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Culture - Focus

Jean-Luc Godard, « un sportif de l’image et du son »

Durant le 25e anniversaire du Festival du cinéma européen, la Suisse a présenté le film du cinéaste, « Le Livre d’image », Palme d’or spéciale au festival de Cannes 2018. Les producteurs Fabrice Aragno et Mitra Farahani étaient présents le lendemain pour le feuilleter au cours d’un débat avec Antoine Khalifé.


On l’aime, on ne l’aime pas, là n’est pas la question – car je crois que lui, il s’en fout un peu. Il n’est pas là à faire du cinéma parce qu’il veut se faire aimer, mais parce que lui aime ce 7e art profondément. Il lui rend d’ailleurs hommage à l’âge de 88 ans, en signant ce Livre d’image. Au cours du débat qui a eu lieu au Metropolis, Antoine Khalifé a voulu, en compagnie de Mitra Farahani (productrice) et Fabrice Aragno (monteur), présenter cet ovni du cinéma.

D’abord pourquoi image sans s ? C’est aussi un secret à la Jean-Luc Godard qui est aussi taquin et déroutant qu’un certain Tarantino lorsqu’on lui demanda : Pourquoi Inglorious Basterds avec un e et pas un a à Basterds. Il a peut-être aimé nous dérouter mais aussi faire honneur à cette image qu’il a longtemps questionnée. Car rien n’est sacré chez JLG. Tout est passible de remaniement, de déstructuration, de remake. Pour les puristes de l’image qui crient à l’opprobre, arguant que cette image doit être bien léchée, pure, le montage clair pour passer le message et le cadrage, le son, l’éclairage et l’étalonnage en parfaite adéquation, Jean-Luc Godard semble leur répondre que l’image peut passer de Giacometti à Botero. Elle peut aussi être désaturée ou repeinte, chargée de couleurs, peu importe. Ce n’est plus la haute définition que tout le monde recherche actuellement qui fait sa finalité. Car plus elle est définie, moins elle exprime.

On ne peut pitcher ce film, le raconter parce qu’il n’y a ni casting ni scénario. Il suffit de feuilleter ce Livre d’image avec les cinq doigts comme nous l’indique le cinéaste au début du film et de se laisser entraîner par ce flot (innombrable) d’images qui nous agressent. Fabrice Aragno, son monteur, qui l’a accompagné sur d’autres films, et Mitra Farahani la productrice se sont dit enchantés, voire fiers d’avoir participé à cette aventure. Tout comme Georges Schoucair (Abbout Productions), présent dans la salle, qui a pu aussi prendre le train en marche avec sa boîte Shortcuts.

Livre d’image est un travail d’archéologie réalisé par Nicole Brenez qui fouillait dans les anciens films que réclamait le cinéaste. Du Mécano de la « General » de Buster Keaton à Sueurs froides d’Alfred Hitchcock en passant par Johnny Guitare de Nicholas Ray, Godard met ses films en parallèle avec ces anciens qui l’ont inspiré.

Et enfin, comme il l’a décomposé en cinq chapitres, le dernier sera consacré à la guerre qu’il n’aura de cesse de vilipender. Impuissant devant ce monde sursaturé d’images, qui plonge dans la violence absolue, il oppose un mixage de toute intelligence et subtilité comme pour exprimer sa position : être toujours avec les perdants.

Le travail de Jean-Luc Godard n’a pas vieilli. Le cinéaste est toujours ce petit garçon chahuteur, gribouilleur qui travaille l’image comme un artisan.

C. K.

On l’aime, on ne l’aime pas, là n’est pas la question – car je crois que lui, il s’en fout un peu. Il n’est pas là à faire du cinéma parce qu’il veut se faire aimer, mais parce que lui aime ce 7e art profondément. Il lui rend d’ailleurs hommage à l’âge de 88 ans, en signant ce Livre d’image. Au cours du débat qui a eu lieu au Metropolis, Antoine Khalifé a voulu, en...

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