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Culture - RENCONTRE

« Je ne quitterais jamais Beyrouth, sa roue, ses tunnels, ses trains invisibles... »

Plus d’un demi-siècle de vie dans la capitale libanaise a inspiré à Tómas Alcoverro son opus en langue espagnole, « La noria de Beirut » (250 pages – édition Diëresis), dans lequel le journaliste catalan explique cette relation d’affection et d’appartenance...

Un livre hommage et tendresse à Beyrouth par un Catalan qui dit « être un Libanais et un Levantin d’adoption ».

À 78 ans, il a laissé tomber sa robe d’avocat depuis belle lurette (pour n’avoir enseigné le droit international qu’un temps) afin de s’emparer de la plume. Correspondant au Moyen-Orient du quotidien espagnol La Vanguardia, il a élu domicile à Beyrouth depuis 1970 et s’est si bien enraciné qu’il déclare être ici « parfaitement dans ma peau ».

À son actif déjà, dans la langue de Cervantès, cinq ouvrages aux titres éloquents Les doyens, Mirage de l’Orient, Pourquoi Damas et le malicieux chapelet d’Histoires de mon balcon qui fouille Beyrouth dans ses ruelles, pubs et cafés, avec des personnages insolites et truculents. Aujourd’hui, avec un style descriptif et empreint de bienveillance, il récidive l’aventure littéraire (pas de politique et encore moins de journalisme, souligne-t-il) et va plus loin encore et en profondeur avec cette noria, ce tourniquet hydraulique, cette roue qui est symbole et métaphore du sens de l’adaptation et de l’énergie renouvelée d’une capitale qui ne cesse de renaître de ses cendres.

« Une ville qui fait tourner ses turbines malgré toutes les adversités et reste debout », résume-t-il. Et d’ajouter : « Cette ville est ma ville. C’est une ville facile et cosmopolite : avec mon côté francophone, je vis ici en toute harmonie méditerranéenne. J’y ai habité en temps de guerre et je ne quitterais jamais Beyrouth. Ce livre est celui de mes émotions et le reflet de mon ressenti. Ce sont mes promenades et mes déambulations dans un pays et une ville joyeuse que j’aime… »

Divisée en plusieurs chapitres courts, avec en exergue une phrase tirée d’une chanson de Georges Moustaki (« ...étranger parmi les étrangers »), cette ode à Beyrouth inclut l’opinion de l’auteur sur l’anarchique cruauté de la chasse aux oiseaux, sur le labeur intense de la communauté hispanique à Beyrouth (beaucoup de femmes médecins ont épousé des libanais), la fusée faite par de jeunes Arméniens issus du collège Haïgazian, les trains invisibles dont seules restent les traces des rails, la débrouille libanaise, une balance de solutions sans véritables solutions (compromis à la libanaise...), les tunnels creusés par les hommes de Arafat en 1980, conférant un mystère souterrain à la ville, Saïd Akl et l’alphabétisation latine de l’abécédaire arabe…


L’Alhambra et Adonis
Petit sens critique et beaucoup d’émerveillement pour cette terre de miel, de thym et de romarin, dans ce livre impressionniste qui réserve pas mal de surprises au lecteur, notamment ce palais non terminé du Dr Sahal, réplique de l’Alhambra, à Jezzine, avec le symbole des trois religions des dix-huit communautés qui font la texture de la mosaïque libanaise. Byblos a la part du lion dans les éblouissements de ce Catalan qui traque aussi le mythe d’Adonis et de sa poésie. D’ailleurs, c’est avec une élégie que se terminent ces pages vibrantes de vie et charriant exaltation et lyrisme. Et de citer, en dernières lignes, ce poème de Juan Ramon Jimenez : « Je partirais d’ici, mais restent les oiseaux qui chantent… »

Pour une note toujours optimiste et active, Tómas Alcoverro lâche cette phrase : « Je veux montrer avec ce livre combien ma ville d’adoption et de cœur est belle. Et pour cela, l’hôtel de ville de Barcelone a décidé d’inviter les créateurs libanais pour montrer leur savoir-faire, leur talent et leur inspiration. Cela me touche, car j’y ai là une petite contribution… »

Affaire à suivre…



Pour mémoire
Décorations espagnoles à Amine el-Bacha et Tomas Alcoverro


À 78 ans, il a laissé tomber sa robe d’avocat depuis belle lurette (pour n’avoir enseigné le droit international qu’un temps) afin de s’emparer de la plume. Correspondant au Moyen-Orient du quotidien espagnol La Vanguardia, il a élu domicile à Beyrouth depuis 1970 et s’est si bien enraciné qu’il déclare être ici « parfaitement dans ma peau ». À son actif déjà,...

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Un mot, MERCI.

Christine KHALIL

20 h 50, le 25 février 2019

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Commentaires (1)

  • Un mot, MERCI.

    Christine KHALIL

    20 h 50, le 25 février 2019

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