre la somme qu’il désire) afin de réaliser le montage image (8h de rushes puisque l’écran est divisé en deux), le mixage son, la désanamorphose des images et l’étape la plus coûteuse qui est l’étalonnage. Pour le moment, nous avons réuni 1 000 dollars, nous espérons que d’ici à la fin de la campagne, nous aurons atteint notre objectif, nous comptons réellement sur le soutien des gens.



Pour mémoire

Sirine Fattouh tâte, explore et trouve


« De la Syrie à la Palestine, el-Autostrad » : tel est le titre de votre vidéo. De quoi s’agit-il ? Il s’agit d’un road trip effectué de la frontière libano-syrienne (al-Arida), à la frontière libano-palestinienne (al-Naqoura). Un seul dispositif : deux caméras dans une voiture. L’une filme la route de face et l’autre est dirigée vers le littoral. Le trajet...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut