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Lifestyle - La mode

Christian Dior dans la féerie du cirque

On avait beaucoup tapé sur la directrice artistique de Christian Dior ces derniers temps. Son sens particulier de la simplicité – que sous-tend naturellement une grande complexité – avait valu à Maria Grazzia Chiuri les lazzis d’une clientèle avide de visibilité. Mais son dernier défilé haute couture a laissé tout ce beau monde sans voix.

Christian Dior, haute couture, printemps-été 2019. Photo DR

Musée Rodin. En cette fin janvier, la météo parisienne en demi-teinte n’avait pas osé gâcher la fête. Sur la grande pelouse, Dior avait fait ériger un chapiteau de cirque et l’événement entouré de mystère s’annonçait irréel. De fait, après l’univers de l’escrime à ses débuts chez Dior, après celui de la danse lors des collections printemps-été 2018, voici les magiciens, les musiciens, les Pierrots lunaires, les Augustes, les écuyères, les acrobates et les poètes, muses d’un autre temps auxquelles Maria Grazia Chiuri a emprunté bien plus qu’une allure : toute une féerie ingénue et un imaginaire éthéré. Inspiré de Dovima et les éléphants, célébrissime photographie de 1955 réalisée par Richard Avedon pour Harper’s Bazar, le défilé rappelait aussi bien Les Nuits de Cabiria de Fellini que les Ballets russes, les toiles de Picasso ou la Parade de Jean Cocteau. Pour rappel, c’est sous la verrière du Cirque d’hiver, diffusant une lumière zénithale naturelle, qu’Avedon avait choisi de photographier le mannequin Dovima portant entre autres une robe de soirée fourreau de velours noir, décolleté profond et manches longues étroites, agrémentée d’un grand drapé de satin blanc, réalisée par le tout jeune Yves Saint Laurent pour Christian Dior. Entourée de véritables éléphants de cirque, la mannequin, par un mouvement gracieux des bras, offrait avec le mouvement des trompes des pachydermes un jeu graphique puissant, au même titre que le contraste entre les textures des robes et celles de la peau épaisse des éléphants. Le thème du cirque ne réapparaît que plus tard chez Dior, sous la direction artistique de John Galliano. Le défilé n’est-il pas une véritable parade, à l’image de celle qui inaugure le spectacle de cirque ? « Les grands artistes du XXe siècle, rappelle la maison, Pablo Picasso, Erik Satie, Serge de Diaghilev et Léonide Massine, tous réunis autour de Jean Cocteau – habitué du Cirque Medrano, qui comptait aussi Federico Fellini parmi ses adeptes – ont imaginé le ballet Parade, en Italie, entre Rome, ville natale de Maria Grazia Chiuri, et Naples, avant de le présenter sur les scènes parisiennes en 1917. »


Tutus, pastilles, losanges et bonheur
Selon les témoins privilégiés qui ont pu faire une incursion dans les ateliers Christian Dior la veille du défilé, le bruit du silence et de la concentration ressemblait à celui de petits insectes xylophages à l’œuvre dans la nuit des bibliothèques et des meubles d’époque : un obsédant tac-tac-tac qui faisait écho au travail d’effilochage des ourlets qui se transformaient comme par magie en plumes ou en immatérielles barbes à papa. Tutus courts de ballerine, léotards d’acrobates, robes longues animées de cristaux aussi ineffables qu’une rosée, en arabesques de flammes ou jeu de losanges arlequin ou de pastilles de soie brodée, petits ensembles de dompteuses à brandebourgs dorés, fraises et petits bonnets pailletés, véritable fil conducteur de la collection, arboré par tous les mannequins en couleurs assorties à leurs tenues, babies et salomé inspirées des ballerines, tout dans cette collection est bonheur et féerie. Le fabuleux chaos créatif de l’univers du cirque est donc le point de départ de cette collection haute couture printemps-été 2019 imaginée par Maria Grazia Chiuri pour Christian Dior. La séquence visuelle des pièces qui la composent laisse exploser le souvenir et l’imaginaire qui habitent le cirque et son rapport aux costumes, à la mode et à l’art, sans oublier d’évoquer les travaux de Cindy Sherman, artiste conceptuelle et photographe contemporaine, autour des Clowns (2003-2004) à travers lesquels elle propose une lecture critique du masque social. Une chose est sûre, cette fois, la nouvelle collection Dior haute couture a été acclamée à l’unanimité : Maria Grazia Chiuri a promis du bonheur et elle en a donné à volonté.


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