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Liban - Décryptage

En dépit du climat positif, de nombreux défis attendent le gouvernement

La rapidité avec laquelle la déclaration ministérielle a été adoptée en Conseil des ministres, en dépit des lourds dossiers conflictuels, est un indice sur les rapports de force qui ont abouti à la formation du gouvernement et qui commandent désormais son action.

Il est ainsi clair que l’entente entre le chef de l’État et son camp d’un côté, le Premier ministre et son camp de l’autre, s’est consolidée, tout comme le malaise entre le Hezbollah et le CPL s’est dissipé (de nombreux signes ont été donnés sur ce sujet au cours des derniers jours, à travers des déclarations et des rencontres célébrant l’entente de Mar Mikhaël).

Ces deux développements vont marquer l’action du gouvernement au cours des prochains mois, assurant une plateforme solide d’entente dans le traitement des nombreux dossiers en suspens. D’ailleurs, le fait que les Forces libanaises se soient retrouvées bien seules pour émettre des réserves sur un des points de la déclaration ministérielle qui concerne la stratégie de défense et le droit du Liban à la résistance donne un aperçu de l’élan qui porte actuellement ce gouvernement. Même le PSP de Walid Joumblatt, représenté par deux ministres au sein du gouvernement (Akram Chehayeb et Waël Bou Faour), qui avait commencé par hausser le ton, a rapidement prôné l’apaisement, après avoir redynamisé l’entente entre Joumblatt et le chef de l’État et rétabli les ponts avec le Premier ministre, à travers une série de contacts effectués par les deux ministres, à la demande du chef du parti.

En principe, dans la foulée de cet élan, le gouvernement devrait obtenir une large confiance au Parlement, à l’issue de la séance parlementaire qui commencera mardi. Même si le président de la Chambre a prévu pour cette séance un déroulement sur trois jours (mardi, mercredi et vendredi, en raison du congé officiel de jeudi), le climat général porte à croire que les débats ne devraient pas trop se prolonger et ils devraient se limiter à des réclamations de la part des députés, sans comporter de la part des grands blocs parlementaires des critiques profondes de la déclaration ministérielle. Le parti Kataëb et quelques indépendants, ainsi que les députés proches de « la société civile », pourraient être virulents, mais concernant les députés membres des grands blocs parlementaires, leurs discours pourraient s’inscrire plus dans les positions de principe que dans les véritables critiques, car ils sont tous représentés au sein du gouvernement.


(Lire aussi : Le Hezbollah reste attaché à sa liberté d’action hors du giron de la légalité)

Même les dossiers épineux, comme celui des relations avec la Syrie et celui des déplacés syriens, ne devraient pas faire l’objet d’une polémique profonde, les composantes du gouvernement ayant décidé entre elles de se partager les rôles sur ce dossier : le ministre d’État chargé des déplacés syriens ferait ainsi le nécessaire, avec les autorités syriennes et avec la communauté internationale, alors que le Premier ministre et son camp se tiendraient à l’écart.

Une fois la confiance parlementaire obtenue, le gouvernement devrait donc se mettre rapidement au travail.

Selon des sources gouvernementales, les différentes parties préparent déjà un train de nominations dans plusieurs secteurs administratifs pour combler les vacances au niveau de l’administration et permettre ainsi à cette dernière de faire son travail. Le chef de l’État et le Premier ministre seraient aussi déterminés à pousser les ministres à donner rapidement des résultats, surtout dans les portefeuilles qui touchent la vie quotidienne des citoyens et dans les dossiers qui portent sur la corruption.

D’après les sources gouvernementales précitées, le gouvernement serait donc plein de bonne volonté, avec un souci d’éviter, au moins dans un premier temps, les démarches vexatoires et les critiques personnalisées. D’ailleurs, toujours selon les mêmes sources, le Hezbollah chercherait à calmer les hostilités entre le CPL et les Marada au moins sur le plan ministériel.

Mais tous ces indices positifs ne cachent pas le fait que de nombreux défis attendent le gouvernement. L’attitude de la communauté internationale, concernant le dossier des déplacés syriens et le début de normalisation des relations libano-syriennes, n’est pas le moindre. Tout comme l’octroi du portefeuille de la Santé au Hezbollah (même si en réalité le ministre n’est pas membre du parti mais un simple sympathisant) n’est pas vu d’un bon œil par les pays occidentaux et leurs alliés arabes et régionaux. Déjà, des sources diplomatiques laissent entendre que le président français aurait renoncé à se rendre au Liban et qu’il se contenterait d’y envoyer le ministre des Affaires étrangères, alors que le président de la Chambre devrait bientôt se rendre à Paris et y rencontrer, entre autres, Emmanuel Macron (les sources de Aïn el-Tiné précisent que cette visite était prévue depuis longtemps, mais le président de la Chambre a préféré attendre la formation du gouvernement pour la concrétiser). De même, le fait qu’en général, les pays du Golfe, et en particulier l’Arabie saoudite, n’aient pas commenté la formation du gouvernement au Liban n’est pas un signe encourageant. Le Premier ministre s’apprête d’ailleurs à effectuer une visite aux Émirats arabes unis ce week-end et il se propose de faire une tournée dans le Golfe après le vote de confiance au Parlement. Mais la tâche ne sera pas facile, d’abord pour lever la défiance que suscite ce gouvernement chez certaines parties internationales et régionales, et ensuite pour gagner la confiance des citoyens.


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commentaires (3)

LE JOB EST DIFFICILE ET TRES ARDU. IL FAUT QUE L,EQUIPE MINISTERIELLE AGISSE DE CONSORT ET UNIFIEE ... CE QUI N,EST PAS LE CAS QUAND CERTAINS RECOIVENT DES DIRECTIVES DE CENTRES ETRANGERS ! POURTANT, ESPERONS. IL NE NOUS RESTE QUE L,ESPOIR !

LA LIBRE EXPRESSION

14 h 23, le 09 février 2019

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Commentaires (3)

  • LE JOB EST DIFFICILE ET TRES ARDU. IL FAUT QUE L,EQUIPE MINISTERIELLE AGISSE DE CONSORT ET UNIFIEE ... CE QUI N,EST PAS LE CAS QUAND CERTAINS RECOIVENT DES DIRECTIVES DE CENTRES ETRANGERS ! POURTANT, ESPERONS. IL NE NOUS RESTE QUE L,ESPOIR !

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 23, le 09 février 2019

  • Le Liban nouveau a fait le pari de la difficulté, il est risqué évidemment, mais la facilité fait peur . Le Liban NOUVEAU a décidé de sortir des sentiers battus, de se prendre en main , de ne plus confier son destin aux "traditionnels" alliés, de qui On a vu que misère et désolation, c'est certes une entreprise périlleuse, mais le pari en vaut la chandelle , aucun pays au monde de nos jours , la France incluse ne connaît pas de difficulté. Faut se battre pour s'imposer, le Liban nouveau a de maigres moyens , mais il a un peuple fantastique VAILLANT , intelligent et compétent dans tous les domaines de la société. Si comme Scarlett l'écrit, et qui semble donner l'impression d'un consensus tacite entre NOUS , je ne vois pas CE qui pourrait et QUI pourrait nous empêcher de reussir. BON WEEK END SCARLETT ET PERMETTEZ UNE BISE SUR CHAQUE JOUE.

    FRIK-A-FRAK

    12 h 08, le 09 février 2019

  • tout ce bavardage pour dire quoi ? que hezbollah n'est vraiment pas un probleme pour la nation, qu'au contraire il assiste le gouvernement & le "pouvoir" dans leur GRANDE MARCHE vers le mieux, et que LE PROBLEME , LE SEUL qui compliquerait la vie au nouveau cabinet sont les pays qui lui sont hostiles (a hezb) et que sinon ce serait jeu d'enfants que ce cabinet aurait a jouer pour nous emmener vite fait au paradis sur terre.

    Gaby SIOUFI

    11 h 40, le 09 février 2019

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